Solidarité avec les migrants expulsés de République

Place de la République. Depuis la dernière évacuation, le 23 décembre, les migrants se sont réinstallés sur la place malgré les harcèlements des flics, les évacuations sans « mise à l’abri » (le 23 décembre), les affaires mises à la benne par les services de la mairie, ou les arrestations (la « rafle du réveillon » du 30 décembre). Tôt ce vendredi matin (8 janvier), les migrants ont à nouveau été évacués de la place.

Le problème ne s’arrête pas là. Le 5 janvier, des migrants d’un centre d’hébergement Aurore dans le 13e se sont mis en grève de la faim pour réclamer des conditions de vie dignes : le lendemain, alors le directeur du centre a appelé les flics, les a mis à la rue, et certains ont terminé en garde-à-vue. Pour cette trentaine de personne, ce sera la mise à la rue. Ailleurs dans le 20e, des migrantes et des migrants sont également en grève de la faim contre les comportements racistes du personnel. Migrant-e-s et collectifs appellent à un rassemblement place de la République ce vendredi 8 janvier à 18h.

Communiqué des migrants de la place de la République

Nous sommes des réfugiés, toujours à la rue Place de la République. Nous avons besoin de sacs de couchages, de bâches et de tentes car il y a du vent beaucoup de pluie. Nous avons besoin d’habits chauds et de chaussures. Depuis deux semaines nous sommes à République mais le gouvernement nous ignore et ne fait rien pour garantir nos droits. Nous resterons là jusqu’à ce que notre message soit entendu et que le gouvernement s’acquitte de son devoir de nous fournir des hébergements, une éducation et des papiers .

Dimanche il y a un concert prévu place de la République. Nous avons peur que la police nous repousse sans proposer de solution. Nous appelons le peuple français à venir nous soutenir car le gouvernement ne respecte pas les droits des réfugiés.

Nous appelons à un rassemblement le vendredi 8 janvier à République à 18 heures.

Paris, le 7 janvier 2016
traduit de l’anglais

Solidarité avec les migrantEs

Rassemblement vendredi 8 janvier

Dimanche, place de la République se tiendra un hommage aux victimes des attaques contre Charlie Hebdo et l’Hypercasher.
Aujourd’hui des migrantEs campent sur cette même place pour demander un hébergement.
Nous ne pouvons tolérer l’idée que l’hommage prévu devienne une raison d’expulser ces migrantEs sans solution d’hébergement.
Nous demandons donc que des hébergements soient accordés aux migrantEs de la place de la République.
Pour assurer qu’une solution soit trouvée et en solidarité avec les migrants, nous appelons à un rassemblement d’urgence ce vendredi 8 janvier, place de la République à 18H00.

Premiers signataires : Collectif Paris 20è solidaire avec les migrants, CSP75 (Coordination sans-papiers 75), CISPM (Coalition Internationale des Sans-Papiers et Migrants), Droits Devants, Ecologie sociale, EELV Paris, NPA, UJFP

Communiqué des migrants expulsés du centre d’hébergement rue du Loiret géré par l’association Aurore

Nous sommes des réfugiés hébergés dans le centre de la rue du Loiret (13e) depuis plusieurs mois. Nous voulons comprendre pourquoi nous avons été arrêtés hier.

Nous avons rencontré beaucoup de problème dans ce centre :
1. comportement raciste de la part du directeur
2. démarches administratives qui n’avancent pas
3. maladies dues aux conditions de vie et personnel qui ignore les problèmes
4. nourriture périmée. Eau disponible seulement au lavabo des toilettes et qui rend malade
5. personnel qui entre dans les chambres sans prévenir et qui fouille les affaires
6. plateaux repas retirés alors que nous sommes encore en train de manger
7. fermeture du réfectoire au bout d’une heure alors que le règlement prévoit une heure trente

Nous avons parlé plusieurs fois avec le directeur de ces problèmes mais il ne nous écoute pas et nous répond « si vous n’êtes pas contents vous partez d’ici ». Il nous a également dit « de quoi vous vous plaignez, vous étiez à la rue et nous vous avons hébergés ». Aucune autre réponse ne nous a été apportée.
Mardi, nous sommes allés à la mairie du 13e pour évoquer nos problèmes. On nous a renvoyés vers un autre lieu et là, la responsable nous a dit de voir avec les gestionnaires du centre. Lorsque nous sommes revenus, nous avons trouvé le directeur à l’entrée du centre, il n’a fait aucun cas de nos demandes et nous a dit avec mépris : « si la situation ne vous plaît pas, vous n’avez qu’à partir ».
Nous avons donc décidé de rester à l’entrée du centre et de ne plus manger ni boire. La police est arrivée et nous a demandé pourquoi nous faisions une grève de la faim. Nous leur avons expliqué la situation mais ils nous ont répondu qu’ils n’avaient pas de solution et que cela ne relevait pas de leurs prérogatives. Nous avons donc continué la grève de la faim et de la soif.

Le lendemain, mercredi, le directeur nous a accusés de bloquer les portes du centre alors que les entrées et les sorties se faisaient librement. La distribution des repas pour les autres résidents s’est tenue normalement, en sont témoins les employés qui servaient les repas.
Nous avons de nouveau demandé au directeur de trouver des solutions à nos problèmes.
En fin d’après-midi, la police est arrivée dans le centre et nous a encerclés. Ils nous ont fouillés, ont pris nos clés et nous ont emmenés au commissariat. Là-bas ils nous ont fouillés de nouveau, demandé nos identités et pris nos empreintes. Puis ils nous ont dit de partir. Quand nous sommes arrivés devant le centre le soir, nos affaires avaient été mises à la rue. La police était devant les grilles et nous a interdit l’accès en nous demandant de partir.

Nous voulons savoir :

1. Pourquoi nous ont-ils expulsés du centre ?
2. Pourquoi nous ont-ils fouillés ?
3. Pourquoi la police n’a-t-elle pas écouté notre version des faits et n’a écouté que celle du directeur ?

Nous demandons à ce que nos droits soient respectés. Nous voulons la justice et l’égalité.

Le 07/01/16
traduit de l’arabe

Le centre du Loiret avait déjà montré son sens de la discussion, en refusant que les hébergés aient accès au journal Merhaba (journal écrit par des migrants et solidaires).

Au centre de la rue Pelleport (Paris 20e), géré par l’Armée du Salut, une quarantaine de migrantes et migrants sont en grève de la faim depuis le 4 janvier, contre le racisme permanent au sein du centre.

A Villeneuve-la-Garenne, géré par la Croix Rouge, c’est également contre le racisme et les conditions indignes d’hébergement que les migrants se sont exprimés il y a quelques jours.

Localisation : Paris 10e

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