Le journal Merhaba interdit en centres d’hébergement ?

Petit témoignage de l’accueil au centre d’hébergement du Loiret (13e arrondissement).

Une amie et moi sommes allées dans ce centre voir des personnes hébergées que nous connaissons des campements de juin dernier. En même temps nous avions apporté quelques exemplaires de Merhaba, petit journal fait par des migrants et des personnes solidaires.

Un ami migrant nous a proposé d’entrer et a demandé au gardien l’autorisation. Celui-ci a dit qu’il fallait qu’il en réfère au responsable du centre, ce qu’il a fait par téléphone. Notre entrée a été refusée, nous sommes donc restées assises devant le centre sur un des bancs qu’il y a là. Alors qu’on discutait avec plusieurs personnes, des gens qui semblaient travailler là sont arrivés et assez vite le gardien est venu nous dire que nous ne pouvions pas rester là non plus, assises sur le banc devant le centre. Son chef avait appelé pour le lui dire, chose que nous voulons bien croire car il avait l’air un peu gêné et comme nous prenions 2 - 3 minutes pour dire au revoir, il nous a dit que vraiment ce serait mieux de nous dépêcher car sinon il allait avoir des ennuis.
Un migrant a pris une dizaine de journaux et est rerentré dans le centre et nous nous sommes donc éloignées sur le trottoir. Moins de 5 minutes après il est ressorti car on lui a signifié qu’il pouvait en avoir un exemplaire mais pas plusieurs.

Ce qui pourrait sembler une anecdote insignifiante en dit long sur les droits qui sont accordés aux migrants et donc sur la façon dont ils sont considérés. Pas le droit de recevoir des gens donc, mais également pas le droit de faire entrer des journaux (Bon bien sur Télé 7 jours ça on pourrait sans doute en amener des tonnes), et au-delà de ça, des témoignages abondent en ce sens et dans de nombreux centres, pas le droit de s’exprimer car s’exprimer c’est s’exposer à des brimades et un renvoi. Oui je sais, on dit qu’un mot peut avoir l’effet d’une bombe mais bon, on n’en est pas là... On en serait même plutôt, niveau revendications, à demander un peu de pain en plus, et franchement comme bombe on fait mieux, mais même cela peut être mal pris par le personnel.

Quand je pense que parmi les migrants, il y en a qui fuient des pays où il n’y a pas de liberté d’expression dans lesquels la France est montrée en exemple par quelques doux et douces rêveurs-euses, je ne peux m’empêcher de rire doucement.

Ce petit épisode il n’y a pas qu’au centre du Loiret qu’il arrive. À Tournan, pareil, des personnes extérieures et hop on est prêt à appeler la gendarmerie. À Triel sur Seine aussi, c’est la même chose, seules 3 personnes extérieures au centre (qui appartiennent au secours catholique) sont autorisées à y pénétrer, les autres même si elles ont rendez-vous avec quelqu’un à l’intérieur ne peuvent entrer et le rendez-vous doit se dérouler à l’extérieur. Bon et tout cela bien avant leur état d’urgence, il faut le préciser.

En tout cas, on se demande vraiment de quoi ils ont peur là haut...Mais bon, question bête... la seule vraie question étant pendant combien de temps on permettra de se conduire comme ça ?

[reçu par mail]

Note

Localisation : Paris 13e

À lire également...