Guerre de Classe 03/2016 : IRAK 1991 – Guerre de classe et encadrement bourgeois

C’était il y a un quart de siècle, le 7 mars 1991 : le soulèvement prolétarien en Irak contre la guerre a montré au prolétariat du monde entier la seule voie à suivre pour éliminer à jamais les guerres.

Comme toujours, de l’autre côté de la barricade sociale, toutes les forces mondiales du Capital ont agi comme un seul corps pour liquider l’autonomie de notre classe.

Aujourd’hui, vingt-cinq ans plus tard, la guerre continue de faire rage dans la région (Irak, Syrie, Kurdistan, etc.), et plus que jamais toutes les forces bourgeoises et étatiques peu ou prou coalisées (Turquie, Iran, monarchies du Golfe, USA, Russie, Union Européenne, État Islamique, organisations nationalistes…) se mobilisent pour écraser notre classe, soit directement et très prosaïquement sous un déluge de bombes, soit plus indirectement en réduisant sa lutte contre la misère et l’exploitation en une énième réforme des rapports sociaux capitalistes.

Nous profitons de cet anniversaire pour republier deux textes qui font le bilan des luttes extraordinaires qui embrasèrent l’Irak et qui mirent fin à ladite « Guerre du Golfe ». Le texte « Dix jours qui ébranlèrent l’Irak » a été publié en 1991 et constitua une des premières sources d’information en anglais sur les soulèvements en Irak du sud et au Kurdistan. Il fut plus tard publié dans le magazine du défunt groupe Wildcat. Le second texte « Notes additionnelles à propos de l’insurrection de mars 1991 en Irak », publié par le Groupe Communiste Internationaliste (GCI), tente de tirer quelques enseignements de ces luttes. Nous recommandons au passage la lecture des innombrables textes publiés par le GCI tant avant, pendant et après la « Guerre du Golfe », textes qui recèlent et révèlent toute la richesse des luttes de classe dans la région.

Nous insistons spécialement sur les leçons de l’insurrection à Soulaymania dont l’enjeu a été, comme toujours, comment développer la révolution dans tous les aspects de la vie sociale une fois cette insurrection accomplie, comment éviter la confiscation de la révolution sociale par sa transformation en une simple « révolution » politique, un simple changement de gouvernement. Ce qui s’est passé en Irak ne montre pas seulement l’actualité de la contradiction capitalisme vs. communisme, mais son futur. Partout se développe l’inhumanité capitaliste, partout se joue la guerre comme alternative à la crise capitaliste actuelle, et partout inévitablement devra se dessiner et se développer la réponse communiste à la dictature permanente des rapports sociaux capitalistes.

Soulignons que ces luttes en Irak en 1991, tant au nord qu’au sud, ont été immédiatement taxées par tous les moyens de propagande de l’État capitaliste, y compris son important secteur social-démocrate, de luttes nationalistes (« kurdes ») et religieuses (« chiites »). Il n’y a rien de nouveau dans ce processus de négation… En effet, beaucoup des luttes des exploités ont été historiquement, sont encore aujourd’hui et continueront d’être aisément cataloguées comme des « luttes de libération nationale » ou des luttes « pour des réformes » sur la base non pas du terreau profond qui les animent (la lutte contre la misère et l’exploitation, contre la répression), mais bien sur la base de la capacité de certaines fractions bourgeoises à les instrumentaliser, à encadrer les faiblesses et le manque de perspective de ces luttes, ainsi que leur isolement, afin de les ramener dans le cadre d’un aménagement du mode de production et d’exploitation par le biais, ici en l’occurrence, de « la libération du peuple et de la nation ».

En Irak hier comme dans les luttes actuelles en Syrie ou au Rojava, une fois de plus, nous voulons mettre l’accent sur la dénonciation des idolâtres qui confondent révolution sociale, destruction de la propriété privée et de l’économie, lutte anticapitaliste et antiétatique (même à un niveau minoritaire et embryonnaire) d’un côté, et de l’autre tout le ramassis de sociaux-démocrates, réformateurs du vieux monde qui repeignent en rouge (et noir) la vile et infecte exploitation de notre classe et qui prétendent ainsi faire œuvre de révolution alors qu’ils ne font que vider notre lutte de sa substance subversive pour mieux en prendre la tête.

Pour notre part, nous continuons à dénoncer le soutien inconditionnel apporté par le gauchisme international (dont d’importants secteurs de « l’anarchisme » ainsi que toutes les chapelles marxistes-léninistes qui se situent sur la même ligne) à des groupes, des organisations, des structures réformistes qu’ils présentent effrontément et faussement comme étant révolutionnaires, antiétatiques, anticapitalistes. Nous ne pouvons qu’afficher notre profond mépris à tous ces charlatans de la lutte de classe et leurs innombrables impostures. Mais nous adressons également toute notre solidarité militante aux prolétaires en lutte à contre-courant, que ce soit au Rojava en particulier, au Kurdistan et au Moyen-Orient en général, et partout ailleurs dans ce monde infâme de l’exploitation. Nous voulons aussi développer la critique communiste avec eux. Car nous savons que derrière les analyses sociologiques et les étiquettes politiques que nos ennemis collent sur nos luttes, c’est encore et toujours la lutte de classe, la guerre de classe qui se matérialise.

# Guerre de Classe – Mars 2016 #

À lire également...