Le 7 mai dernier, Emmanuel Macron était élu président de la République avec 20 millions de voix. Ce jour là, les votes blancs, votes nuls et abstentions ont atteint un nombre record de plus de 16 millions de personnes. Quelques jours après la victoire de Macron, un sondage donne le ton de quinquennat à venir : une immense majorité des personnes ayant voté Macron au second tour l’ont fait uniquement pour faire barrage à Le Pen, certains ont même voté pour lui dès le premier tour, non pas par adhésion à son programme, mais car ils le pensaient être le candidat le plus à même de battre Le Pen. Quant aux autres, ceux qui n’ont pas voté uniquement pour faire barrage à Le Pen, ils sont nombreux à admettre que la raison principale pour laquelle ils ont voté Macron était son jeune âge ou encore le fait qu’il soit « nouveau » dans la vie politique. Encore une fois, rien sur son programme.
Les personnes ayant voté Macron car ils adhéraient à ses propositions ne sont donc qu’une infime minorité.
Néanmoins, Macron, non content d’avoir été élu pour sa personne et non pour son programme, pour faire barrage et non pour ses idées, a déterminé qu’il avait toute légitimité pour mener à bien son projet et ainsi entreprendre des réformes dont, pourtant, la majorité de la population ne veut pas.
Et pour mener ce projet, Macron avait besoin d’un gouvernement, c’est ainsi qu’il a nommé Edouard Philippe, député-maire LR du Havre au poste de premier ministre, pour le « ni de droite, ni de gauche » c’est raté. Les ministères relatifs à l’économie ont été confiés à des personnalités de droite que sont Bruno Le Maire (ministre de l’économie) et Gérald Darmanin (ministre de l’action et des comptes publics). Quant aux personnalités de la « société civile » nous avons vu des patrons, des patrons, et encore des patrons. La société civile française semble donc être constituée en majorité de patrons selon M. Macron.
Puis sont venues les premières attaques sociales, durant l’été pour éviter les mobilisations. On a ainsi appris que les APL allaient baisser de 5€ par mois mais que, dans le même temps, les personnes assujetties à la première tranche de l’impôt sur la fortune allaient en être exemptées, donner moins aux gens dans le besoin pour faire économiser des sous aux riches. Voilà la logique de Macron.
Si la baisse des APL a été la mesure antisociale la plus remarquée et commentée de l’été, elle n’est pas la seule, loin de là. Ainsi, des dizaines de milliers de personnes en contrat-aidé se sont vues avertir qu’elles n’auraient plus de travail à la rentrée car elles « coûtent trop cher » selon M. Macron. Les parents des enfants inscrits à des activités animées par des personnes en contrat aidé apprécieront de savoir que les activités de leurs enfants coûtent trop cher. De même, les écoliers inscrits dans les écoles forcées de repousser la rentrée et dont la cantine scolaire et l’aide aux devoirs ne seront peut être plus assurés seront ravis d’apprendre que tout cela coûte trop cher. Quant aux personnes qui étaient en emploi aidé jusque là et qui se retrouvent au chômage dès la rentrée, elles comprendront certainement que l’objectif premier de Macron est la baisse du chômage. Quoi de mieux pour faire baisser le chômage que de supprimer des postes, créant ainsi de nouveaux chômeurs ?
En parallèle, Gérald Darmanin a également annoncé que le jour de carence serait rétabli dans la fonction publique. Le but est simple : faire en sorte que les fonctionnaires ne se mettent plus en arrêt maladie et viennent ainsi travailler même s’ils sont malades, soit-disant pour faire des économies. Brillante idée si le but est que les fonctionnaires qui viennent travailler malades contaminent leurs collègues.
Entre deux mesures antisociales, on a aussi eu droit à des provocations de la part de Macron & Co. On a par exemple eu une blague sur les Kwassa Kwassa, ces navires de pêcheurs comoriens qui tentent tant bien que mal, au péril de leur vie, de rejoindre Mayotte et qui, selon M. Macron, « ne pêchent peu mais ramènent du comorien ». Les comoriens apprécieront l’utilisation du terme « du » et non du terme « des » les assimilant à de la marchandise et niant leur caractère humain. Macron a également trouvé judicieux d’opposer « les gens qui réussissent et ceux qui ne sont rien ». Son ministre de l’intérieur, Gérard Colomb n’est également pas en reste lorsqu’il s’agit de tenir des propos odieux, ce dernier a ainsi affirmé qu’il fallait faire le tri entre « bons et mauvais migrants » en opposant ceux venant d’un pays en guerre et les autres. M. Colomb a poursuivi en affirmant que les « bons migrants » peuvent rester en France alors que les « mauvais » doivent partir.
Sans doute M. Colomb a oublié que nombre de ceux qu’il appelle les « mauvais migrants » viennent de pays qui ne sont pas en guerre mais dans lesquels ils sont en danger de mort comme l’Érythrée ou l’Afghanistan par exemple.
Les universités semblent également être l’une des cibles du gouvernement avec la promesse de baisser de 331 millions d’euros le budget de l’éducation supérieure et de la recherche, baisse qui sera compensée soit par une sélection à l’entrée par tirage au sort soit par une augmentation des droits d’inscription, c’est à dire une sélection par l’argent.
Adieu l’université gratuite et accessible à tous.
Pour autant, l’argent ne semble pas être un problème pour l’Élysée qui a dépensé pas moins de 26 000€ de fonds publics en frais de maquillage depuis l’arrivée au pouvoir de Macron, l’équivalent de 5200 mois de baisse d’APL.
Puis vient le gros chantier de l’été : la réforme du code du travail par ordonnances.
Pourquoi passer par la procédure législative normale quand on peut esquiver le débat en passant tout par ordonnance ? Pourquoi permettre aux députés de l’opposition d’exprimer leur point de vue sur la réforme quand on peut s’en passer ?
Nous savons donc aujourd’hui que le gouvernement se prépare à publier une série d’ordonnances à la rentrée et que celles-ci ne seront certainement pas favorables aux salariés. Quelques points ont déjà été annoncés, ainsi, nous savons que les indemnités prud’homales seront plafonnées. Concrètement, lorsqu’un employeur procède à un licenciement illégal, le conseil des prud’hommes peut le condamner à verser des indemnités au salarié licencié. Actuellement, ces indemnités ne sont pas plafonnées et leur montant est déterminé en fonction d’un ensemble de critères parmi lesquels l’ancienneté du salarié, sa situation etc. Avec le projet d’ordonnances du gouvernement, c’en sera terminé, il y aura un plafond qui devrait être d’un mois de salaire par année d’ancienneté avec un maximum de 20 mois de salaire. Les patrons qui veulent virer illégalement des salariés pourront désormais le faire en calculant à l’avance ce que ça va leur coûter. Les salariés, eux, pourront se retrouver avec à peine quelques milliers d’euros d’indemnités pour un licenciement abusif et ce malgré des années d’ancienneté dans l’entreprise.
Mais ce n’est pas tout, le gouvernement prévoit également d’entériner l’inversion de la hiérarchie des normes entamée par la loi travail de Myriam El Khomri. Cette fois, cette inversion ira plus loin, c’est le temps de travail (adieu les 35h et avec elles la majoration des heures supplémentaires), la rémunération et l’organisation du travail de manière générale qui pourront être négociés au sein de l’entreprise, avec comme effet direct une moins bonne protection des salariés contre les abus de certains employeurs. En effet, sans doute Macron a-t-il oublié que les négociations au sein d’une entreprise ne se font pas d’égal à égal entre un salarié qui risque le licenciement s’il ose contester les directives prises par son employeur et un employeur qui peut procéder à un licenciement si le salarié ose contester les directives qu’il prend. Ingénieux M. Macron de faciliter les accords d’entreprise qui s’accompagnent souvent d’un chantage au licenciement et en même temps de faciliter les licenciements. Désormais, ce sera « en marche ou crève » au sein de nombre d’entreprises.
On a également appris que le « CDI de chantier » devrait être généralisé. Ce type de contrat permet à un employeur d’embaucher un salarié en CDI mais avec stipulation dans le contrat que celui-ci peut être rompu à l’issue d’une mission précise pour laquelle le salarié a été embauché. Evidemment, si à l’issu de la mission, le salarié est licencié, il n’aura droit à aucune indemnité de licenciement, vu que le licenciement ne sera pas abusif. Ce type de contrat est pratique pour les employeurs souhaitant contourner la législation sur le taux de CDD maximum légal au sein d’une entreprise.
Un pas de plus vers la précarisation et donc le chantage à l’emploi. Les salariés ayant besoin d’un vrai CDI pour trouver un logement ou obtenir un prêt à la banque apprécieront de savoir qu’ils auront désormais des CDI de chantier avec toute la précarité que cela implique.
Sans doute cette liste des attaques sociales de Macron n’est pas exhaustive mais elle est largement suffisante pour affirmer la nécessité de se mobiliser massivement dès la rentrée pour nous opposer de manière radicale à la casse sociale imposée par Macron et son gouvernement antisocial.
Contre Macron et son Monde, contre la casse de nos droits, rendez-vous dans la rue les 12 et 20 Septembre !