Affrontements devant l’hôpital Necker, une obligation indispensable de témoigner

Témoignage d’une manifestante sur les affrontements au croisement boulevard du Montparnasse et rue de Sèvres et l’attitude d’une police violente et sans limite.

Des armées choisissent de bombarder les bâtiments identifiés comme hôpitaux pour atteindre leur cible. La police a choisi pour lieu d’affrontement le croisement boulevard du Montparnasse et rue de Sèvres, exposant sciemment aux heurts la façade vitrée de l’hôpital Necker, acceptant après réflexion le risque encouru par patient.e.s et travailleur-eusses hospitaliers. Moi, j’y étais manifestante, à plusieurs reprises j’ai cru mourir d’étouffement.

Le canon à eau et son escorte de bleusaille caparaçonnée, avantageusement placée au carrefour, nous y attendaient en renfort de ceux qui nous harcelaient déjà de tout les côtés. Leur plan : scinder le cortège de tête pour pouvoir y semer le chaos. Duroc a été élu point stratégique d’usage massif et disproportionné de gazage, grenades, tonfas, coups de boucliers, appuyés par le canon à eau. Durant des dizaines de minutes : une séance de torture, beaucoup de blessé.e.s, le personnel de l’hôpital a accueilli celleux qui fuyaient l’affrontement, des camarades ont pissé le sang d’interminables minutes avant qu’on ait pu les secourir, d’autres vomissaient, suffoquaient, s’évanouissaient. Ça a bien résisté devant !

Déter et solidaires, la chaussée en est restée entièrement recouverte de projectiles sur une bonne longueur, avec nos traces de sangs ça et là (en plus de celles sur les habits). J’y ai vu un jeune médic se faire tabasser par la BAC alors qu’il s’accroupissait pour porter secours, une fille la côte apparemment cassée qui étouffait sous les regards amusés des sadiques de la flicaille... Évidemment, après libération, la suite (très longue) n’a pas été moins violente, les blessures encore plus graves, et les provocations incessantes... Mais à Duroc, du fait du confinement et de la nature de la répression clairement punitive et explicitement sadique, à Duroc j’ai cru mourir - et pas que moi. Comme prévu le suivisme médiatique s’enthousiasme, légitime leur résolution préméditée et assumée de punir et de terroriser - préférentiellement les plus jeunes.

Aucune attrition, aucune contrition pour les vitres. Je sais précisément que lutter contre l’ordre dominant c’est s’exposer volontairement au péril et à la constante peur. Je sais précisément que l’ordre dominant est celui-là même qui expose les hôpitaux aux violences.

Note

Au sujet de l’instrumentalisation des vitres de l’hôpital Necker par les Valls et autres Cazeneuve, un article de Lundi matin propose au travers du témoignage d’un parent d’enfant hospitalisé, un éclairage intéressant.

Localisation : Paris 15e

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