Vendredi 10 novembre. Réunion ouverte contre le travail

Vendredi 10 novembre.
Réunion ouverte contre le travail. Posons-nous le bonnes questions. Ne laissons pas traîner les fausses évidences.

Nous avons déjà établi que nous avons l’obligation stratégique, pour détruire l’ordre social existant, d’assumer un refus radical du travail en tant que tel. Nous avons déjà exprimé l’intuition que la force et la portée de ces moments de haute intensité politique qui ont marqué au fer rouge le XXIe siècle, et qui ont menacé la paix de l’ennemi, tenait notamment en cela que le travail était nié d’une manière ou d’une autre : que ce soit par de la casse et la destruction d’infrastructure de mise au travail, du pillage de la marchandise, du blocage de flux logistiques, de la réappropriation de l’espace dans une perspective de vie commune, ou simplement des formes de rencontres et de discussions, comme sur les ronds-points, dans lesquels les un•es et les autres ne se définissaient plus par le travail, mais par la camaraderie.

Cependant, à travers tous ces moments, le travail lui-même, et son refus, ont été rarement problématisés tels quels. En effet, le refus du travail est une ligne politique aussi difficile à porter qu’à construire, tellement l’idéologie du travail et de la production s’est imposée partout, dans tous les recoins de la vie quotidienne. Mais cet obstacle peut rendre le processus de politisation de la question du travail d’autant plus riche qu’elle met à l’épreuve les limites de l’imagination politique contemporaine. S’il faut se retrouver pour parler du travail, c’est aussi pour éviter de se noyer dans des slogans désincarnés, c’est-à-dire dans des manières de parler, ou dans des abstractions. Ainsi, les questions que nous posons collectivement dors et déjà, pour la réunion ouverte contre le travail du vendredi 10 novembre, sont les suivantes, et nous les divisons en quatres axes :

D’abord, comment les individus, sur les lieux de travail comme en dehors, résistent à la mise au travail ? Quelles sont les stratégies de l’ennemi, de ce qui nous met au travail, pour contrer ces résistances individuelles ? Il faut s’intéresser à la façon dont les techniques pour résister au travail (travailler le moins possible, ou ne pas travailler du tout) évoluent au fur et à mesure que le travail change et que l’ennemi élabore des manières de canaliser, de réprimer, et de neutraliser les indisciplines dans la population.
Mais il faut également s’interroger sur le statut et l’importance que l’on doit, ou non, accorder à ces résistances individuelles dans une politique révolutionnaire : doit-on s’en inspirer, ou les valoriser, pour élaborer une politique antitravailliste ? Doit-on politiser ces pratiques, et si oui, comment ? Doit-on, au contraire, affirmer plus directement un refus du travail plus collectif et radical ? Ou alors, faut-il essayer de tenir ensemble l’aspect de résistance individuelle et l’aspect de lutte collective et organisée ?

Un autre axe important de réflexion porte sur le rapport entre travail et exploitation. Est-ce que le refus du travail se laisse réduire à la lutte contre l’exploitation ? Le refus du travail est-il un moyen de lutter contre l’exploitation, ou à l’inverse, est-ce une forme de dépassement des limitations du cadre de la lutte contre l’exploitation ?
On remarque que les discours contre l’exploitation s’intègrent le plus souvent dans une idéologie travailliste : la version revendicative de gauche de cette idéologie assène que, en raison du fait que ce qui est exploité économiquement c’est précisément la force de travail, alors, la lutte contre l’exploitation ne peut pas être le refus du travail en soi, mais doit être une affirmation d’un travail sans exploitation (travail non-aliéné, travail émancipé, travail auto-géré, « la démocratie au travail », etc), et cette idée peut être qualifiée de « travailliste » puisqu’elle s’accompagne de l’idée que la légitimité que l’on peut avoir à lutter politiquement provient d’un statut de producteur utile à la société que certain•es auraient, et d’autres non. Comment peut-on contrer cette idéologie qui prétend parfois être révolutionnaire ? Une manière de répondre à cette question pourrait emprunter la piste d’une possible redéfinition de la révolution elle-même en termes antitravaillistes. Peut-on, à cette fin, se satisfaire d’une redéfinition de notre ennemi politique, compris comme l’ensemble de ce qui essaye concrètement de mettre au travail la population ?
Outre la question de la définition de l’ennemi, si l’on veut affirmer une prise de position contre le travail, qu’est-ce que l’on refuse dans le travail qui ne se réduise pas à l’exploitation ? Doit-on distinguer par exemple, d’un côté l’exploitation, et de l’autre la mise au travail ?

Troisièmement, dans la mesure où la gauche travailliste emprunte à la bourgeoisie ses valeurs morales (peut-être parce qu’elle ne fait qu’un avec elle...), doit-on rendre visible un discours de négation de cette morale bourgeoise ? Doit-on faire le lien entre la négation de la valeur économique du travail, et la négation des valeurs morales associées au travail ? Ou, au contraire, doit-on donner une priorité à l’une de ces deux négations ?

Enfin, quand on aura avancé sur ces questions, il ne faudra pas oublier la question stratégique : comment construire une politique rejoignable de refus collectif du travail ? Comment faire en sorte que cette politique aille dans un sens révolutionnaire ? Quels sont les obstacles et les dérives que nous devons anticiper ? Quelles méthodes peut-on adopter sur le terrain dans des situations de lutte où le problème du travail peut être soulevé tel quel ?

Note

Rendez-vous le vendredi 10 novembre à 18h45 au métro Place des Fêtes (ligne 7bis ou 11).

Mots-clefs : RSA
Localisation : Paris 20e

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