Un peu d’air pour Cesare Battisti

L’espoir renaît un peu ces jours-ci pour Cesare Battisti : trois heures d’ordinateur ont été concédées, et la censure sur le courrier a pris fin !
Ces 3 heures vont lui permettre d’affronter l’angoisse de la page blanche accumulée tous ces derniers mois...
Des cartes postales en soutien, envoyez-lui de la documentation pour son prochain roman, et tribune à signer...

L’espoir renaît un peu ces jours-ci pour Cesare Battisti : trois heures d’ordinateur ont été concédées, et la censure sur le courrier a pris fin.
Ce n’est pas rien : la censure retenait aléatoirement les courriers de proches très attendus. Avec en sus l’obligation, même pour ses enfants, d’écrire et de lire en italien qui n’est pas leur langue maternelle, cela occasionnait des malentendus qui perduraient sur plusieurs mois, le temps que les différents allers-retours de courriers puissent en venir à bout.
Quand à son activité d’écrivain, voilà plusieurs mois maintenant qu’elle était réduite au minimum, (voir ses courts récits jusqu’ici) depuis que, son dernier ouvrage - c’est-à-dire le prochain à paraître - étant terminé, celui-ci ne lui était plus d’aucun secours pour continuer d’endurer en silence les mauvais traitements qu’il subissait. C’est à ce moment là qu’il avait décidé, alors a Oristano, en Mars 2020, de commencer à les contester activement.

Ensuite, transféré brutalement en Calabre, encore plus loin de sa famille, dans des conditions de détention pire encore, et l’isolement se perpétuant de fait compte-tenu de l’impossibilité de se mêler à une population carcérale adverse politiquement et particulièrement dangereuse, l’ordinateur lui était toujours inaccessible.

Ce nouvel espoir que constituent ces trois heures d’ordinateur est toutefois devenu un enjeu stressant. Une fenêtre aussi réduite pour une activité professionnelle, c’est également le risque qu’elle s’ouvre en pleine crise de la page blanche, et dans le cas contraire, cela reste peu pour se plonger dans l’écriture d’un roman, en particulier dans une situation ou l’écriture est son seul refuge. Les attaques et autres polémiques sur ses précédents écrits qui l’ont également impacté et la difficulté à faire circuler la documentation nécessaire au dernier projet entamé constituent des obstacles de taille, mais c’est du moins une série de doutes auxquels il va enfin pouvoir s’attaquer.

L’aider à réunir la documentation pour son roman en chantier

C’est probablement le moment de relancer l’appel de l’époque sur lundi matin à lui envoyer la documentation qui pourrait encore lui manquer :

Il a entrepris un récit ambitieux, sur les traces de deux personnages, Khaled, originaire du Rojava, et Zahra, soudanaise, qui fuient devant Daesh, de la Syrie du Nord-Est jusque dans les Pouilles, en Italie, en passant par le Liban, le Soudan, la Libye... Cesare a donc besoin de documentation, voici ses demandes :

  • Rojava : des cartes, surtout de la zone frontière avec la Turquie, trouver un village où naît Khaled, infos sur la vie culturelles, les vêtements, la nourriture, Khaled étant animateur, il faudrait un projet culturel implanté par les Kurdes ; des images des lieux et des gens (montagnes, plaines, fleuves, lacs) ; le mieux serait des témoignages de personnes qui ont fait ces routes ; je sais qu’il y a une route de migrants vers le Liban : y a-t-il des camps de réfugiés, des infos générales ? Il me faut aussi des noms et prénoms masculins et féminins kurdes.
  • Liban : Même chose : cartes, vêtements, alimentations, un ville sur la côte avec carte détaillée d’où s’embarquer pour l’Afrique (j’ai lu quelque chose là-dessus) ; les trajets, les camps, des images, des noms et prénoms libanais.
  • Soudan et Libye : même genre d’infos, cartes, etc. Il me faut une ville soudanaise où placer les deux personnages principaux, avec un hôpital pour l’accouchement de Zahra. Il me faut une carte de cette ville et quelques infos sur les bâtiments publics. Le mieux serait, comme toujours, d’avoir des récits et témoignages… Il existe une version d’Al Qaeda au Soudan, il me faut son nom et quelques détails avec. Et aussi des noms propres de personnes.
  •  
  • Pour la Libye, j’ai déjà du matériel, il me manque des infos sur la milice nazie « Aube Dorée » qui massacre les migrants.

Envoyez-nous du matériel, nous ferons suivre… Et peut-être une relation directe avec lui sera-t-elle bientôt possible… "


Lui envoyer des cartes postales et participer aussi par ce biais au soutien financier

Par ailleurs, en effet, une modalité de soutien écrit qui l’aide à tenir et permet de rappeler encore et toujours son statut d’écrivain qu’on a tenté de lui nier, est aujourd’hui disponible sous la forme de cartes postales à commander par mail, à partir d’un kit de 5 cartes minimum, à Salve_Cesare [ at ] protonmail.com
Ces cartes sont vendues à 1€ pièce et si on peut les payer davantage, tout surplus alimentera le fond de soutien et à contribuer ainsi à sa défense judiciaire. On peut choisir les cartes ->ICI<-.

Autre soutien à apporter, signer et relayer la tribune parue sur Lundi Matin permettra également de vous tenir informé.e.s de projets à venir.

Reste en effet une situation extrêmement difficile à surmonter, puisque Cesare est toujours soumis à 67 ans à l’incroyable régime AS2 quarante ans après avoir pris ses distances avec la lutte armée à laquelle il avait appartenu 3 ou 4 années de sa jeunesse tout au plus, entre 1977 et 1980-81. Ce régime censé être appliqué aux personnes éminemment dangereuses permet tous les abus contre les droits en détention les plus élémentaires, et a permis notamment de justifier très récemment le rejet de la requête pour un transfert vers une prison plus accessible aux visites de ses frères et sœur, sa seule famille en Italie, et auxquels des trajets de plus d’un millier de km pour le visiter en prison sont une épreuve de plus en plus démesurée.



Bio
À 17 ans, en rébellion contre sa famille et le vieux PC (Parti Communiste), auquel elle adhère, et dans un contexte politique très tendu avec les lois fascistes issues de la seconde guerre mondiale encore en exercice, Cesare Battisti opte pour l’illégalisme. Il reverse alors au mouvement les fonds récoltés lors de ses braquages (réappropriations prolétaires, comme on dit alors).
Il est arrêté en 1974. C’est 2 ans de prison plus tard environ qu’il décide de rejoindre la lutte armée suite à son incarcération et aux rencontres qu’elle occasionne. À sa sortie en 1977, Il rejoint donc les PAC (Prolétaires armés pour le Communisme), dont les opérations entraînent en 1978 la mort de 4 personnes désignées par différents mouvements comme des assassins, et/ou des tortionnaires.
Il décidera en 2019 de valider en package la reconstitution sur laquelle a été basé son jugement par contumace, ne pouvant compter sur un nouveau procès pour éventuellement faire le tri, et dans l’espoir resté vain que cela entraîne l’Italie à admettre ses propres responsabilités dans ce pan de l’Histoire qui a vu tomber plus de 400 personnes de tous bords.
En 1981, pourtant, quand les PAC le font évader de prison à près de 27 ans, il ne croit déjà plus en la lutte armée, et rejoint la France, puis le Mexique, rompant avec cette courte période de sa vie, qui n’aura en effet pas duré plus de 3 ou 4 ans.
Il se consacre dés lors entièrement à l’écriture tout au long d’une cavale alternée qui dure près de quarante ans, entre ses enfants à élever puis perdus, l’angoisse de la traque et celle de la page blanche, de multiples publications et projets culturels, les périodes d’emprisonnement, les asiles accordés puis repris, les fuites, et autres tentatives toujours vaines de mener tant bien que mal « une vie normale ».

Il est arrêté une dernière fois en 2019 en Bolivie, et au prix d’une manœuvre trouble (comme il l’explique ici), livré à l’Italie. Il y est incarcéré dans la prison d’Oristano, à 65 ans et près de quarante ans après les faits, sous un régime de haute sécurité, et maintenu à l’isolement jusqu’à son transfert en Calabre en septembre 2020. Un isolement inhumain qui se perpétue dans les faits, puisque pour des raisons politiques de sécurité personnelle, il ne peut en aucun cas se mêler à la population carcérale qui l’entoure.
Par ailleurs, ses frères et sa sœur, déjà âgés, ne peuvent l’y visiter qu’à grand peine, résidant à plus d’un millier de km...



Publié par 1Mot2Cesare, sur Thechangebook.org

Mots-clefs : Italie | répression | prison

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