Depuis l’expulsion « sanitaire » réalisée avec la collaboration d’Emmaüs du campement de la chapelle mardi 2 juin, les réfugié-es ont été traqué-es sans répit par la police. Pour rappel, seules 160 personnes avaient obtenu une place en CADA (Centre d’accueil des demandeurs d’asile). Pour les autres, dans le meilleur des cas, quelques nuits d’hôtels leur avaient été généreusement offertes par la Mairie de Paris. Certains n’avaient rien eu et s’était rendus en manif à la mairie du 18e. Après négociation avec la mairie, ils sont envoyés au CAJ de Nanterre (centre sdf). Le lendemain de l’expulsion, ils et elles étaient déjà des dizaines de retour à La Chapelle sans solution pour dormir le soir, ni même de lieu pour se poser et le peu d’affaires personnelles détruites par la propreté de Paris.
Mercredi 3 juin au soir, soutiens et réfugié-es trouvent asile dans la salle Saint-Bruno, située à côté de l’église Saint-Bernard. Une centaine d’exilé-es y passeront la nuit après négociation avec les gérants du lieu.
A 7h, jeudi 4 juin, les réfugié-es sont à nouveau dans la rue. La solidarité continue de s’organiser : voisin-es, militant-es, associatifs divers, sont là pour apporter nourriture, vêtements et surtout, une solution d’hébergement. Le soir même, l’idée de demander asile à l’église émerge. Malheureusement, le curé fermera immédiatement la porte de Saint-Bernard, les flics déboulent avec chiens, menaçant les réfugié-es qui décident de faire un sit-in, avant d’être refoulé-es dans le square. Après s’être réunis en assemblée, les exilé-es rédigent un premier communiqué et confectionnent une banderole (des logements pour tous). Ils passeront la nuit dans le square.
Vendredi 5 juin, en début d’après-midi, la police profitant du peu de soutiens sur place, évacue violemment le square. Nouveau sit-in des réfugié-es qui refusent de quitter le square. Les réfugié-es sont finalement encerclé-es et dirigé-es vers le métro. Les slogans fusent « freedom ». De nombreuses personnes solidaires ont accouru-es pour venir soutenir les réfugié-es. La police tente de les faire monter en force dans les rames de métro. En vain, car la solidarité est plus forte. De plus en plus de personnes se sont rassemblé-es pour manifester leur colère. Poussée par la police, la manif remonte la rue de la Chapelle. La Halle Pajol et son gymnase était à deux pas, réfugié-es et soutiens tentent d’y trouver refuge. La police bloque la moitié de la manif à l’extérieur et évacue les personnes qui ont réussi à y rentrer. Deux personnes sont blessées. Les réfugié-es passeront finalement la nuit devant le gymnase.
Samedi 6 juin, ils sont repoussés quelques mètres loin. Une trentaine de réfugié-es participent à la manif anti-fasciste. Le soir et le dimanche, on souffle enfin, mais toujours sous surveillance policière.
Lundi 8 juin, en début d’après-midi, les réfugié-es expulsés de la chapelle, ont à nouveau été délogés, violemment, du campement provisoire installé rue Pajol, devant la bibliothèque Vaclav Havel. A 13h40, ils étaient une centaine quand les CRS ont débarqué pour les chasser. Seules quelques personnes solidaires étaient sur place à ce moment-là. Une distribution de nourriture venait de commencer. Les CRS ont rapidement encerclé les réfugié-es et commencé à les embarquer dans un car qui est parti dans la foulée. Les divers réseaux d’alerte ont été activés et des militant-es, voisin-es etc ont accourus sur les lieux. La résistance a été très forte. Des chaînes humaines se sont mises en place. La résistance des réfugié-es et personnes solidaires a considérablement ralenti le travail des flics. Plusieurs réfugié-es ont réussi à s’échapper de la nasse. Vers 17h, le deuxième car est parti avec difficultés, plusieurs dizaines de personnes ayant tenté de bloquer son départ en se mettant sur la chaussée. Les CRS quittent les lieux sous les huées du quartier. Les 80 réfugiés arrêtés ont été envoyés au commissariat de l’Evangile dans le 18e, 30 d’entre eux ont atterri en centre de rétention (14 à Vincennes, 16 au Mesnil-Amelot). 17 réfugiés ont fini la soirée aux urgences de l’hôpital Lariboisière : un réfugié a le pied fracturé, un autre a un testicule explosé...
Le soir même, les réfugiés étaient à nouveau nombreux à se regrouper devant la halle Pajol. Les personnes solidaires sont là aussi. On ne lâche rien. La nourriture commence à arriver. Immédiatement, un nouveau débarquement policier a eu lieu. Les CRS empêchent les gens de récupérer les matelas et diverses affaires. Les renforts policiers affluent. Pas de relâche pour la chasse !! Les réfugiés ne pourront pas encore souffler ce soir. A nouveau, la solidarité se met en place. Plusieurs personnes du voisinage accueilleront pour la nuit des réfugiés. Et la majorité est accueillie au Bois dormoy (un jardin partagé) situé à deux pas de la Halle Pajol.
Mercredi 10 juin, le Bois Dormoy annonce que le migrants devront quitter les lieux le lendemain à 17h30.
Jeudi 11 juin, un rassemblement s’organise à partir de 17h. Des militants du Parti Communiste tentent de faire monter une cinquantaine de réfugié-es dans des bus vers une destination inconnue. Quelques personnes solidaires demandent plus d’explication sans obtenir de réponse. Elles expliquent alors aux exilé-es qu’ils/elles sont libres de redescendre du bus. Ne comprenant pas où on les emmène, ils/elles décident de sortir du car.
Vers 18h30, après 10 jours d’errance, les réfugié-es accompagnées de personnes solidaires ont tenté de trouver refuge dans l’ancienne Caserne de Château-Landon, propriété de la Ville de Paris : plus de 5000m2 inutilisés depuis 10 ans. (Seule une petite partie sert de base de distribution de repas par l’Armée Salut).
Le Parti Communiste et ses militants, qui s’affichaient en soutien depuis dimanche soir pour se racheter une virginité, ont à nouveau montré leur vrai visage de « gauche » municipale. En effet, la Mairie de Paris aidée par le Parti Communiste ont enjoint à nouveau les réfugié-es à monter dans des bus autour de 23 heures leur promettant, comme il y a une semaine, des hébergements. 110 réfugié-es ont ainsi été séparés en 4 groupes, trois ont été envoyé dans des lieux d’hébergement dans Paris et un au CAJ de Nanterre pour y passer la nuit. Une soixantaine de réfugié-es s’est retrouvé sur le carreau et a dormi devant le Grand Parquet, rue d’Aubervilliers.
Le vendredi 12 juin au matin, les flics sont passés vers 8 heures afin de les chasser une nouvelle fois. Mais la solidarité de quartier a encore fonctionné. Grâce aux voisin-es solidaires qui ont passé la nuit avec eux, les flics n’ont pas pu les évacuer.
Ils ont pu y passer une nuit de plus, mais ce lieu qui avait été présenté comme "sûr" par quelques organisations, est en fait un lieu de deal.
Contrairement à leurs grandes déclarations, la Mairie de Paris, les socialistes comme leurs alliés communistes, ne cherchent pas de solution pérenne pour les réfugié-es. Leur but est uniquement de disperser les réfugié-es, pour les rendre invisible et d’affaiblir la solidarité qui ne cesse de se renforcer.
Pendant que la Mairie de Paris traque le réfugié dans les rues de la capitale, dans une véritable chasse à courre, l’Europe fait la guerre aux migrants en Méditerranée. Des milliers de personnes décèdent chaque année en mer, aux frontières assassines de l’Europe ou dans le désert du Sahara. Les réfugié-es qui sont aujourd’hui dans les rues de Paris sont des survivants non seulement des guerres et des dictatures qu’ils/elles fuient (Érythrée, Soudan, Darfour, Somalie) mais de la guerre implacable que livre l’UE aux migrant-es. Contre ces politiques migratoires meurtrières, contre la guerre aux migrant-es, contre la traque des réfugié-es, sans-papiers, nous opposons notre solidarité. Envers et contre tout.
Bienvenue aux réfugié-es !
Des papiers pour tous et toutes !
Des logements pour tous et toutes !
Tract écrit par quelques personnes solidaires des réfugié-es de La Chapelle, en lutte pour des papiers et des logements pour tous-tes.