Non à la venue de Florian Philippot et du FN à Sciences Po !

L’extrême-droite : on ne débat pas, on la combat !

Mercredi 27 novembre à Sciences Po aura lieu un débat sur « Quelle Europe pour demain ? », au cours duquel interviendra notamment Florian Philippot, vice-président du Front National. Le syndicat Solidaires Etudiant.e.s appelle à faire barrage à l’extrême-droite et à la banalisation de ses idées en manifestant notre présence contre la présence d’un responsable du FN dans l’université.

Alors que cela ne fait même pas six mois que notre camarade et ami Clément est mort sous les coups d’un militant de l’extrême-droite radicale, et que tout le monde rappelait alors en chœur le danger que portait l’idéologie d’extrême-droite, appelant même à la dissolution de certains groupes de l’extrême-droite de rue, le vice-président du FN est invité là où Clément étudiait, et vivait une grande partie de ses journées.

Nous n’oublions pas. Nous n’oublions pas que Clément est mort sous les coups d’un membre des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires, ces mêmes JNR qui assurent le service d’ordre rapproché des têtes d’affiche du FN.

Nous n’oublions pas. Nous n’oublions pas que Philippot, stratège de la « dédiabolisation » poursuivie par le FN, n’hésite pas non plus à recruter ses hommes de main chez l’élite du Bloc Identitaire*.

Accepter de discuter avec Philippot, c’est cautionner et prendre part à cette stratégie de dédiabolisation. Et voilà que, alors que le racisme se fait décomplexé, que tous les jours, nous assistons à des « dérapages » intolérables, que les agressions contre les femmes voilées continuent, Sciences Po offre une tribune de plus au FN. Il est invité mercredi 27 novembre à une conférence organisée par Europeans Now sur le thème de l’Europe.

Ce qu’est le Front National

Florian Philippot est le vice-président d’un parti de racistes, d’homophobes et de nostalgiques des années 30, qui abrite les anciens d’Ordre Nouveau, les anciens collabos, les nostalgiques de l’Algérie Française et les membres de l’Œuvre Française. Le Front National a toujours été et est encore plus que jamais porteur d’idées, de projets, mais aussi d’actes concrets qui contribuent à insuffler dans la société et la vie politique françaises un air de moins en moins respirable.

Ce parti, qui emprunte sa flamme au parti fasciste italien MSI, censée symboliser l’immortalité de Mussolini, a toujours été et sera toujours un parti d’extrême-droite, aux liens étroits et sans cesse renouvelés avec les groupuscules fascistes. Malgré sa tentative de gagner en respectabilité, le FN reste aujourd’hui la maison-mère de nombreux groupes néo-nazis., le FN, certes plus discrètement, continue d’entretenir ses liens avec l’extrême-droite radicale. Les liens entre le FN et le GUD ne sont plus à démontrer, et tant Marine le Pen que les dirigeants du FN sont souvent bien entourés : Marine Le Pen avec Serge Ayoub, Philippe Péninque, ancien GUDard et conseiller FN avec Jean-Claude Nataf, ancien d’Occident, du Betar et actuel de la LDJ, cafouillage mal camouflé autour de l’adhésion de Philippe Vardon des Identitaires au FN, recrutement au FN d’Arnaud Menu, rédacteur en chef du site d’ « informations » du Bloc Identitaire (Novopress) évoqué ci-dessus, et on en passe et des meilleures. La liste est longue des preuves que la technique de dé-diabolisation du FN n’est qu’un écran de fumée.

Le « front » et la stratégie de renouveau du fascisme

Le FN est une création de l’organisation fasciste Ordre Nouveau (ON) dont François Brigneau et Alain Robert (deux des six membres fondateurs du FN) étaient des dirigeants. Née en 1969, ON appelait au « grand nettoyage » pour que la « France revienne aux Français ». Au début des années 1970, ON adopte une stratégie pour sortir l’extrême-droite française de la marginalité qui dure depuis la chute du régime de Vichy en 1944 et pour permettre, à moyen terme, l’instauration d’un régime fasciste en France. Cette stratégie est celle d’un « front » qui rassemblerait toutes les familles d’extrême-droite françaises. Le chef d’orchestre de cette stratégie est François Duprat, un des dirigeants d’ON.

Mais la stratégie du front n’est pas seulement l’union des nationalistes, elle est également une entreprise de « respectabilisation » selon le mot de François Duprat. Afin de gagner le peuple, il est impossible d’assumer publiquement une filiation avec les régimes fascistes du passé. Ainsi, le front est une stratégie globale de renouveau du fascisme qui consiste à réunir tous les « patriotes » en adoucissant les discours tout en garantissant les principes fondamentaux et en maintenant une direction éclairée consciente de l’objectif final. En s’appuyant sur une forte mobilisation populaire nationaliste et raciste, le front doit accéder au pouvoir via les élections.

C’est donc avec intérêt qu’on relira ces déclarations de Le Pen et Philippot, qui constatent leur dé-diabolisation dans les médias : le 1er mai 2013, Marine Le Pen exulte : « Nous avons déjà gagné la bataille des idées ! » ; le 6 juin 2013, lendemain de l’assassinat de Clément, Florian Philippot déclare quant à lui « tandis que la dédiabolisation est achevée dans le peuple, c’est désormais la quête du pouvoir qui doit être l’objectif majeur pour traduire dans le réel notre domination idéologique. »

Pas de débat possible !

Il n’y a pas de débat possible avec l’extrême-droite. Le FN n’est pas et ne sera jamais un parti comme les autres. Ses idées doivent être combattues, et non débattues : en débattre, c’est déjà accepter la banalisation. C’est accepter de discuter de propos inacceptables. D’une part, parce que le FN n’apporte pas de « mauvaises réponses à de bonnes questions », mais ne cesse d’œuvrer pour imposer « ses » questions, et influence la teneur du débat public d’une façon qui n’est pas acceptable. Il faut cesser de considérer les questions posées par le FN comme de bonnes questions ! D’autre part, parce que les réponses apportées par le FN ne devraient pas avoir le droit de cité. Le racisme, l’homophobie, le sexisme, la haine de l’autre ne sont pas des opinions et ne peuvent être tolérés ni en privé, ni en public.

Nous appelons donc Europeans Now à renoncer à inviter Florian Philippot à sa conférence.

Nous appelons les autres intervenant.e.s de cette conférence à suspendre leur participation tant que celle de Florian Philippot n’est pas annulée.

Nous appelons les étudiant.e.s, les personnels, et toute personne concernée par l’antifascisme à se mobiliser pour empêcher la venue de Florian Philippot à Sciences Po mercredi à 19h et à être présent.e au 27 rue Saint guillaume.

Note

Contrôle possible à l’entrée du bâtiment, s’inscrire ici :
http://www.sciencespo.fr/evenements/inscription/inscription.php?id=2368

Localisation : Paris 7e

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