MIE : occupation de la Paomie le 26 février

Occupation de la PAOMIE : important déploiement policier pour évacuer les mineurs à la rue. Mineurs à la rue ça suffit !

Siège de la Paomie [1] (Permanence d’accueil et d’orientation des mineurs isolés étrangers) du 26 février

« Je m’appelle Ahmed BABAYOKO, j’ai 15 ans, né en avril 2000 en Côte d’Ivoire et arrivé en France voici deux mois.
Victime de violences dans mon pays, j’ai reçu un coup de bâton à la tête qui m’a crevé l’œil.
Depuis deux mois, je me présentais à la Paomie pour faire reconnaitre ma minorité et comme la loi de 2007 le prévoit en matière de protection de l’enfance : être pris en charge et accéder, entre autre, aux soins...
Le 2 février, les évaluations de primo arrivant, orchestrées par le département via la PAOMIE, m’ont reconnu MAJEUR.
Mon état de santé, pourtant visible, n’a aucunement interpelé les services de la PAOMIE et s’est détérioré, de sorte que le 25 février au soir, Marie Christine me fit admettre à l’Hôpital 15/20 .
Les médecins constatèrent que mon œil était crevé et s’était infecté faute de soin.
Le 26 février, je fus opéré dans cet hôpital et j’ai perdu mon œil... »

Il a fallu que ce drame éclate, pur fruit de l’injustice d’un pays qui se prétend émetteur des droits de l’enfant !
Après avoir subi et surmonté toutes les misères de la terre, les risques et des souffrances incalculables : passeurs, bateaux de fortune...
Ahmed et les autres, des mômes pour la plupart mineurs, n’ayant rien, aucun statut social en France, parce que victimes de pratiques permissives d’exclusion dispensées d’état via la PAOMIE, jetés à la rue, sans accès aux soins, sans manger, sans hygiène, dans le froid, sans toit, sans accès à une scolarité protégée, sans pouvoir se déplacer sans être contraint de frauder les transports et livrés aux prédations de la rue : pédophilie, prostitution, drogue...
Ces gamins qui n’ont rien demandé à la vie, si ce n’est que de vivre...
Ces gamins qui, hier, parce que n’ayant rien, sans rien à perdre de plus donc : ont fait preuve d’un courage sans commune mesure en investissant la PAOMIE pour dénoncer le déni de justice auquel cet organisme qui par délégation d’État, préfère les qualifier de majeurs, presque systématiquement, balayant ainsi les quelques erreurs possibles en matière de reconnaissance à minorité, préférant priver sans distinguo de vrais mineurs de leurs droits !
Nous, Militants d’association ou autres, avons entendu depuis plusieurs mois leur détresse et les avons soutenus dans cette occupation et nous les soutiendrons encore et encore pour faire plier cette injustice !

Des gamins qui, lors des évaluations de primo arrivants pratiqués en vase clos par des organisme privés, n’ont pas plus le droit d’être assistés par un conseil ou autre regard public, livrés à eux mêmes, sans moyen de défense et plongés illégalement dans une zone de non droit ou manifestement le déni est de mise ! Imparable et traduit, hier, par les déclarations abjectes et publiques d’une des responsables de la PAOMIE qui affirmait haut et fort que tous les gamins retranchés dans la PAOMIE étaient majeurs !
Des pratiques d’exclusion faites au nom du peuple français par des gens qui se placent au dessus des lois et force est de le constater par ce qui s’est produit hier :
des mises à la rue d’enfants cautionnées par la Républiques, soit la police !
Nous, Militants et citoyens, dont éducateurs, juristes, professeurs, avocats, majoritairement BÉNÉVOLES... accompagnant ces enfants depuis plusieurs mois pouvons affirmer haut et fort que ces enfants sont pour la plupart MINEURS !

POUR L’OBSERVATION INCONDITIONNELLE DE LA LOI !
POUR LA PRISE EN CHARGE INCONDITIONNELLE DE TOUT ENFANT !
REJOIGNEZ NOUS !

Brann

Note

« Malgré des avancés législatives et des mesures visant à lutter contre l’intolérance et le racisme, les discours et actes haineux et discriminatoires non seulement persistent mais sont en hausse en France. Il est urgent de mieux les contrer d’une manière soutenue et systématique », a déclaré aujourd’hui Nils Muižnieks, Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, en rendant public le rapport sur la visite qu’il a effectuée en France du 22 au 26 septembre 2014......
Une autre défaillance du système français de migration concerne l’accueil et la prise en charge des mineurs isolés étrangers. « Entre 7 000 et 12 000 de ces enfants vivent en France, dont 3 000 à Mayotte. Beaucoup sont laissés sans encadrement socio-éducatif ni suivi médical et certains sont même sans abri. Leur âge est souvent déterminé au terme de procédures très discutables, notamment lorsqu’elles impliquent le recours à des tests d’âge osseux. Il n’est pas rare que ces enfants soient privés de liberté lorsqu’ils arrivent à la frontière de manière irrégulière. Les autorités française doivent mettre fin à ces pratiques et fournir de meilleures conditions d’accueil, y compris en outre-mer ».
source

Notes

[1D’après France Terre d’Asile : La PAOMIE assure le premier accueil des mineurs isolés étrangers (MIE) sollicitant protection au titre de leur minorité déclarée. Un protocole signé avec l’Aide sociale à l’enfance (ASE) prévoit les modalités de fonctionnement de ce service. Une évaluation de leurs situations est effectuée afin d’orientation par tranche d’âge : les moins de 16 ans sont orientés pour une prise en charge immédiate au SEMNA, les MIE de plus de 16 ans sont orientés vers des dispositifs de mise à l’abri de France terre d’asile (les filles vers la Croix Rouge). Les jeunes dont l’évaluation conclue à un doute sur la minorité se voient remettre une fiche d’information permettant de donner suite à leur demande de protection. Des places d’hôtel sont disponibles pour héberger des jeunes évalués mineurs en attente d’une mise à l’abri. Une orientation vers les services hospitaliers est assurée en cas de nécessité.

Mots-clefs : migrants | mineurs isolés
Localisation : Paris 10e

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