La peur du nucléaire ou la peur de l’arrêt du nucléaire ?

« Nous ne voulons, nous ne devons pas rentrer dans la technicité des scénarios d’arrêt des réacteurs. La mobilisation doit provenir d’une dynamique humaine et morale motivante et non de la défense d’un scénario technique en particulier ».
Texte de la Coordination Stop Nucléaire.

On nous dit : « vous faites peur avec votre arrêt immédiat » ; « on ne bâtit rien sur la peur »...

Commençons par un exemple concret. Essayons de répondre froidement à la question : « pourquoi les techniciens en charge de la gestion des déchets nucléaires ne les envoient-ils pas dans l’espace ? ». Tentons de répondre sans émotions et sans peur. Focalisons-nous sur l’emblématique Plutonium 239, qui met 24 000 ans à perdre la moitié de sa radioactivité. Choisissons une valeur de 300 microgrammes de Pu 239 comme dose mortelle pour un adulte. C’est assurément mortel d’après les sources que nous avons pu consulter (certaines affirment qu’un seul microgramme inhalé suffit à provoquer un cancer, d’autres parlent de 20 micro-grammes pour une dose mortelle) [1].

La France stocke 80 tonnes de ce métal artificiellement créé par l’industrie nucléaire. Supposons que les technocrates en question en conditionnent 400 kg pour les envoyer brûler vers le soleil (la France possède les moyens techniques et financiers de réaliser cela). Ce chargement représente alors 1,33 milliards de doses mortelles adulte, telles que nous les avons définies. Si la fusée explose dans la troposphère, elle pulvérise de fines particules ultra-toxiques de l’ordre du microgramme, et c’en est probablement assez rapidement fini de l’humanité.

C’est cette peur qui fait que nos dirigeants et nos technocrates pro-nucléaires ne peuvent envisager d’envoyer les déchets nucléaires dans l’espace.

Par contre nous, qui demandons l’arrêt immédiat de l’industrie nucléaire, ne serions pas autorisés à avoir peur, taxés d’irrationalité et de « radiophobie », tout comme les populations déjà victimes de catastrophes nucléaires le sont par les autorités censées les protéger.

Pourtant la peur est un sentiment normal sur lequel peut se fonder une décision. Il est normal et naturel d’avoir peur de pénétrer dans une forêt la nuit : nous n’avons pas les yeux du hibou, ni l’odorat du loup, ni l’ouïe du mulot, ni le sonar de la chauve-souris.

Nous, avec le nucléaire, nous savons être bien fondés à en avoir peur. Peur de voir les centrales, les bombes exploser ; de les voir contaminer l’environnement ; de les voir contraindre l’humanité.

Mais naturellement, certain-e-s se mettent aussi à avoir peur qu’en cas d’arrêt du nucléaire le réseau électrique soit interrompu. Alors commence une cogitation : est-ce que la peur du nucléaire serait plus rationnelle que la peur de l’arrêt du nucléaire ? La bonne blague...

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Mots-clefs : nucléaire

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