« Il faut qu’on bloque en promenade ! » Messages de prisonniers de France en réaction au confinement des prisons

Nous donnions, mercredi 18 mars, des informations sur les premières conséquences du confinement dans l’article Le Covid-19 : la prison dans la prison. La première mesure de confinement national annoncée par le ministère des tribunaux et des prisons a été en effet de suspendre les parloirs partout sur le territoire, suspendre les activités, limiter les mouvements en détention. Alors qu’à l’extérieur les travailleurs et travailleuses sont encore incitées à se rendre sur leur lieu de travail pour faire tourner l’économie ; alors que les surveillants et surveillantes rentrent et sortent des prisons tous les jours ; alors que nous sommes et toutes incités à respecter des « gestes barrières »… la première décision pour des prisonniers et prisonnières déjà isolées, a donc été de durcir encore les conditions d’isolement. Plus de parloirs, mais toujours autant de promiscuité en cellule.

Il n’y aurait pourtant qu’une mesure à la hauteur de la situation : vider les prisons.

Nous relayons ici divers appels à agir lancés sur les réseaux entre le 18 et 19 mars, par des prisonniers de différentes prisons en région parisienne et en France.

Message à tous les prisonniers de France

Demain il faut que l’on descende tous en promenade et que l’on bloque. Si toutes les prisons bloquent en même temps, ils seront obligés de faire quelque chose, ils peuvent transférer personne et ils ne peuvent pas pénétrer dans l’établissement par peur.

Le virus se propage, déjà que nous sommes incarcérés, ils nous coupent les parloirs, ce n’est pas possible et inacceptable donc montrons-leur notre mécontentement.

Soyons solidaires car si ce n’est pas nous qui faisons quelque chose, eux ne feront rien pour nous. À la télé, ils n’ont même pas parlé de nous ; pour eux, nous ne sommes même pas des citoyens mais quand il s’agit de voter, ils nous envoient les papiers en cellule.

Blocage aujourd’hui
On a peur de mourir du corona virus, on est traumatisés… Et on reveut nos parloirs ou au moins un visiteur par détenu.
Toutes les prisons de France, tous en promenade aujourd’hui.

À la ronde de 5 heures, débouchez pas vos œilletons, tous les gens qui sont au hebs.

Demain, faut que tout le monde bloque sa mère.

Comment ça nous on a plus de parloirs, on a plus le droit de voir nos familles alors que, eux, ils rentrent le soir voir leur mari, femme, enfants, et après le lendemain, ils nous ramènent plein de corona virus au hebs ?

Si on est bloqués ici, il faut qu’ils soient bloqués avec nous ces fdp de hesses.

Plus de parloirs = plus de shit

Plus de shit = détenus pas contents

Détenus pas contents = la guerre !!!

Faites tourner partout

Fais une annonce dans ta story pour que toutes les prisons de France bloquent les promenades jusqu’à que l’état cède à un parloir par semaine minimum.

On est ensemble À tous les frérots en prison : à partir du jeudi 19 mars, il faut qu’on bloque en promenade et tous les jours jusqu’à que l’état nous accepte au minimum un parloir par semaine. Faut qu’on se fasse entendre et c’est bien plus haut que l’administration pénitentiaire, c’est l’état qui dirige. Il faut faire du bruit, il nous dise que c’est pour quinze jours alors qu’ils savent très bien que c’est parti pour plusieurs mois. Ils nous privent de la seule liberté qui nous reste : la visite de notre famille. Pour les frérots en prison, faites tourner : il faut bloquer les promenades à partir de jeudi 19 mars ? Merci et oubliez pas : l’union fait la force, ensemble on y arrivera.

Ils parlent pas des détenus, avec la saleté des prisons, le virus ne va pas partir comme ça. Ils sont touts ensemble confinés.

Note

Face à la gravité de la situation, à partir du lundi 23 mars, L’Envolée va diffuser à 19h une émission quotidienne d’un quart d’heure sur FPP (106.3 Mhz sur la bande FM à Paris) pour faire circuler l’information sur ce qui se passe dans les prisons françaises. Nous y lirons les messages qui nous seront envoyés au 07.52.40.22.48. Nous maintenons par ailleurs l’émission du vendredi, entre 19 heures et 20 heures 30.

Mots-clefs : anti-carcéral | prison | covid

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