Gustav Noske est revenu

Retour vers le futur
on prend les mêmes autoritaires et on recommence

La tournure ultra-autoritaire que (re)prend l’État dans l’apathie journalistique officielle, est sidérante. Tout semble indiquer que la pensée opératoire favorise l’installation d’une verticalité de plus en plus coercitive, de plus en plus liberticide. Il y eut des antécédents.
Et cela, sans remonter aux années de collaboration (pas d’erreur possible, nous sommes bien en France).

Plus près de nous et de nos légendes dorées siègent bien des histoires.
Celle du coup d’État « démocratique » des gaullistes en 1958, utilisant la crise algérienne pour reprendre le pouvoir.

Celle aussi d’un comédien sans vergogne, dont beaucoup ont oublié qu’il défendit en Algérie l’usage de la guillotine : je parle bien sûr de « Rastignac » (Mitterand) et de son irrésistible ascension. Mitterrand faisant, par la suite, feu de tout bois pour court-circuiter (au sein de la multitude) toute forme d’auto-réflexivité politique et se maintenir au pouvoir. Avec Pasqua dans son SAC. Avec aussi le tournant néo-libéral de 1983-1984, mais encore avec le sang du Rwanda couleur turquoise sur les mains, en 1994. Ces violences d’État n’ont pas laissé le souvenir critique que l’on aurait pu espérer puisqu’enfin la chronique amnésie est une donnée largement partagée.

Chirac et Sarkozy intensifièrent la fable méritocratique déjà en place. Nous arrivons à Hollande et la Loi travail, à Valls et son utilisation effrayante de la raison d’État pour réprimer la foule. Venons-en maintenant au Monarque de 2023, Narcissique absolu utilisant un fin limier à l’Intérieur. Perdreau tout droit sorti d’un film de Pabst ou de Fritz Lang : le nouveau Gustav Noske.
Il est donc revenu.

Difficile de ne pas se souvenir du 15 janvier 1919, lorsque Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont assassinés par les Freikorps sur ordre d’un « social démocrate » : Noske lui-même. Noske endossant sans culpabilité le rôle de l’Autorité, c’est-à-dire du principe de « réalité » la plus autoritaire.

Aujourd’hui, maintenant en 2023, la BRAV-M reconstitue la violence des Corps francs de mémoire sinistre. On se souviendra des voltigeurs en 1986 (la plupart recrutés chez des excités du corps-à-corps à l’instar du SAC autrefois, tous des « mâles Alphas » comme il est coutume de le désirer dans les milieux virilistes) mais les voltigeurs nous renvoient ultimement à la violence des Freikorps

Bien peu sont ceux qui arrivent à l’admettre. Et ceux qui le clament haut et fort s’exposent à la vindicte de l’État (les « factieux »)
l’Idée d’une redéfinition (vivante) de la politique comme dissensus et non comme consensus, n’a jamais été si loin.

Le consensus est autoritaire dans son essence. Sa fonction est d’abraser toute conflictualité. C’est cette élision autoritaire de la conflictualité politique qui est profondément inquiétante.
L’élision de la division comme principe activateur de la politique est aujourd’hui le danger le plus grand : impossible de s’affirmer contre la violence d’État sans en prendre plein la gueule par les flics.
Et donc, oui, l’Action directe, l’anarchie continuent d’irriguer notre mélancolie sociale, à moins que ce ne soit l’inverse.
Mais nous, au moins, marchons depuis l’enfance sous un soleil noir.

Que ceux qui s’identifient à l’Ordre et aux seigneurs de guerre tremblent et se préparent à leur tour, à rencontrer les ténèbres en eux-mêmes.

Croquemitaine

Note

Soyons comme l’eau
en toute occasion

Mots-clefs : histoire | histoire des luttes

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