La mairie de Paris et le ministère de l’Intérieur se flattent, dans un communiqué diffusé vendredi 19 juin, d’une « opération humanitaire [qui] s’est déroulée dans d’excellentes conditions » aux Jardins d’Éole, dans le 18e arrondissement de Paris, où s’étaient installés depuis quelques jours les réfugié.es qui avaient été expulsé-es du pont de la Chapelle le mardi 2 juin.
Ce qu’ils oublient de préciser, c’est que cette évacuation, docilement accompagnée par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides Ofrpa) ainsi que par les associations France Terre d’asile et Emmaüs (qui n’ont même pas pris la peine d’en avertir les autres associations investies dans le soutien aux migrantes et aux migrants...), a été réalisée sous la pression policière.
Certes, des bus avaient été affrétés pour permettre le déplacement des réfugié.es, mais des dizaines camions de CRS étaient également sur place... au cas où. Le choix laissé aux réfugié.es était donc simple : soit ils acceptaient les hébergements proposés par la mairie, soit ils étaient chassés manu militari de leur campement.
Dans ces conditions, les pouvoirs publics ont beau jeu de prétendre que les migrants « ont accepté les propositions de relogement dans 6 lieux d’hébergement à Paris et en région parisienne ».
Ces hébergements sont bien connus, il s’agit de centres d’hébergement d’urgence dédiés au SDF et permettant un contrôle individuel des réfugié.es qui, subissant le double chantage de l’hébergement et du droit d’asile, n’ont d’autre choix que de renoncer à toute lutte collective.
Les migrantes et les migrants qui n’ont pas été déplacés ont quant à eux tenté de s’installer dans un gymnase que personne n’occupe la nuit, mais de nombreuses forces de police ont aussitôt été déployées pour mettre fin avec violence à cette occupation. Il s’agit là d’un choix politique clair car le prétexte de l’insalubrité ne peut cette fois pas être invoqué.
Sans vergogne, Bernard Cazeneuve et Anne Hidalgo osent enfin prétendre que « les pouvoirs publics sont résolument engagés dans la mise à l’abri de ceux qui ont été jetés sur les routes de l’exode par les persécutions dont ils sont victimes ».
Ce qu’ils omettent là encore de rappeler, c’est que les hébergements proposés aujourd’hui n’ont été concédés et imposés qu’après deux semaines de traque et de lutte, pendant lesquelles les réfugié.es ont été successivement évacué.es, frappé.es, gazé.es, déplacé.es, expulsé.es, repoussé.es, encerclé.es ou tout simplement ignoré.es.
Dans le même temps, les migrantes et les migrants qui tentent de passer la frontière franco-italienne sont systématiquement refoulés par nos responsables politiques qui, tétanisés par l’extrême droite, refusent d’accueillir sur le sol français des réfugié.es qui fuient la guerre et la misère. Par crainte de paraître trop humain et d’essuyer les critiques nauséabondes du Front national, un gouvernement prétendument socialiste préfère déployer sa police dès que se profile l’ombre d’un réfugié.
Face à cette indécente hypocrisie, Alternative libertaire défend plus que jamais l’ouverture des frontières et la liberté de circulation et d’installation des migrantes et des migrants.