C’est la catastrophe !

Le catastrophisme est une idéologie basée sur le fait qu’un terrible futur nous est promis si nous n’adaptons pas notre mode de vie actuel. Ce texte se propose d’en faire une critique.
Article initialement publié sur Rebellyon

Le catastrophisme constitue selon nous une forme de gouvernementalité qui vise à nous désarmer, nous déposséder des moyens d’agir et in fine de toujours plus gérer la population. Nous aborderons aussi la question de la réappropriation de la catastrophe et de ses enjeux.

« L’impératif selon lequel nous devons seulement préserver le monde implique que nous avons déjà renoncé à l’édifier. »

Mickael Foessel, Après la fin du monde. Critique de la raison apocalyptique.

Le catastrophisme écologique est une philosophie de la défaite de la raison humaine et de la peur de l’avenir. Elle s’appuie sur une perte totale de confiance en l’humanité pour répondre aux problèmes fondamentaux que posent par exemple le réchauffement climatique, les pollutions de l’air, de l’eau et du sol, ou encore la disparition progressive d’espèces végétales ou animales. Et cela engendre deux conséquences majeures.

Tout d’abord, et c’est un sujet développé chez quelques intellectuels de renom comme l’Allemand Hans Jonas à la fin des années 1970 ou aujourd’hui chez le Français J.P. Dupuy ; l’idée que les clefs de l’écologie devraient être remises aux mains d’un groupe restreint de sages, d’ingénieurs compétents et conscients des enjeux prioritaires. Ils auraient en quelques sortes carte blanche et agiraient, selon Hans, comme « tyrannie bienveillante, bien informée et animée par la juste compréhension des choses ».

Par ailleurs, et cela découle de la prétendue incapacité des populations à réagir avec justesse, le catastrophisme fonctionne comme une matrice de l’action dirigée par la peur. Une technique de gouvernement par l’effroi qui permet de prendre des décisions dont la contestation est rendue quasiment impossible par le chantage à la sauvegarde de l’humanité. Si l’état d’urgence et les politiques sécuritaires furent imposés comme réponses au terrorisme, le catastrophisme fonctionne de façon analogue au regard de la crise écologique, c’est un véritable nouveau contrat social hobbesien qu’il propose où, pour le dire grossièrement, chacun doit de se soumettre au Léviathan climatique pour espérer sauver ses descendants.

Il existe ainsi une forme d’ultimatum posé au nom des générations futures ce qui nous amène à nous interroger sur l’historicité et le temps, deux notions majeures à discuter pour cerner un peu mieux le catastrophisme. [1]

« L’horizon de la catastrophe est ce à partir de quoi nous sommes présentement gouvernés. Or s’il y a bien une chose vouée à rester inaccomplie, c’est la prophétie apocalyptique. Elle n’est énoncée que pour appeler les moyens de la conjurer, c’est à dire, le plus souvent, la nécessité du gouvernement. »

Comité invisible, A nos amis.

Lire la suite sur Rebellyon

Notes

[1Voir Antoine Chollet et Romain Felli, « Le catastrophisme écologique contre la démocratie », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement [En ligne], volume 15, numéro 2 | Septembre 2015.

À lire également...