« Arrête de faire la gueule, souris ! » - Sur la contrainte au bonheur

Ticket de transport, parcmètre, caisse enregistreuse, contrôleur, gendarmette, vigile.

Tous les jours.

Et il faudrait en plus leur sourire.

Il nous faudrait aussi sourire.

Sourire et bien faire, le sens du commun, en somme, dans le déni de soi jubilatoire.

Apprendre à sourire, exacerber une mauvaise dentition en guise d´approbation sociale, hypocrisie et saleté ordinaire ; jaune.

Heureux ! C´est du bonheur que l´on vient, du bonheur mythologique, amoureux, romanesque, cinématographique ; fictif.
Nous partons tous de ce bonheur chimérique, nous tentons, un temps, bien vainement de l´atteindre, et nous en revenons blasé.

Le réel nous paraît soudainement tyrannique, c´est la fiction qui l´est.

Nos vivant-es, ceux/celles qui, rescapé-es de la fausseté quotidienne, parviennent encore à ressentir l´amertume du faux semblant, les coups de l´imposture intérieure, mimétiques, ceux/celles qui n´en appellent pas à la rédemption par le travail social, l´activisme béat, la moralisation contentée, ceux/celles là, ont noyé l´émotion dans l´ivresse, pour survivre, tentant une mort des sens contre une mort soudaine, incivique.

Des psychiatres, des soldats, des marchands, des imams, des curés, des rabbins et des rois.

Assis, debout, couché.
Assis, debout, lève la main, au piquet !

Et il faudrait en plus leur sourire.

Ticket de transport, parcmètre, caisse enregistreuse, contrôleur, gendarmette, vigile.

Tous les jours.

Compter les centimes : 4 euros.
C´est mercredi...la fin de semaine sera difficile.

Bourgeois, belle bagnole, costume, smartphone ; l´envie et le dégoût, entremêles à la haine.

Et nos vivant-es se meurent.

Héroïne, HP, Prison, Alcool, Illicite, Démence.

Et l´adieu les grignote, on se dit : c´est normal, car les vivant-es partent en premier.

Exténué du silence, des bavardages aussi creux qu´incompréhensibles, bombardement de tonalités absurdes ; on s´offre au silence, et chuchote l´évidence à narcisse.

Il y a le JE, qui est costume, il y a le NOUS, qui prétend être. Le IL et le ELLE sont la nécessaire expression d´un trop plein d´impersonnel, la traduction figée de l´autre, la frustration libérée dans une méchanceté courtoise ; la critique a tué l´anecdote, elle est le dialecte de la virtualité consentie.

À lire également...