À propos de la crise confédérale à la CGT

« La situation de crise que connaît la CGT actuellement révèle plusieurs lignes de fractures au sein de l’organisation : fractures idéologiques, éthiques, stratégiques et de conception organisationnelles. [...] un sursaut des syndiquéEs et militantEs syndicalistes honnêtes, attachés au caractère de classe et au caractère confédéral de la CGT est nécessaire. Car la CGT est à la croisée des chemins. »

La Tribune Syndicaliste Libertaire, dont font partie des militantEs libertaires adhérentEs à plusieurs organisations syndicales (dont la CGT) relaie une tribune de syndicalistes de la CGT qui livre une analyse intéressante des enjeux de la crise que traverse la principale organisation syndicale en France...

La situation de crise que connaît la CGT actuellement révèle plusieurs lignes de fractures au sein de l’organisation : fractures idéologiques, éthiques, stratégiques et de conception organisationnelles.

[...] Les dépenses confédérales révèlent un train de vie de cadre, de patron, bien éloigné de celui de l’immense majorité des salariéEs. Les réponses apportées aux questionnements relèvent d’un mépris de classe évident, et d’une insulte à l’intelligence des militantEs et des syndiquéEs. De qui se moque t’on, quand on prétend que « de province, on ne voit guère la différence entre Vincennes, Aubervilliers et Clichy » ?
Au delà de la question financière, c’est tout le glissement du bureau confédéral vers un mépris ouvert des mandats donnés dans les instances, qui légitimement suscite la colère des militantes et des militants. Quand un Le Paon va expliquer dans un journal bourgeois qu’il n’y a pas d’opposition entre capital et travail, quand des positions publiques sont tenues en contradiction avec les orientations de congrès...

[...] ce sont deux conceptions qui s’affrontent, d’un point de vue organisationnel :

L’une, qui emprunte à la tradition syndicaliste révolutionnaire et la tradition syndicaliste libertaire, qui insiste sur le caractère collectif des organisations, sur le fait que les exécutifs ne sont pas des « directions » des syndicats mais des exécutants des orientations et stratégies définies en congrès. C’est la tradition fédéraliste, celle de la CGT des origines qui fait du syndicat et des syndiquéEs la base du fonctionnement syndical, le lieu d’impulsion de la vie syndicale, et qui lui donne un caractère d’organisation de masse et de classe.

L’autre, qui emprunte au fonctionnement hiérarchique des partis politiques, des organisations patronales, de l’organisation capitaliste de la société, la séparation dirigeants/exécutants, et qui ne voit dans les syndiquéEs qu’une « masse à manœuvrer » et à diriger. C’est la conception centraliste.

[...] Dans cette période de crise capitaliste et de progression du fascisme, le maintien de Le Paon et de ces soutiens fédéraux et confédéraux représenterait une victoire définitive de la tendance centraliste, et l’évolution vers un centralisme réformiste de type cédétiste. Avec pour conséquence d’ouvrir plus encore un boulevard aux fascistes dans leur stratégie de conquête du pouvoir.

A l’inverse, la révocation de le Paon et ses soutiens confédéraux, si elle ne règlerait pas la totalité des problèmes de structure, de fonctionnement ou d’orientation, enverrait un signal clair de reconquête de l’organisation syndicale par les syndiquéEs.

[...] Dans ce débat, c’est la vigueur du contrôle collectif,la rupture avec une attitude d’attentisme délégataire, qui permettra de remettre la pratique de classe au cœur de l’activité syndicale. [...] C’est ce qui permettra de donner une orientation concrète à des orientation de classe, qui ne se résumera pas à changer un discours réformiste par un discours de classe, mais y ajoutera un changement de la pratique et de la stratégie syndicale collective qui donnera du contenu concret à ce discours de classe.

Lire l’analyse dans sa totalité sur le site Tribune Syndicaliste Libertaire

Note

Auto-présentation de la Tribune Syndicaliste Libertaire : « Ce blog est animé par des militant-e-s syndicalistes libertaires lyonnais-es, organisé-es ou non à la CGA, adhérent-es de différentes organisations syndicales. Il a pour objet la diffusion des propositions que font les militant-e-s syndicalistes libertaires, dans le respect de l’indépendance et de la démocratie syndicale,contribuant au débat en cours dans le mouvement syndical. Ces contributions ont pour but le renforcement du rapport de force en faveur des travailleuses et des travailleurs par le développement des luttes. »

Parmi leurs textes importants et/ou fondateurs, on trouve une analyse des « enjeux de la lutte syndicale » et les positions de la CGA sur le syndicalisme et les luttes sociales en général.

Mots-clefs : syndicalisme | bureaucratie

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