À Jaurès une évacuation avortée et transformée en « contrôle administratif »

Texte écrit à chaud sur l’opération de police de ce matin (31 octobre) dans le quartier Jaurès.

La semaine dernière le campement-ville de la lande de Calais était détruit et les personnes migrantes qui y vivaient dispersées aux quatre coins de la France. Cette opération avait entre autres pour but d’empêcher les gens de s’organiser collectivement pour vivre et/ou passer les frontières.

Aujourd’hui ce sont les campements parisiens qui sont la cible de la répression. Ce matin a en effet eu lieu la énième rafle parisienne. Mais cette fois mairie et gouvernement clament leur volonté d’éradiquer totalement les campements et donc la solidarité collective qui permet de survivre dans la rue.

À 8h ce matin plusieurs dizaines de camionnettes de flics et un bus d’embarquement étaient planqués dans les rues adjacentes. À 8h10 la troupe s’est mise en marche vers Jaurès. Chasse à l’homme et tri au programme. Une partie des habitant.e.s du campement, ceux.celles qui se trouvaient vers le quai de Jemmapes, se retrouve encerclée. Peuvent sortir de la nasse ceux.celles qui présentent une preuve de démarche d’asile en cours. Les autres sont dirigé.e.s vers le bus d’embarquement et peut-être vers un centre de rétention. Dès leur arrivée des personnes solidaires vont prévenir les autres parties du campement qu’une rafle est en cours.

Au fur et à mesure que les gens sortent de la nasse, ils-elles ne se dispersent pas mais se massent face aux flics pour s’opposer à l’opération. Finalement ils et elles décident d’occuper la chaussée. Alors que les engins de destruction de la mairie de Paris arrivent pour écraser tentes, matelas, vêtements et toutes les affaires personnelles, dont des papiers, plusieurs personnes tentent de les empêcher de faire leur sale besogne. Les flics chargent, gazent et repoussent les gens vers le quai, hors de la route. Mais on ne se laisse pas faire, on tente de récupérer la rue, beaucoup de personnes étant gazées et matraquées. Une fois tous les véhicules de nettoyage passés nous avons pu réoccuper la rue.

Pendant 1h30-2h une sorte de face-à-face s’organise. Les habitant.e.s du campement restent là avec tentes, matelas et autres objets qu’ils et elles ont pu récupérer, bien décidé.e.s à ne pas bouger et réoccupant petit à petit la route. Les flics font plusieurs tentatives pour repousser tout le monde sur les trottoirs et finalement, débordés et ne pouvant visiblement compter sur du renfort, reçoivent l’ordre de « rentrer au parc ». Ils quittent les lieux sous les huées et le campement est immédiatement remonté, jusqu’à la prochaine attaque qui ne saurait tarder …

Hollande, Valls, Cosse, Hidalgo and co ne cessent de l’annoncer. Hidalgo a même dit qu’elle n’ouvrirait son centre de tri et transit de Porte de la Chapelle tant qu’il y aurait des campements dans Paris.

Organisons nous pour être nombreux et nombreuses ce jour-là.

Soyons les grains de sable qui enrayent la machine à trier, enfermer et expulser.

Ne restons pas passifs-ves et simples spectateurs-trices !

Quelques personnes solidaires parmi d’autres
31/10/2016

Localisation : Paris 19e

À lire également...