ZAD - La solidarité : une « association de malfaiteurs »

Suite à la manifestation du 22 février à Nantes contre les menaces d’expulsion de la zad et de démarrage des travaux de l’aéroport, nous faisons face à une campagne continue d’arrestations. Fait nouveau dans ce pays, ces arrestations se font en majorité a posteriori, sur des bases d’images vidéos, d’appels à délations et de croisements avec des fichiers politiques. Deux jours avant le procès du 19 juin, 6 nouvelles arrestations sont survenues.

La manifestation du 22 février avait regroupé plus de 50 000 personnes et 500 tracteurs. Son parcours avait été prohibé, au dernier moment, par le Préfet. Mais des milliers de personnes ont décidé de braver la zone rouge et se sont, de fait, mises ainsi dans l’illégalité. Le jour même la répression policière, à coup de gaz, grenades et flashballs, a été particulièrement féroce. 3 personnes y ont perdu l’usage d’un oeil. Dans les semaines qui ont suivi la manifestation, une campagne politico-médiatique de diabolisation s’était mise en oeuvre, sans succès, pour diviser et fragiliser le mouvement. Au final le gouvernement n’a eu d’autre choix que de mettre le projet d’aéroport en stanb-by pour une durée indéterminée et peut-être à jamais.

Mais 4 mois après, l’État continue à se venger de cet affront, sur le plan judiciaire : en isolant des personnes et groupes qu’il incarcère pour distiller la peur au plus grand nombre. Une vingtaine de personnes arrêtées dans les semaines et mois qui ont suivi la manif’ sont déjà passées en jugement. Une d’entre elles a été condamnée à un an de prison ferme pour avoir fabriqué et utilisé des fumigènes. Une manifestation de soutien aux inculpé-e-s et blessé-e-s a déjà regroupé plus de 1 500 manifestants le 19 mai. La solidarité continue à se diffuser, avec des appels à rassemblements de soutien lors de deux nouvelles journées de procès d’inculpé-e-s du 22 février. Dans ce contexte et deux jours avant le procès du 19 juin, 6 nouvelles arrestations sont survenues. Une personne de Rennes a été arrêtée mercredi matin à domicile, inculpée pour des faits de dégradation pendant la manifestation du 22 février. Il est resté en garde à vue jusqu’à son passage devant le juge ce jeudi. Après avoir refusé la comparution immédiate, il a été remis en liberté jusqu’à son procès le 10 juillet.

5 autres ont été arrêtées mardi suite à un contrôle par la BAC, soi-disant « de routine », sur le périphérique nantais. Parmi elle, R. une des personnes qui devait passer en procès jeudi et se rendait à Nantes pour voir son avocat avec des ami-e-s. Après 48 h de garde à vue, 4 d’entre eux se sont vues inculpées de recel, soupçonnées d’une sombre histoire de vol de lampe frontale, et de refus d’identification (signalétique et adn). Beaucoup plus grave, elles se voient accusées, sous prétexte de la présence dans leur voiture d’affiches d’appel aux rassemblements du 19 et du 27 juin ainsi que d’une boîte à outils, d’« association de malfaiteurs », en l’occurrence « entente établie en vue de commettre un rassemblement armé devant le tribunal de Nantes ». Ils risquent jusqu’à 5 ans de prison pour ce délit. Le ministère public a demandé le maintien en détention provisoire pour deux d’entre eux, en argumentant sur l’« absence de garantie de représentation » de l’un et sur le « passé activiste » de l’autre. Au final le juge a confirmé la mise en détention du premier et la libération des 3 autres, avec contrôle judiciaire et interdiction de présence en Loire Atlantique et ce jusqu’à leur procès le 18 juillet.

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