Voter, c’est abdiquer

Aujourd’hui, plus que jamais, voter c’est donner une légitimité à un système qui échoue depuis sa création à s’occuper des vrais enjeux de la politique !

Voici une réflexion sur le choix de l’abstention, adaptée pour cette plateforme de lutte à l’occasion du 2e tour de la présidentielle. La version originale peut se lire sur ce blog : www.linsoutenablelegereteduclash.com, blog de débats entre un autonome et un électeur de droite.
Enjoy

I - Les chiffres : non, l’abstention ne renforce pas le FN

Je vais démonter ici l’argument fallacieux que les gens répètent comme des moutons sans vérifier par eux-mêmes. En effet, à chaque fois que je me dis abstentionniste, on me regarde avec horreur, en criant « mais tu vas faire élire le FN » ! Voilà encore cette satanée peur qui fait le jeu de ce parti, dites donc !

En vérité, qu’en-est-il ? Je vais commencer par citer la Marine, le 1er mai 2014 : « ne nous décevez pas et allez voter. Ne commettez pas la funeste erreur de l’abstention ! » Je vais expliquer pour les plus bornés : si le FN avait, comme il est dit par erreur, intérêt à l’abstention, sa représentante la plus débile ne supplierait pas ainsi ses électeurs de se ruer dans les urnes.

Allons plus en profondeur. Il y a bien une corrélation entre la participation et le vote FN : Lorsque le taux d’abstention augmente, le FN baisse. Ex : taux d’abstention à 32% en 1997, 35.6% en 2002. Le FN à 15% en 1997 et 11.3% en 2002. Des exemples comme celui-là, cher Paul, il y en a des tas, et ils démontrent bien que l’abstention est l’ennemie du FN, qui ne s’en cache pas. Allez, un dernier exemple pour la route : les municipales de 2014, dans les 110 communes où le FN fait plus de 20%, la participation moyenne fut bien plus élevée, 62.33%, que la participation moyenne nationale ! Ainsi, à Villers-Cotterêts, le FN fait 40.3% des voix avec une participation à 68.5% ; à Carros, 35.8% pour 70.8% de participation !

La montée du FN n’est donc pas la faute de l’abstention, mais des partis politiques qui ont, d’une part, permis son éclosion dans des tactiques politiques opaques et dégueulasses, et d’autre part repris ses idées. Ainsi, le FN aux cantonales de 1982 fait 0.2%. JM Lepen écrit alors à Mitterrand pour exiger une plus grande couverture médiatique. Voici la réponse du chef de l’État : « D’ores et déjà, je demande à M. le ministre de la communication d’appeler l’attention des responsables des sociétés de radio-télévision sur le manquement dont vous m’avez saisi » (source : Antoine Peillon, journaliste indépendant). Quelques jours plus tard, le boss du FN est l’invité du JT de 23h de TF1 ; marquant le début d’une présence médiatique intense qui continue de plus belle aujourd’hui. De ce fait, le FN obtient un score historique de 11.26% des voix à Paris aux municipales de 1983 ; 11% aux européennes de 1984 ; 9.63% aux législatives de 1986, etc. Merci qui ?

Les barons de la droite ne cachent plus, dès lors, leurs accointances avec le FN. De Balladur à Chirac, en passant par Pasqua, la porte lui sera toujours ouverte. Ainsi, en 1988, c’est le ministre de l’intérieur du gouvernement Chirac qui dira : « sur l’essentiel, le FN se réclame des mêmes valeurs que la majorité ». Des mots que le président de la République ne déniera jamais, allant jusqu’à prononcer le fameux discours du « Bruit et l’odeur »…

Car oui, en effet, les partis politiques ont participé à la lepénisation des esprits, récemment Sarko et son chef de campagne Patrick Buisson ont fait campagne en 2012 sur les thèmes du FN, et il y a quelques mois c’est la déchéance de nationalité qu’a tenté le PS de Valls et Hollande, aujourd’hui alliés à Macron.

Ainsi, celles et ceux qui font le lit du FN, ce sont d’abord celles et ceux qui votent pour ce parti ! Ce sont aussi nos élites politiques qui, par jeu tactique dégueulasse, et en participant à la déliquescence de la 5e République, permettent au FN de prospérer et de devenir crédible.

II - Ce modèle démocratique, c’est la confiscation de la parole du peuple

Aujourd’hui, et ce depuis longtemps, les gens votent comme ils jouent au PMU : ils choisissent un poulain, et misent dessus, sans réfléchir sur les programmes, sans en maitriser les tenants et les aboutissants. Mieux, on les abreuve de conneries télévisuelles afin de rendre leur temps de cerveau disponible. Plus l’électeur est incapable de décrypter réellement les programmes, mieux c’est pour nos élites dirigeantes. Des élites dirigeantes qui échouent, tu seras d’accord avec moi mon ami, à régler les problèmes de chômage, de précarité et de misère, ce pour quoi ils sont censés diriger, en fait ! Et pire encore, elles utilisent le 49-3 (6 fois ces 5 dernières années ‼ !) pour se passer du vote de l’assemblée, expression de la voix populaire (sic).

Est-ce donc une façon de s’exprimer, que de glisser un bulletin dans l’urne tous les 7/5 ans, et de donner ainsi un blanc-seing à des gens qui n’ont d’autres compétences qu’un diplôme des meilleures écoles ? Des gens qui n’ont jamais connus ces problèmes ? Et qui démontrent s’en foutre totalement : coucou le 49-3 ??

Car oui, les gouvernements de gauche comme de droite se succèdent, et c’est la même politique à un cran un peu différent qui gère le capitalisme. Et n’oublions pas la devise de la Constitution de 1958 : « gouvernement par le peuple, pour le peuple et par le peuple ». Nous en sommes si loin ‼

Et puis, d’ailleurs, quel est ce système démocratique qui élit un président avec tant de pouvoir avec seulement 35% des voix totales ? Voilà donc un homme qui devra gouverner un peuple qui l’a pourtant refusé à 65%‼ (chiffres de l’élection d’Hollande en 2012) euhhhhhhhhh, on nous prend pour des pigeons, non ? Voilà la réelle confiscation de la parole du peuple, et l’hypocrisie d’une classe politique qui se moque de la Constitution, fondement de notre République !

Qui pour légitimer ceci ? Pas moi. Et je ne suis pas le seul, puisque toutes les études sociologiques démontrent que la hausse de l’abstention est due à une crise de confiance, née des promesses non tenues, des affaires, des fraudes électorales (primaires UMP et PS), entre autres. Ainsi, une étude de décembre 2016, faite sur 210 000 jeunes de 18-34 ans, révèle que 93% n’ont pas du tout ou pas vraiment confiance en la politique. (étude "Génération What ? http://generation-what.francetv.fr/#). La faute à qui, sinon à nos élites politiques ??

Pire, dans les cités, lieux qui regroupent les pires problèmes économiques et sociaux, l’abstention est très forte. Pourquoi ? Ils se rendent bien compte qu’ils sont laissés pour compte, et qu’à part mettre toujours plus de flics en totale impunité, rien n’est fait pour eux. Sans parler de la représentativité, combien de ministres issus de l’immigration, celle qui permit de reconstruire la France après la guerre ? Voilà encore l’expression d’une crise de légitimité et d’une confiscation du pouvoir par une caste, par une oligarchie républicaine.

III - Si le vote changeait les choses, ça ferait longtemps qu’il serait interdit

Ce slogan intemporel est encore et toujours d’actualité. Car, je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, la gestion du capitalisme par la droite ou pas la gauche n’a rien résolu. Le chômage, la précarité, la misère est de plus en plus présente, et tous les curseurs économiques sont dans le rouge. Jamais les inégalités n’ont été aussi marquées en France. Et à chaque élection, les mêmes promesses. Comment, au nom de quoi, les candidats sont ils encore crédibles ?? Surtout que celui en passe d’accéder au trône est un ancien ministre de l’économie, un de ceux qui ont offert les 40 milliards du CICE aux patrons sans aucune contrepartie ! 40 milliards envolés alors qu’ils devaient permettre la création d’un million d’emploi, promesse de Gattaz. 40 milliards qui, bien utilisés, auraient pu créer des centaines de milliers d’emplois ! Et les gens, dont toi, mon cher ami Paul Hémique, sont prêts à voter pour cet homme, Macron pour ne pas le nommer. Un Macron qui, comme nous l’apprend ce matin (mercredi 26/04) le Canard Enchainé, a permis avec l’article 14 de sa loi aux patrons du CAC40 d’économiser 900 millions d’euros ! 900 millions !! Est ce pour cela que nous élisons nos présidents ?

Ainsi, aujourd’hui, le constat politique des 50 dernières années (pour arrondir), est terrible : les gouvernements ont été incapables de maitriser les enjeux de la mondialisation économique et financière, l’évasion fiscale, le chômage de masse, l’aggravation des inégalités et de la précarité, les flux de réfugiés, la montée des communautarismes, le terrorisme. Qui plus est, et c’est terrible, l’ascenseur social est en panne. Et en parallèle, les pratiques politiques de voyou se généralisent : corruption, scandales financiers, clientélisme, collusion entre intérêts économiques et politiques, fake news…

Or, Hamon, Macron, Fillon, c’est la continuité de tous ces maux. La Marine, c’est pire encore ! Mélenchon, dans une moindre mesure certes, mais il se dirige aussi dans cette même direction. Il reste Poutou, qui devrait lui même militer pour l’abstention pour être cohérent avec son programme !

IV - la domination d’une élite qui gouverne en réseaux opaques

J’utilise le terme d’« élite », mais j’aurais pu utiliser celui de « caste » ou d’« oligarchie ». Car en effet, nous retrouvons toujours les mêmes réseaux, ceux des grandes écoles de la Nation, formant ses futurs cadres pour être surs d’avoir un renouvellement des hommes capables d’assurer la continuité du régime politique.

De nombreuses études sociologiques, politiques, journalistiques, le dénoncent, mais les médias n’en parlent qu’à de très rares occasions. Et si je ne suis pas le genre d’homme à crier au loup de la théorie du complot, force est de constater qu’il y a une volonté réelle et organisée de continuer la même politique qui sert les mêmes intérêts. Ainsi, si le peuple de France est déclaré en crise depuis des années, les dividendes continuent, eux, à augmenter. Que ce soit le bouclier fiscal de Sarko, le CICE de Hollande-Macron, ou la loi Macron, la politique va toujours dans le même sens, celui de ceux qui s’enrichissent encore et toujours.

Deux chercheurs de la Sorbonne, Amadieu et Framont, ont étudié ce phénomène de l’abstention et en ont tiré plusieurs conclusions, dont celle-ci : « notre état des lieux de l’offre politique française peut se résumer à un constat : la majorité de la population en est absente, aussi bien dans sa composition sociologique que dans ses ambitions programmatiques. Rarement les organisations politiques n’ont été aussi élitistes dans leur recrutement et leur fonctionnement. L’abstention devient le seul moyen d’expression de la majorité de la population. Les politiques dérégulationnistes-interventionnistes qui fragilisent les classes populaires et renforcent les classes supérieures ne font que diminuer les possibilités de participation des premières et augmenter celles des secondes ».

Leur constat va dans le même sens que le mien. Il y a bien une élite qui gouverne pour asservir un petit peuple qui refuse de plus en plus de participer à ce jeu de dupes.

Penchons nous maintenant, succinctement, sur ces réseaux opaques. Je disais que nous retrouvons les mêmes hommes sous les mêmes gouvernements, quelle que soit leur couleur politique. Quelques exemples développés par Antoine Peillon, journaliste d’investigation indépendant, ou par le couple de sociologues Pinçon-Charlot. D’abord, la fameuse famille de Rothschild, dont a fait partie Macron. Le monde est si petit qu’Hollande, après la perte de son siège de député en Corrèze, est venu offrir ses services à son ami Edmond de Rothschild. Ce dernier y a mis la condition d’abandonner toute carrière politique, ce qui a poussé notre bon François à refuser, mais on voit bien, les liens entre les hommes de pouvoir et le milieu des affaires. Déjà, Mitterrand avait des accointances profondes avec ce milieu, citons par exemple Eugène Shueller fondateur de l’Oréal. Ou plus proche de nous Sarko et Bettencourt.

De plus, il y a ces énarques qui s’échangent les places, toujours dans la même logique néolibérale. Citons par exemple Jean Pierre Mignard, avocat, parrain des enfants de Hollande et conseiller de Macron pour ces élections. La fameuse « promotion Voltaire » de l’ENA, celle de notre président socialiste, se retrouve partout, par exemple Jean-Jacques Augier, directeur des taxis G7, proche conseiller de l’État, ou encore Jean-Michel Gaillard, à la Cour des Comptes. Mais le cas le plus probant est celui de Jouyet, proche de Sarko puis de Hollande, qui fit carrière au sommet de l’administration !

Ce ne serait pas aussi grave si ces hommes n’étaient pas d’ardents défenseur du néolibéralisme, celui-là même qui engendre misère et précarité. D’ailleurs, il est intéressant de voir que notre bon président, qui fustigeait la finance avant de la goinfrer, cosignait un livre sous le pseudonyme de « Jean-François Trans », développant une doctrine ultralibérale ! Un des auteurs est d’ailleurs Le Drian, qui soutient activement Macron à cette élection (tiens-tiens). En parlant de ce Macron là, il est intéressant de voir qu’il était le rapporteur de la commission Attali en 2007 sous l’égide de… Sarko ! Macron actif sous Sarko, puis sous Hollande, nous voilà en plein dans ce système d’élitisme et d’oligarchie !

Et c’est là que nous flirtons dangereusement avec le conflit d’intérêt ! Car nombre des proches de Sarko et Hollande, énarques bien classés, ont intégré l’Inspection générale des finances, et ont fait carrière dans les banques : on pourrait citer François Villeroy, qui passe de Strauss Khan à la BNP, ou Pierre Mariani, de Sarko à BNP puis Dexia, ou encore ce même Jouyet, directeur adjoint du premier ministre Jospin, puis président de Barclays, avant d’être nommé secrétaire d’État du gouvernement Fillon, avant de rejoindre en 2014 Hollande en tant que secrétaire général.

Ainsi, cette élite ultralibérale si présente aux seins des gouvernements successifs est constituée en un véritable réseau opaque, un réseau de gestionnaires des affaires publiques et privées, surtout bancaires, où la formation commune dans la promotion Voltaire de l’ENA représente un centre de gravité exceptionnel. C’est une marque flagrante du quinquennat d’Hollande, qui a toujours protégé les milieux d’affaires et les banques. Des banques qui ont aujourd’hui désigné leur poulain, Emmanuel Macron, dont il est issu.

Voter, c’est légitimer ceci, je m’y refuse.

V - La manipulation des mass-médias et les fake news

On en parle beaucoup, des fake news, depuis l’élection de Trump. C’est une combine qui consiste à distiller de fausses informations afin d’en faire une vérité et un moyen de propagande. C’est exactement ce à quoi se livre le gouvernement et les candidats à la présidentielle.

Et les médias de masse sont complices. Je ne ferai pas ici la liste des propriétaires des journaux et des groupes privés de chaines de télé, mais tout le monde pourra vérifier par lui même : rares sont les médias encore indépendants. On parle bien de « faiseurs d’opinion ». Ce sont ces mêmes médias qui diffusent de fausses informations sur l’abstention par exemple.

Nous entrons donc dans la manipulation de masse, une manipulation tronquée par le niveau de la politique actuelle basée avant tout sur la communication. Ainsi, c’est l’agence Havas qui dirige le candidat Macron. Havas qui conseillait déjà…. Hollande il y a 5 ans. Aujourd’hui, on appelle ce phénomène consistant à tronquer les faits à des fins de propagande politique la « politique de post-vérité ». Ce sont des stratégies de manipulation des opinions publiques. Ce concept a été développé par l’écrivain Steve Tesich, à propos de l’affaire de l’Irangate et de la guerre du Golfe où le gouvernement américain a menti pour légitimer sa politique impérialiste. Sarko puis Hollande s’y sont livrés. Souvenons nous, par exemple, de la tentative d’innocenter Cahuzac, orchestrée par le vice-président d’Havas Stéphane Fouks, reprise telle quelle par le JDD et l’OBS.

Ainsi, le pire mensonge de François Hollande a été à propos du chômage, et de l’inversion de sa courbe. Promesse de campagne, elle a même été une condition à sa candidature, et les chiffres ont été trafiqués afin d’aller en ce sens au cours de l’année 2016 ! Et nous sommes ici dans un lien étroit entre médias et gouvernement, ce qui est vraiment un putain de scandale ! En effet, malgré la hausse des chômeurs de toutes catégories, la communication du gouvernement a été de faire croire à une baisse du chômage, en faisant disparaitre 500 000 demandeurs d’emploi en formation. Très peu de médias se sont penchés sur cette disparition, et on a ainsi pu entendre de la bouche de notre bon président : « une confiance est revenue, c’est une satisfaction », le 26 décembre. Quel culot !

Voilà une raison supplémentaire de ne pas voter. Alors même que les médias sont censés être un contre-pouvoir efficace, nformer en toute transparence, ils se font les complices d’un véritable système de propagande orwellien !

Et encore une fois, le vote légitime ce système. Ne pas voter devient dès lors un vote de résistance.

VI - Pendant ce temps là… quelles alternatives ?

Pendant que la campagne présidentielle bat son plein, le monde s’arrête. L’actualité se concentre sur les hommes, les médias ne jouent pas leur rôle de contre-pouvoir, et en définitive la campagne fait diversion. On ne parle plus des conflits sociaux, de la précarité qui augmente, de la misère qui s’étend. Trump qui balance la plus grosse bombe depuis Nagasaki en Afghanistan ? Une broutille ! La CGT qui perd les élections syndicales : quoi, il y avait des élections syndicales ?

Bref, pendant ce temps-là, la société française continue de pourrir, et on ne parle que des élections.

Ce n’est pas ma vision de la politique. Pour moi, le sens noble de la politique n’est pas celui que je décris depuis le début de cet article. Je veux un débat au cœur du peuple. Je veux qu’on se réunisse en parlant en profondeur des sujets dont nous devrions être les seuls décideurs. Faire de la politique au sens noble du terme, c’est exiger localement les meilleurs services publics. C’est débattre de l’accueil des réfugiés. C’est se mobiliser pour mettre en place des distributions de couvertures aux SDF pendant l’hiver. C’est créer des assemblées populaires locales, par quartier. C’est créer des boulangeries à bas prix, des crèches autogérées, développer les coopératives et les entreprises sans hiérarchie verticale. Vous l’aurez compris, c’est faire de la politique par le bas et non par le haut.

Refuser le vote, c’est se battre de cette façon, en participant au contre-pouvoir réel, celui de la rue. Car c’est dans la rue et dans les rapports de force que se sont gagnés les acquis sociaux, ne citons que les congés payés par exemple. Sans la rue et les révolutions, nous serions encore gouvernés par la noblesse et le clergé, nous le Tiers État ! Nous serions encore sous l’Ancien Régime, où 1% de la population détenait 98% des richesses et la totalité du pouvoir décisionnel. Ah mais… n’en sommes nous pas un peu revenus à ça ? Sur le principe, ce que je viens de démontrer revient finalement à cette situation de confiscation du pouvoir et des richesses par une élite…

Et puis, franchement, ceux qui sont morts pour la démocratie, la séparation des pouvoirs et la République, se retourneraient dans leurs tombes en voyant le recul des idéaux et des conquêtes acquises de hautes luttes ! Et sans doute appelleraient ils à une nouvelle révolte, et d’abord à l’abstention. Car aujourd’hui, voter, c’est choisir son maitre dans une servitude volontaire terrible ! Et c’est La Boétie qui nous encourage : « Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres ! »

Et c’est Tocqueville qui nous dit, dans un texte si actuel : « dans la démocratie, les simples citoyens voient un homme qui sort de leurs rangs et qui parvient en peu d’années à la richesse et à la puissance ; ce spectacle excite leur surprise et leur envie ; ils recherchent comment celui qui était hier leur égal est revêtu du droit de les diriger. Attribuer son élévation à ses talents ou à ses vertus est incommode car c’est avouer qu’eux mêmes sont moins vertueux ou moins habiles que lui. Ils en placent donc la principale cause dans quelques uns de ses vices, et souvent ils ont raison de le faire. Il s’opère ainsi je-ne-sais-quel odieux mélange entre les idées de bassesse et de pouvoir, d’indignité et de succès, d’utilité et de déshonneur ». Voilà un auteur qui va plus loin d’ailleurs en dénonçant la recherche de ses intérêts personnels égoïstes par l’accès au pouvoir.

Un pouvoir qui corrompt et qui trompe, un pouvoir qui soumet et impose. En définitive, vivre sa citoyenneté, l’exercer au plus fort du principe, n’est-ce-pas de s’abstenir pour participer de facto à la vie de la cité ? Et s’abstenir, n’est-ce-pas la meilleure façon de s’engager en politique ?

Ne pas voter, c’est refuser de se cacher lâchement derrière un vote inutile et fantasmé, un vote qui donne un blanc-seing fallacieux et trompeur à une élite qui nous regarde d’en haut avec un dédain méprisant. Et puis,même les plus dures dictatures utilisent le vote pour légitimer leur pouvoir !!

Les façons de faire autrement existent déjà, et elles sont nombreuses. Il y a les ZAD, qui fonctionnent en autarcie et de fort belle manière, mais il y a tout un pan de la population qui refuse cet asservissement du vote et qui met en place des organisations parallèles en faveur d’un réel progrès social et économique.

Aujourd’hui, on prétend nous faire peur avec l’arrivée du FN au pouvoir... Mais sa politique est déjà appliquée, et ce depuis l’État d’urgence. Les luttes se vivent au présent, pas dans le fantasme d’un futur hypothétique.
Et le présent, là, maintenant, c’est de refuser d’etre instrumentalisé par une caste nauséabonde.

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