Dijon
Depuis les premières manifestations dijonnaises, une obsession se détache. Les Gilets Jaunes ont presque systématiquement été à la gare pour occuper les voies, dans la rue de la Liberté pour perturber le samedi shopping des consommateurs, ou devant la mairie pour interpeller les représentants du pouvoir local. Tout cela pour finir, immanquablement, par aller s’écraser sur les lignes de flics qui gardent la préfecture, attirés là comme des moucherons sur une lampe anti-moustique.
Ce samedi n’a pas dérogé à la règle, puisque après ce petit tour au centre-ville, le cortège s’est rapidement retrouvé, comme les semaines précédentes, à s’affronter avec les forces de l’ordre dans les rues avoisinant la Préfecture.Comme le 1er décembre, des affrontements ont duré plusieurs heures, avec une intensité rarement atteinte à Dijon. Mais cette fois-ci, le camp d’en face était mieux préparé. Pas vraiment de dispositif mobile comme annoncé, mais des grilles anti-émeute enlevant toute possibilité d’imaginer pouvoir atteindre la Préfecture. Et du gaz, et des flashball. Toujours plus de gaz et de flashball. Des personnes ont été touchées au front, aux testicules, dans le ventre, les jambes, et un jeune homme a eu la mâchoire brisée par une de ces balles en caoutchouc.
Lyon
Avec une sono, un petit groupe transforme l’angle de la place Bellecour et de rue de la Ré en dance-floor. Les flics n’apprécient pas, ils gazent la foule présente à cet endroit. Les touristes et les danseurs refluent, certaines s’énervent, les barrières sont mises au travers de la route, et ainsi de suite. Les gens se retrouvent au niveau de la place de la République. Les gens sont assez solidaires, qu’on soit touriste, lyonnais, jeune ou vieux. On souffle à peine que la brigade à Pastor déboule sur plusieurs cotés de la place, matraquant sans distinction toutes les personnes présentes sur place, leur volonté était clairement de blesser des personnes. On peut constater d’ailleurs qu’ils ont réussi à en blesser plusieurs sans aucun problème.
Globalement je tire trois conclusions de cette journée :
- Si les flics étaient moins des tarés de la gâchette il ne se serait rien passé. De par leur incompétence et leur violence gratuite ils ont énervé pas mal de gens.
- Que la population dans la rue était bien différente en début d’aprem qu’en fin d’aprem.
- Qu’il serait pas mal de réussir à affirmer une parole claire, portant effectivement sur la galère des fins de mois et l’écologie, sur des bases qui nous sont propres.
Toulouse
La presse raconte que les « casseurs » étaient des banlieusards profitant de l’occasion pour « tout casser » -comme si la violence révolutionnaire était un simple loisir. De mon côté, j’ai passé la journée à soigner des gens très divers : lycéens voulant riposter à la violence subie toute la semaine, étudiants, travailleurs de tous secteurs et tous âges (vers 18h30, j’ai même administré du sérum phy à un retraité qui avait été gazé), filles et garçons, « anars » comme gilets jaunes et écolos, tous unis et constamment solidaires sans regarder leur origine. Moudenc (le maire), disait sur BFM avoir vu des gens de l’ultradroite et de l’ultragauche main dans la main. Premièrement, il faudra qu’il m’explique comment, d’un seul regard, il devine l’orientation politique des gens. Deuxièmement : tout le monde s’en foutait. La barrière politique s’était effacée entre les uns et les autres, pour la raison très simple que par-delà la divergence des solutions, il y a une convergence réelle des problèmes.
Marseille
Grande solidarité entre les différentes composantes. Les résidus de discours pacifistes se sont évaporés. Tout le monde est là, ensemble, pour en découdre. Trop peu de thunes, trop de mépris, désormais ce sera l’émeute populaire jusqu’à ce que le pouvoir lâche de l’argent. C’est le sentiment partagé sur la Canebière. Une voiture de location est enflammée en bas de la Canebière. Les flics se font pressants et gazent comme des malades. La BAC, habituellement décomplexée et toujours prête à la ratonnade, aujourd’hui casquée et solidement harnachée, s’attelle à protéger, en bons larbins, les boutiques de la rue St Férréol...
Tours
Alors qu’on s’ennuie un peu, aux alentours de 17h, des flics se déploient en haut de la rue de Buffon et dans la rue de la Préfecture. Mécaniquement, cela entraîne un mouvement vers Jean Jaurès : on craint la nasse. Et puis les flics tirent les premières lacrymo sur la place, qui se vide assez rapidement. La foule exprime avec des mots un peu vifs son désamour de la police. Au même moment, rue Nationale, un flic lance « Dégagez, zone de guerre » pour toute sommation. Une minute après, la rue Nationale est sous les gaz, entrainant un mouvement de foule vers la place Anatole France. Les personnes réfugiées dans les magasins doivent sortir par l’arrière.
Nantes
Le cortège n’a ensuite pas d’autre choix que de revenir vers la place du Commerce : le long du cours des 50 otages, on dénombre : une brûlure par un palet de lacrymo sur la main, 1 tir de LBD sur la cuisse, 1 tir de LBD bras droit assez sérieux et 3 autres personnes touchées à divers endroits sur les jambes par LBD40 également. Une jeune femme et st victime d’un tir tendu de grenade sur le pied. Une personne à également reçu un projectile origine inconnu au visage, sur la tempe, à hauteur de la place du cirque. Saignant abondamment, elle est évacuées pompiers.
Retour à commerce : le cortège est brutalement séparé en deux par la police cours Olivier de Clisson. Au moins deux personnes sont victimes d’éclat de grenade, sur le pied et le genou, une autre reçoit un tir tendu sur le pied. Deux personnes sont touchées par des tirs de LBD40, au niveau de la cheville pour lune, dans le dos pour l’autre heureusement protégé par son sac à dos.
Limoges
On arrive devant la préfecture, le capitaine de police des CRS nous annonce que si nous approchons plus il emploiera la force... Devant les grilles anti-émeutes et la horde de flics sur-armés on hésite à nouveau. Il est envisagé d’aller bloquer les Casseaux, mais devant les barrages de police on prend la rue Garibaldi direction place Carnot. Arrêt devant le centre commercial Saint-Martial, barricadé par des flics en tenue anti-émeute, on crie « Anticapitalistes », « Police, à genoux, les mains sur la tête » en référence aux lycéens humiliés de Mantes-la-Jolie. Place Carnot nouvelle hésitation, on a perdu du monde. Certains veulent rejoindre le rassemblement des gilets jaunes à FR3. L’arrivée en force de nombreuses voitures de police nous fait vite partir à nouveau vers la gare où nous reprenons notre souffle. Beaucoup s’arrêtent là.
Nancy
En début d’aprem’ rendez-vous à l’esplanade Kennedy pour la marche du climat. A 13h40 déjà pas mal de monde (7 ou 800 personnes), quelque GJ. Il n’y aura pas de cortège aux idées libertaires dans cette marche, trop peu sont présent-e-s.
Un petit tract est distribué à tout le monde. Le bout de papier explique comment, selon les organisteur-trices, doit se comporter un-e bon-ne manifestant-e, bien gentil-le, le visage découvert, d’une non violence stricte.
Les prises de parole commencent, on apprend que la veille la pref a interdit la manifestation, elle aura tout de même lieu, 75 personnes s’étant portées garantes de son bon fonctionnement en préfecture... chose à ne jamais faire : deux d’entre elles seront mises en garde à vue à la fin de la manif et libérées le lendemain midi !