Tout ça pour une voiture ?

Retour sur une manif mouvementée.

On entend tout et n’importe quoi en ce moment sur la journée du 18 mai, et au sujet de cette fameuse bagnole de flics. Que les journaleux de tout bords en fassent leur beurre, tant mieux ou tant pis, cela ne nous concerne plus tellement. Le souci est que certains, qui étaient paraît-il là pour les mêmes raisons que nous, contribuent à la confusion au moment où des personnes subissent la répression. Je vais donc raconter ce que j’ai vu de cette journée.

Nous avions prévu de nous rendre sur la place, mais n’avions pas anticipé un tel déploiement et des contrôles aussi importants. Les gendarmes étaient présents à toutes les entrées et l’action symbolique que nous avions prévu n’a donc pu se faire, faute de risquer de perdre inutilement une belle banderole. Ce qui est toujours rageant pour les camarades qui on passé du temps à la faire.
Nous sommes donc venu les mains dans les poches, pour ainsi dire. Des gens se sont attroupés à côté du café sur la place même, et bientôt le rassemblement fut assez fort pour commencer à taquiner les gendarmes. Des poussées successives et prolongées, des slogans marrants, jusqu’à ce que l’équipe adverse, manquant de renfort pour nous arrêter, fasse usage de ses gazauses familiales. Jusque là rien de bien méchant, les gendarmes n’étaient pas casqués, il y avait beaucoup de journalistes, ce qui a dû les décourager d’être trop teigneux.

À partir de ce moment le rassemblement a reflué et bloqué le boulevard Magenta. Étant trop loin pour gêner le rassemblement d’Alliance, et ayant de toute façon la vue bouchée par les camions de gendarmes garés sur la place, la tentation était grande de partir et tenter autre chose. En effet, les gendarmes n’avaient pas bloqué les rues Léon Jouhaux et Beaurepaire. Des gens se sont alors avancés, appelant les autres à les rejoindre.

C’est à ce moment que certain.es voient le début d’une manœuvre policière pour nous faire partir d’un endroit qui les gênerait. Certain.es auraient vu un bacqueux avec un Levi’s passer les rangs de CRS, puis le même mec masqué avec un Levi’s qui tentait de faire partir la manif en sauvage, sacré témoignage. Ce que j’ai vu, c’est plusieurs dizaines de personnes appeler les autres à partir. Ceci ne s’est d’ailleurs pas fait sans mal car une ligne de gendarmes a tenté de s’interposer, mais ils étaient trop peu nombreux et déjà encerclés. Ce qui s’est probablement passé, c’est une mauvaise coordination entre CRS et gendarmes, à l’endroit où se croisaient leurs dispositifs. Nul besoin de nous ressortir cette foutue théorie de l’infiltration policière qui n’existe que dans l’esprit des conspis et des rouges qui voient le mouvement échapper à leurs petites théories étriquées.

Et quand bien même des flics auraient participé à lancer cette manifestation, quelle leçon devrait-on en tirer ? Admettons que nous étions trop gênants pour ne pas simplement rester là. Les flics auraient pu être tentés de nous faire partir de la place, mais dans ce cas pourquoi ne pas simplement faire avancer leurs lignes et nous avoir nassé.es dans la rue Jouhaux, loin de la vue de tous ? Ils étaient largement assez nombreux pour ça. Voulaient-ils aider Alliance à étoffer son propos en déclenchant des affrontements ? Il y en a assez en ce moment pour ne pas avoir à en rajouter. Le témoignage sous-entend même que les flics auraient pu être à l’origine de l’incendie de la voiture. Quand des personnes subissent de plein fouet la répression, voilà certainement une attitude responsable à avoir.

Que ces bouffons de trostkystes de Révolution Permanente-NPA s’abstiennent de donner des leçons au mouvement social [1], nous n’avons pas besoin de leur avant-garde et encore moins de leurs conseils de tièdes. Une bagnole de flics a été cramée en marge d’un rassemblement de condés, alors que tout contre-rassemblement avait été interdit et des membres d’associations de familles de victimes de la police harcelées ; le message est bon.

Une remarque d’ordre tactique néanmoins : une des vidéos montre le conducteur de la voiture sortir son arme de service, avant de la rengainer. Ce qui est à craindre dans ce genre de situation c’est que les flics se sentent suffisamment menacés pour faire usage de leur arme. Il serait bon de toujours prévoir une voie de fuite pour eux, au risque de subir un nouvel assassinat du type de celui de Carlo Giuliani.

Méfiance : des journalistes de France 2 tentent d’interviewer des gens pour leur faire dire que des membres d’un groupe particulier seraient responsables de l’action.

Solidarité avec les personnes arrêtées.

Erwin, groupe Regard noir

Localisation : Paris 10e

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