Témoignage sur la répression à Tolbiac jeudi 17 mars

Témoignage d’étudiant-e-s présent-e-s à Tolbiac sur les violences policières ayant suivies la brève occupation de l’amphi N jeudi 17 mars.

Trois AG étaient prévues à Tolbiac hier (jeudi 17 mars) : une assemblée des étudiants de Paris 1 le matin, une assemblée de coordination universitaire, une assemblée inter-luttes. Cette dernière se voulait un lieu de rencontre pour tous les secteurs en lutte. L’information avait largement circulé ces derniers jours (18 heures à Tolbiac, après la manifestation), et a été maintenu, pour au moins se retrouver, bien que l’on ait appris que tout le site de Tolbiac était fermé sur décision de l’administration depuis le matin.

On attendait donc 18h en pique-niquant devant les grilles. Quelques vigiles sont présents à l’intérieur, ainsi qu’un homme à cravate rouge (le directeur du centre ?) qui parade et nous observe depuis les hauteurs des petites collines de béton. 18h arrive, on s’aperçoit que l’entrée du parking, par où on peut rejoindre l’amphi, est ouverte. L’espoir renaît que l’AG puisse quand même se tenir ici et on se dirige vers cette entrée. Deux vigiles, et un homme qui se présente comme le président du bâtiment, essaient de nous dissuader, mais ils sont 3 et leurs arguments sont tristes, nous sommes 200 et plus vivants qu’eux, ils s’écartent. Arrivé dans l’amphi, une vague d’euphorie et, peut-être, un pressentiment de l’urgence, font naître quelques tags : « occupation » et « continuons le début »… D’autres personnes nous rejoignent, en escaladant les grilles, ou par la porte de l’amphi qui donne directement sur la rue.

Le présumé directeur du centre à cravate rouge entre dans l’amphi, on lui explique qu’on veut faire l’AG (il le savait déjà), on lui demande de sortir, il sort. On pense (on se trouvera naïf après coup) que les murs de la fac sont malgré tout encore gardiens d’un minimum d’éthique, qu’il y aura au minimum des scrupules, des hésitations à nous déloger violemment d’ici, et que ces hésitations nous laisserons le temps de discuter.

Eh bien non. Cinq minutes suffisent pour que les CRS arrivent devant les grilles, on les voit, depuis la baie vitrée du hall, de plus en plus nombreux. On voit cet homme à cravate rouge discuter avec eux, s’apprêter à leur ouvrir. On se retranche dans l’amphi, l’AG commence, le texte d’appel rappelant les points à discuter est lu en même temps que l’on barricade les portes. Les CRS arrivent, commencent à forcer les deux portes en bas de l’amphi. Ils rentrent, avec leurs boucliers, leurs casques, leurs armures, leurs matraques. Quelle vision d’horreur, ces CRS qui remontent les marches de l’amphi, alors qu’il y a un encombrement pour sortir par le goulet de la porte du haut, et eux ils arrivent, nous compressent, nous tabassent. Les premiers sortis débouchent dans la rue et s’enfuient, mais pour les derniers, une nasse a eu le temps de se former, d’autres CRS nous encerclent, et nous gazent. On est environ 70, on se fait passer du collyre pour les yeux, on cherche nos amis. Une étudiante a un très gros hématome à l’avant-bras, peut-être cassé, par un coup de matraque.

À l’extérieur de la nasse les CRS poursuivent des gens, on voit une personne se faire mettre au sol et se faire taper par quatre CRS. On apprendra plus tard qu’une femme a reçu des coups de matraque sur le crâne, que les CRS lui ont ensuite couvert la tête pour qu’on ne voie pas son visage en sang. C’est peut-être à cause de ce sang (ce qu’ils appelleront « bavure », peut-être ?) que nous qui étions dans la nasse avons finalement été libérés.

Il y a eu 4 arrestations ce jour à Paris. 23 arrestations dans toute la France.

De qui, de quoi, s’autorise cet homme à cravate rouge qui, en ouvrant les grilles, a donné son accord pour que l’amphi soit un lieu où l’on casse des bras et des têtes à coups de matraques ?

Mots-clefs : violences policières
Localisation : Paris 13e

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