Système pénal : système racial, patriarcal et du capital ? La justice en procès de Mai 68 à nos jours [Radio]

| Sortir du capitalisme

Une présentation et une discussion des critiques et des débats dans l’extrême gauche (féministe, maoïste et homosexuelle) autour de l’institution judiciaire (et carcérale) au cours des années 1968 (et jusqu’à nos jours) autour de La Justice en procès. Les mouvements de contestation face au système pénal (Presses de Sciences-Po, 2013) – avec l’auteur, Jean Bérard, historien, maître de conférences à l’ENS Cachan, et également (co)auteur avec Gilles Chantraine sur ce sujet de 80 000 détenus en 2017 ? Réforme et dérive de l’institution pénitentiaire (Amsterdam, 2008) et de Bastille Nation : French Penal Politics and the Punitive Turn (Red Quill Books, 2013).

Système pénal : système racial, patriarcal et du capital ? La justice en procès de Mai 1968 à nos jours

L’émission (1 heure 20 minutes) comporte :

Un rappel des mobilisations pré-1968 autour de l’institution judiciaire, centré autour de l’erreur judiciaire (affaire Dreyfus, affaire Durand) et des prisonniers politiques (anarchistes, militants anticolonialistes), et des critiques pré-1968, centré autour de l’idée de justice de classe, sans pour autant (en-dehors des anarchistes) de soutien aux prisonniers de droit commun, assimilés au « lumpenprolétariat » ;

Une analyse du tournant de mai-juin 1968 et de ses suites, avec un passage d’une défense des prisonniers politiques (militant d’extrême gauche emprisonné) à une défense de l’ensemble des prisonniers et de leurs luttes (GIP) ;

Une présentation de la critique post-1968 des « institutions disciplinaires » (prisons, asiles, armée, foyers de travailleurs, foyers de jeunes filles, orphelinats, collèges, lycées, famille, usines) et de leurs rapports de « domination rapprochée » (Memmi) ;

Une discussion des héritages anarchistes des critiques anticarcérales des années 1968 ;

Un exposé des critiques post-1968 de l’idée maoïste de « justice populaire » ;

Une analyse des institutions disciplinaires comme tentatives de modelage, de redressage et de normalisation des comportements considérés comme déviants aux moyens d’un pouvoir discrétionnaire fait de punitions et de gratifications ;

Une discussion des positions anticarcérale maximaliste (abolition des prisons) et anticarcérale minimaliste (défense des droits des prisonniers) et de leur articulation ;

Une analyse du passage d’une critique moralisatrice des bourgeois comme « déviants » au nom d’une « moralité ouvrière » à une critique des normes au nom des « déviants » contestant l’ordre normalisateur des institutions disciplinaires ;

Une description du passage d’une punition d’un seul délit à une punition du délit et du délinquant (qu’il s’agit, par conséquent, de redresser dans une institution disciplinaire) ;

Une discussion de l’évolution de l’articulation des nouvelles critiques sociales (homosexuelles, féministes, antiracistes, anticarcérales, antipsychiatries) aux théories marxistes et anarchistes ;

Une analyse de l’extension des biais de l’institution judiciaire (impunité des bourgeois, mais également des violeurs et des auteurs de crimes racistes) ;

Un résumé des débats dans l’extrême gauche et au sein du féminisme autour du viol au cours des années 1970 ;

Une analyse contextualisée du débat post-1968 autour de l’autorisation (ou non) des relations sexuelles entre majeurs et mineurs, et des problèmes structurels (domination adulte) que de telles relations impliquent tendanciellement ;

Une conclusion autour de l’évolution de ces critiques, de ces tensions (luttes antirépressions pénales et luttes de répression des crimes sexuels), de ces questions (tournant sécuritaire-punitif des politiques publiques) et des alternatives au tout-judiciaire (autodéfense féministe) depuis une quarantaine d’années ;

Une ouverture au sujet de la justice zapatiste et zadiste, et de l’impérieuse nécessité d’une transformation sociale pour faire émerger une autre forme de justice.

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