Sur l’actualité sociale et les grèves contre la loi travail, à l’attention des migrant.es / refugié.es

La violence de « l’accueil » en France des migrant.e.s, demandeurs d’asiles ou non, se double de celle de ne pas considérer ces femmes et ces hommes, quittant ou fuyant leur pays pour diverses raisons, comme des sujets politiques. La réforme sur le code du travail touche en premier lieu les plus précaires, les femmes, les immigré.e.s. La question du travail des sans-papiers est centrale : chantage au chômage, injonction à la peur de l’étranger. Parce que la langue ne devrait pas être une barrière à nos luttes, ce texte est traduit en quatre langues. Pour informer les personnes arrivées en France depuis peu.

Ce texte a été écrit par des participant.e.s du journal Merhaba et des camarades également contre les frontières. Nous comptons sur les francophones pour le faire circuler auprès des personnnes n’ayant pas accès aux textes en français.

Texte mis en page, en arabe, persan (farsi), anglais, français

Sur les événements politiques et sociaux qui se déroulent actuellement en France

Un mouvement social commence en France, pour protester contre la loi sur le travail que l’État veut mettre en place. Si elle passe, la loi El Khomri aggravera encore la situation, déjà précaire, de tous les travailleurs, avec ou sans papiers. 

La situation actuelle des travailleurs en France

En France aussi, la situation des travailleuses et travailleurs est difficile. Il y a beaucoup de chômage, des contrats précaires (employés à temps partiel, ou bien intérimaires, employés à la semaine ou à la journée sans être sûrs d’être repris). Il est difficile de se loger, de payer ses factures, de se soigner correctement, de se nourrir… La situation est encore plus difficile pour les travailleurs immigrés avec ou sans papiers.

Il existe un Code du travail qui protège les salariés mais aussi les personnes non déclarées (comme les sans-papiers, même si pour eux c’est plus compliqué). Ce Code du travail est le résultat des victoires des luttes ouvrières menées depuis le XIXe siècle, et les droits que l’État et le patronat ont accordés aux travailleurs ont été arrachés dans un rapport de force, par des grèves, parfois très longues, des manifestations…

Le droit du travail impose les conditions minimales de travail : un patron ne peut pas licencier comme il veut, les horaires, les pauses et le travail de nuit sont réglementés, le travail des enfants est interdit, la santé et la sécurité des travailleurs doivent être protégées.

Tout cela, c’est dans la loi, et elle n’est déjà pas toujours respectée !

L’emploi des sans-papiers permet de faire baisser les salaires
Pour contourner ce droit du travail, les patrons emploient au noir, c’est-à-dire sans déclarer. Employer un sans-papiers permet au patron de faire beaucoup d’économies (il ne le déclare pas donc ne paye pas de charges et d’impôts) et il peut toujours lui faire peur en menaçant de le licencier ou de le dénoncer ! Beaucoup de sans-papiers sont donc moins bien payés, travaillent plus et dans des conditions dégradées car ils ne peuvent pas se défendre. 

Pourquoi l’État ferme-t-il les frontières ? Pourquoi l’État français ne régularise-t-il pas les sans-papiers en France ? Il peut ainsi maintenir les travailleurs sans-papiers dans une situation les forçant à travailler dans n’importe quelles conditions, sans possibilité de se défendre. Maintenir les migrants dans la misère, cela permet de leur faire peur et de les transformer en travailleurs dociles parce que toujours menacés. Cela permet aussi à l’État et aux patrons de créer une concurrence entre les travailleurs avec papiers et les travailleurs sans-papiers, de les diviser et d’entretenir un climat de peur (peur de l’étranger qui vole le travail), qui mène à la dégradation des conditions de travail de tous.
 
La nouvelle loi va aggraver la situation de tous  
Le Code du travail protège tous les travailleurs : c’est une base minimale qui s’applique partout au niveau national. Si la loi El Khomri est votée, cela ne le sera plus. Au niveau des entreprises, les conditions de travail se dégraderont, le temps de travail pourra aller jusqu’à 60 heures par semaine et 12 heures par jour et les employés seront obligés d’accepter. Cela, car les licenciements seront possibles sur simple décision du patron, sans protection des salariés. 

C’est pour les personnes les plus précaires (femmes, travailleurs sans papiers) que les reculs vont être les plus importants, en particulier quand il s’agit de se défendre face à son patron. Faire valoir ses droits est déjà difficile, cela le sera encore plus avec la loi. Attaquer son patron aux prud’hommes (le tribunal qui gère les conflits du travail) est déjà très difficile, ce sera encore moins possible. La loi touche tous les travailleurs. Les plus précaires qui travaillent dans des conditions déjà très difficiles vont être encore plus mis sous pression. La frontière entre travailleurs déclarés et travailleurs au noir va être de plus en plus mince. 

Des moyens de se défendre : faire la grève et manifester !
Les protections générales ont été obtenues à la suite de mouvements sociaux. Des mouvements de travailleurs sans papiers, en France, luttent pour les papiers, mais aussi contre les conditions de travail imposées aux sans-papiers. Ils demandent le même traitement que les autres travailleurs en France. 

En ce moment, un mouvement social commence pour demander le retrait du projet de loi. Des journées de grève sont prévues. Une base de salariés est décidée à lutter, notamment dans les transports : SNCF, RATP. Et aussi une partie de la jeunesse : dans les universités et les lycées, des assemblées générales se tiennent, des actions sont prévues. Il y aura de très grandes manifestations (probablement plusieurs centaines de milliers de personnes). Certainement, des occupations, des blocages, des assemblées. 

Le mouvement social, c’est un moment où toutes les personnes en lutte peuvent se rencontrer, discuter et aussi un moment où les migrants peuvent faire entendre leur voix, leurs revendications. Sachant que parmi les personnes qui sont en grève et en lutte se retrouvent celles et ceux qui traditionnellement sont le plus favorables à l’égalité des droits entre migrants et non-migrants et à la liberté de circulation et d’installation pour toutes et tous, c’est-à-dire à des papiers pour tous (ou plus de papiers du tout).

Pour ne pas laisser l’État et les patrons diviser encore plus les personnes les plus précaires, il est important de lutter ensemble pour l’amélioration des conditions de tous les travailleurs.

Note

https://merhaba.noblogs.org/
mail : merhaba@riseup.net

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