Soutien à Jean-Marc Rouillan, condamné à huit mois de prison

Ce 7 septembre, le tribunal a déclaré Jean-Marc Rouillan coupable d’apologie du terrorisme et l’a condamné à huit mois de prison ferme, décision dont il a fait appel. Après près de trente ans déjà passés derrière les barreaux, soutenons-le à travers cette nouvelle attaque judiciaire absurde.

C’est suite à une interview avec le journal "satirique" Le Ravi dans l’émission "La Grande Tchatche" que ses membres animent sur Radio Grenouille que tout s’est déclenché.

La phrase incriminée, celle qui est prise comme justification pour enterrer vivant une personne qui a déjà passé beaucoup plus d’un tiers de sa vie en prison, et que presque tous les médias ont repris en boucle tel un anathème, est qu’il a pensé que les responsables des attentats de novembre « se sont battus courageusement dans les rues de Paris ». Ce qui est en jeu ici, c’est la charge morale symbolique apportée au mot ’courage’.

Mais pourquoi Jean-Marc Rouillan ?

Jean-Marc fait partie des prisonnier-e-s qui ont passé le plus de temps en prison du fait des actions qu’il a menées et de la vie qu’il a suivi pour défendre ses idéaux politiques. Des groupes autonomes Toulousains au Mouvement Ibérique de Libération (MIL) en Espagne, puis les GARI (Groupes d’Action Révolutionnaire Internationalistes) et sa participation aux années de soulèvement en Italie, avant de participer à l’expérience d’Action Directe pendant près de dix ans, on ne peut que voir la trajectoire d’un révolutionnaire qui a tout donné, ou tout du moins qui a voulu tout donner pour en finir avec la barbarie du monde capitaliste et toutes les tragédies qu’il engendre.
Et c’est un choix, un parcours, qu’il a déjà très lourdement payé : arrêté le 21 février 1987 dans une ferme près de Vitry-aux-Loges aux côtés d’autres militant-e-s d’Action Directe (Nathalie Ménigon, Georges Cipriani, Joëlle Aubron), il ne sortira en liberté surveillée qu’en 2007, avec interdiction absolue de parler de ses expériences au sein du groupe armé, devenu un fantôme dont même le nom ne doit pas être évoqué. Ce qui n’est pas sans nous rappeler la situation actuelle.

Son régime de semi-liberté lui est ôté en 2008, après que des journalistes de l’Express le poussent, dans une interview où ils cherchent à lui faire parler d’AD, à déclarer "Je n’ai pas le droit de m’exprimer là-dessus… Mais le fait que je ne m’exprime pas est une réponse. Car il est évident que, si je crachais sur tout ce qu’on avait fait, je pourrais m’exprimer. Par cette obligation de silence, on empêche aussi notre expérience de tirer son vrai bilan critique".
Cette simple phrase, très lucide au demeurant, suffira à le renvoyer derrière les barreaux entre octobre 2008 et février 2011, date à laquelle "le pays des droits de l’Homme et de la liberté d’expression" lui consent une nouvelle mesure de semi-liberté, situation dans laquelle il se trouvait toujours jusqu’à cette nouvelle affaire qui nous occupe.

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