Second rapport de l’Observatoire de l’état d’urgence sanitaire

Dès la déclaration du confinement, des pratiques de solidarité et des formes d’auto-organisation ont émergé dans de multiples secteurs de la société. À la croisée des luttes de ces dernières années, nous nous sommes réuni·e·s entre militant·e·s des quartiers populaires et des immigrations, membres des Gilets noirs et de La Chapelle debout !, militant·e·s autonomes, communistes et anarchistes, militantes féministes et antiracistes, militant·e·s antifascistes et anticarcéraux, militants anticoloniaux et anti-impérialistes, principalement à Paris et Toulouse.

Depuis le début de l’état d’urgence sanitaire, de multiples pratiques de résistance, d’entraide et d’autodéfense ont pris forme pour répondre aux nécessités de survie quotidienne et faire face aux violences d’État. Pour comprendre ce qui se met en place et renforcer nos luttes, un collectif d’enquête s’est constitué à la croisée des alliances tissées ces dernières années, à Paris et Toulouse principalement.

Notre premier rapport avait suscité de l’intérêt dans différents secteurs en résistance et il a eu des échos constructifs dans la presse indépendante et sur les réseaux sociaux. Il a permis de créer de nouveaux liens, d’en renforcer d’autres et de se former collectivement à la production d’une connaissance critique capable d’armer nos luttes.

Voici notre second rapport. Il réunit une nouvelle fois des personnes impliquées dans les luttes actuelles pour analyser ce qui est à l’œuvre et concevoir des moyens concrets pour renforcer les résistances dans les quartiers populaires, les territoires coloniaux, dans les prisons, les CRA et les foyers d’immigrés.

Le groupe d’enquête sur les colonies d’outre-mer introduit le rapport en décrivant les derniers déploiements répressifs de l’impérialisme français à Mayotte, à la Réunion, en Kanaky et en Guyane notamment. Il décrit des résistances organisées à différents degrés, mais qui se multiplient et se diversifient. Les Gilets noirs livrent leur seconde autoenquête menée dans les foyers de travailleurs immigrés où ils s’organisent en région parisienne face au durcissement des conditions de vie et des pratiques répressives et racistes des gestionnaires. Le groupe d’enquête sur les violences d’État dans les quartiers populaires s’est élargi et a décortiqué la gestion policière du socioapartheid à partir de données collectées en ligne et directement dans la rue pour organiser la solidarité face aux répressions qui ont commencé à frapper les dernières révoltes. Le groupe « prisons » a mené plusieurs entretiens avec des détenus dans des maisons d’arrêt pour majeurs de la région parisienne. Il décrit la transformation des luttes face à la diversité des procédés répressifs mis en place. Un groupe d’enquête sur les aspects juridiques de l’état d’urgence sanitaire s’est penché sur la détention provisoire. Il montre comment la loi du 25 mars 2020 permet d’étendre les domaines de ce dispositif d’enfermement. Enfin, des militantes de « À bas les CRA ! » se sont associées à l’Observatoire pour décrire l’évolution des luttes et des violences d’État dans les prisons pour étrangers pendant l’état d’urgence sanitaire.

Les synthèses qui suivent ont été rédigées par chaque groupe à la suite d’enquêtes menées de manière autonome. Elles ont été ensuite restituées collectivement entre tous les groupes pour tenter de produire des hypothèses et des pistes d’analyse et d’organisation communes.

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