Rojava : la guerre populaire, ce n’est pas la guerre de classe

Le collectif Guerre de classe précise sa critique de la lutte au Rojava et du soutien qui s’exprime internationalement, à partir d’une discussion sur un texte de David Graeber.

Introduction de Guerre de classe :

Le texte « Rojava : la Guerre Populaire, ce n’est pas la Guerre de Classe », que vous pouvez lire ci-dessous, représente une contribution de la « Tendance Communiste Internationaliste » (TCI) au débat qui a lieu depuis plusieurs semaines dans certains milieux qui se revendiquent de la « lutte anticapitaliste ».

(…) Nous partageons la défense des positions internationalistes qui y sont abordées. L’État n’est pas simplement une structure constituée du gouvernement, de la police, de l’armée et d’un appareil administratif ; l’État, comme le mouvement communiste l’a déjà saisi, est un rapport social, la matérialisation de l’ordre du monde capitaliste, peu importe si sa légitimité est basée sur des assemblées parlementaires ou communautaires. Si donc le PKK et ses affidés du PYD revendiquent qu’ils ne cherchent pas à créer un État, c’est seulement parce qu’en réalité ils représentent déjà l’État, en raison du rôle, pratique et idéologique, qu’ils jouent au Rojava. Ce que certains des partisans du PKK appellent très justement « un État sans État », c’est-à-dire un État qui ne se territorialise pas obligatoirement sous la forme d’un État-Nation, mais qui in fine constitue un État tout de même dans ce sens où les rapports sociaux capitalistes, la propriété privée, ne sont pas remis fondamentalement en question.

Les principaux acteurs de l’actuelle campagne de soutien international qui se développe pour le Rojava, en se faisant les porte-voix d’organisations comme le PKK ou le PYD et ses groupes armés (YPJ et YPG), ne font rien d’autre que de confondre le mouvement social existant avec les forces politiques organisées et formelles qui clament être les représentants et les dirigeants des luttes en cours. Que des organisations marxistes-léninistes (bolcheviks, staliniennes, maoïstes, trotskistes, etc.), qui n’ont jamais été historiquement que la gauche capitaliste dont la tâche a été, est et sera d’encadrer et de réprimer dans le sang les luttes de notre classe, que ces organisations étatistes soutiennent des organisations-sœurs comme le PKK ou le PYD, quoi de plus normal. Que des « anarchistes », des « libertaires », des « communistes libertaires », des « anarchistes communistes », qui ont toujours prétendu lutter contre l’État, contre toute forme d’État, fassent de même et participent de cette campagne (de manière « critique » ou non), cela ne nous étonne pas non plus mais nous pousse néanmoins à soulever la question et à développer quelques commentaires.
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Extraits du texte de TCI sur le Rojava publié par Guerre de classe :

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L’article de David Graeber, « Pourquoi le monde ignore-t-il les révolutionnaires Kurdes de Syrie ? », a été largement distribué dans la presse anarchiste et libérale. Il y parle de la façon dont la révolution sociale au Kurdistan occidental (Rojava) est « scandaleusement » ignorée par tous, y compris par une vague « gauche internationale ». Il choisit de commencer sur une note délibérément subjective en annonçant que son père s’était porté volontaire pour se battre dans les Brigades internationales durant la guerre civile espagnole en 1937.

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Le seul mot manquant dans le compte-rendu de Graeber, c’est le mot classe. Pour lui, Rojava est un « mouvement populaire », tout comme le mouvement « Occupy » l’était. La Seconde Guerre mondiale nous a été vendue par les Alliés comme une « guerre populaire ». Mais « le peuple », c’est la nation. Le cri de ralliement de la classe capitaliste, c’est qu’ils étaient les représentants du « peuple » contre l’ordre féodal. Mais il est admit pour nous que le peuple est une notion interclassiste. Il y inclut exploiteurs et exploités. C’est pourquoi nous posons le concept de classe en opposition à toute idée de peuple ou de « nation ». Le nationalisme est l’ennemi de la classe ouvrière qui ne possède aucune propriété privée, ni n’exploite personne. Comme Marx l’a dit « Les ouvriers n’ont pas de patrie ». La guerre de classe, ce n’est pas la « guerre du peuple ».

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L’intégralité des textes de Guerre de classe et de TCI à lire ici.

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