Retrouver du souffle

Invitation pour une rencontre autour des enjeux des luttes actuelles, sous le hangar de l’avenir à la ferme de Bellevue sur la zad de Notre-Dame-des-Landes du 27 août au 2 septembre 2018.
Cette série de discussion recoupe en partie celle des rencontres intergalactiques qui se tiendront sur la zad au même moment.

Retrouver du souffle
invitation pour une rencontre sous le hangar de l’avenir
à la ferme de Bellevue sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes
du 27 août au 2 septembre 2018
« La révolution n’est pas épuisante, elle est exigeante ».

Un ami disait cela des fins de mouvements qui laissaient les corps et les désirs abattus, désœuvrés, abandonnés à ce que des semaines, parfois des mois ou des années d’intensité politique pouvaient produire dans la défaite comme sentiment d’impuissance. Le retour brutal à la réalité, avec son cortège de renoncements, d’embrouilles, de trahisons, de vœux pieux.
Ce sentiment si désagréable, nous sommes nombreux aujourd’hui à l’éprouver sans pour autant y voir une fatalité car ce printemps aura marqué un tournant majeur dans le temps politique qui se présente à nous. Macron a réussi à porter atteinte à ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait su provoquer. Il s’est attaqué frontalement à ce qui donnait encore un peu de chaire à l’idée de gagner ensemble malgré nos différentes inclinaisons. L’alliance, la convergence ou le rassemblement (appelons-le comme on voudra) des manières singulières de se soulever contre l’état du monde.
Derrière la triple attaque simultanée qui devait anéantir le statut des cheminots et son héritage historique, la possibilité même de construire un mouvement de jeunesse, et l’espoir de voir perdurer un territoire sans État dans la banlieue nantaise, Macron a mis à l’épreuve notre capacité à donner corps et consistance aux nombreuses rencontres produites par le souffle réparateur du mouvement contre la loi travail et des Zad. Chacun s’est retrouvé devant ses propres faiblesses relativement isolé et incapable de déjouer le cadre symétrique qui lui était donné d’affronter.
Les cheminots se sont lancés dans une grève longue, déterminée mais perlée, cadrée strictement par les directions syndicales, qui s’est révélée jusqu’ici incapable d’entraîner un soutien large dans son sillon.

Les étudiants ont cherché avec beaucoup d’inventivité à occuper leurs universités au détriment des prises de rues qui deux ans plus tôt avait bouleversé l’équilibre ronronnant des forces politiques et redessiné un chemin praticable.
La ZAD et ses soutiens, malgré une résistance acharnée, n’a pas réussi à sauver tout ce quelle comptait d’habitats face la plus grosse opération de maintien de l’ordre depuis bien des années, et le climat d’accusations porté par une partie de ses occupants est venu peu à peu recouvrir la puissance commune qui a permis d’arracher l’abandon du projet et, s’il fallait le rappeler, d’obtenir une des plus importante victoire de ces 20 dernières années.
Quant à tous ceux qui se battent avec acharnement contre la politique anti-migrants, ils se trouvent isolés et malmenés face à la barbarie que l’Europe est en train de produire. A l’échelle locale comme nationale, les autorité fermes les yeux quand elles n’alimentent pas directement le climat de haine qui se répand contre les exilés.
Et tout ça sous l’arsenal des GLIF4, LBD 40, des gaz lacrymogène et des matraques, des drones, blindés et des hélicoptères, des conseils de discipline, des licenciements, des perquisitions, des arrestations, des juges et des condamnations : à marche forcée vers une folle et dangereuse fuite en avant du pouvoir.
Pourtant, dans ce sombre tableau, quelque chose survit.
Bien que certains la considèrent morte, la zad est bien loin d’avoir donné son dernier souffle. Elle a perdue une part de ce qu’elle avait construit ces dernières années, c’est indéniable, mais que des centaines d’hectares de terre, la concentration de près de 150 personnes et des formes d’organisation collective vielles de plusieurs années soient tolérées (même légalement) aux abord d’une des plus grande métropole de France, tout cela garde un caractère inédit incontestable.
Reste qu’il faut à présent reconstruire le sens commun mis à l’épreuve ces derniers mois.

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Mots-clefs : ZAD | débat - discussion

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