Rétrospectives

La Force se réveille. Un long sommeil l’avait réduit à l’état de souvenirs. Ne laissons pas le Parti de L’ordre triompher.

On dit les policiers « fatigués ». Alors on interdit la manifestation. Après quoi, l’énervement l’emportant, on ne la tolère qu’à la condition de son insignifiance. Puis on fanfaronne. Rien ne sera toléré au-delà du dérisoire. Nous avons un beau match à protéger le soir, des bars, des terrasses à sécuriser et un mouvement social à écraser par tous les moyens.

De l’autre côté, on clame la « victoire de la démocratie ». La CGT et FO deviennent adepte des tours de stade. Jamais un mouvement ne s’était autant fait humilier. De tous les côtés les chiens aboient dans une terrible cécité. On tente de faire passer les milliers de personnes se retrouvant en dehors des cortèges syndicaux pour des casseurs, ces derniers pour des assassins et les assassins pour des gens respectables, durement ménagés et en manque de moyens.

Entretemps, des manifestants vont en prisons, écopent pour des dossiers truqués, montés, inventés, jusqu’à des charges affabulatoires. La mode est de dire que dès qu’un policier est attaqué à coup de pierre, de canne et accessoirement de molotov, c’est pour la raison qu’on souhaite le tuer. « Se les payer ». Des interdictions de manifester pleuvent sur la manifestation, jusqu’à l’interdiction de la manifestation. Canon à eau médiatique, canon à eau sécuritaire, canon à démeaucratie.

A cela s’ajoute cet invariable dans l’histoire des régimes : une classe politique complètement séparé du monde prétend conduire, gouverner, assommer et protéger l’ordre. Oui, un Parti de l’Ordre se dresse, comme on ne l’avait vu ces trente dernières années. Terrible farce affirmant que la fête de la musique est une victoire contre le terrorisme.

Quel terrible constat.

Que voulez-vous, la démocratie porte légalement sa propre annulation. Elle est un arrangement qui possède cette fâcheuse tendance de ne plus enregistrer efficacement le nouveau rapport de force que le Parti de l’Ordre souhaite établir. Trop restrictive. Consommer sereinement doit se coupler avec un maillage sécuritaire et une dépolitisation absolue.

Une séquence historique s’est ouverte. Qu’elle soit claire et lisible pour tous : gouverner devient de plus en plus difficile. Le « théâtre des opérations » policière s’étend à toute la vie vécue en société démocratique parce que la démocratie ne porte d’autre projet de société que celle de gérer sa population selon des maximisations et calculs économique. Dès lors qu’une séquence d’ingouvernabilité ouverte commence, et non plus une résistance minimale, un Parti de l’Ordre se forme. Récurrence historique.

Plus que jamais, ne pas céder aux canons devient vital. S’allier. Sortir. Chasuble rouge et K-Way ensemble ne suffisent pas. Il faut que les chasubles rouges se désolidarisent de leur service d’ordre infâme et que les K-way noirs pensent un peu plus le coût politique de certaines actions. Que chacun sorte de son petit cycle. Les syndicalistes, la base, ressent certainement le même désappointement lorsque dans BFMTV ou iTélé, on fait passer le cortège de tête pour 150 casseurs.

Pour tous, l’enjeu est que l’opération de séparation entre cortège de tête et syndiqués – présentés comme manifestants responsables et garants des propriété privés, n’ait pas lieu. Aujourd’hui, jeudi 23 juin, et le 28, venez toujours plus nombreux, pacifiquement ou non, montrer votre solidarité !
La séquence historique ouverte continuera jusqu’aux élections de mai 2017, et après. Dès à présent, il nous faut penser sur une temporalité : non pas celle d’un mouvement social mais d’une époque : Le réveil de la Force !

À lire également...