Retour sur le 8 mars 2015 par le collectif femmes en lutte 93

Populaire, festif, rageux : un cortège à notre image !

« Oualou, Oualou, houma ligalou, les papiers oualou, le travail oualou, l’égalité oualou, la liberté oualou, le respect oualou... » ( rien, rien, ils nous ont dit, rien rien….)

Ce chant, ce slogan, cette rengaine raisonne encore dans nos têtes, et ce, 4 jours après ce dimanche 8 mars 2015...et pourtant, nous sommes loin du Oualoo... Lancé spontanément dans cette rame de métro frénétiquement folle, dynamique, renversante, qui nous menait de Saint-Denis à Belleville, il dit ce que l’on serait sensé penser de nous mêmes : nous ne valons rien et nous n’avons rien à espérer pour nos vies et nos droits en tant que femmes exploitées, des quartiers et sans-papiers. En ce 8 mars, nous avons pris le parti d’avoir déjà le droit de railler cette norme du oualoo...et pour cause !

Tout a commencé dès 11heures du matin, RDV était pris à Saint-Denis pour rassembler et représenter notre féminisme dans le 93. Banderole, drapeaux, sucettes, carnets de chants et de slogans, guitare et micro, tout était prêt pour chanter, scander et crier nos mots d’ordres et nos chants. Copines de Femmes en Luttes 93 et du groupe femme de la coordination des sans papiers du 93 se relaient pour animer une centaine de personnes rassemblées sur la place du Caquet en musique et en revendications. La question des papiers, la question des violences faites aux femmes rythment nos interventions sonores, musicales et entraînantes. Après avoir entonné nos hymnes respectifs, nous partons en déambulation le long du marché pour lire nos tracts. C’est l’heure de prendre des forces, sandwich, fruit et gâteau et hop, c’est reparti dans le métro au rythme des slogans...nous ne nous sommes, en fait jamais arrêté ; en français, en arabe, en italien, en espagnol...

Nous arrivons à Belleville, Chuuut c’est les interventions, et viendront les nôtres, fièrement lues devant l’assemblée. Une première pour Nora, de la CSP 93 venue cetet année avec leur propre tract !

Vers 15heures, c’est le départ, notre cortège prends place dans cette manif qui reflète notre féminisme d’aujourd’hui, un féminisme multiculturel, intergénérationnel, non excluant et festif...Et nous n’en finissons pas de crier nos mots d’ordres le long de cette ligne 2 qui défile traversant l’est populaire de Paris : colonel Fabien, Jaurès, Stalingrad, La chapelle, Barbes, et Pigalle. Les papiers, les violences, l’avortement, l’internationalisme, l’anti-imperialisme, l’égalité et et, et notre féminisme de lutte des classe... Il y tant de choses à dire et à chanter, que nous nous arrêtons toujours pas durant cette longue marche qui, avouons-le n’en finit jamais, « c’est quand qu’on arrive, c’est long »...et en même temps que c’est bon de se sentir fortes en collectif, animées, solidaires… « Qui va faire la vaisselle, nous on fait des manifestations », « Allahallah ya baba, égalité ya baba, et qu’est ce qu’on veut, l’égalité, pour qui, pour toutes ». On fait des pauses, pour marquer notre cortège, notre présence « J’y suis, j’y reste, je ne partirais pas, j’y suis , j’y reste, je ne me tairais pas » !

Quand l’une n’a plus de souffle, une âme sort de l’ombre pour scander à son tour et renouveler les forces...une vraie sororité en puissance ! On en profite pour chanter nos hymnes : « Nous sommes des femmes, des femmes comme les autres, nous nous battrons pour être libre, Hourya, Hourya ( liberté en arabe) » de la CSP 93 ou encore « nous sommes de plus en plus, on recrute même dans le bus, on sera bien assez forte, pour te mettre à la porte », chant de femmes en lutte 93 ! Il nous manquait une derbouka ou un djenbé pour marquer d’autant plus notre tempo, surtout lorsque nos slogans se transforment en rythmes de transes, car la lutte, on l’a chevillée au corps et jusque dans nos tripes ! On passe à Barbès, regardées par des ribambelles de yeux masculins un peu interloqués, parfois moqueurs et parfois violents aussi, vite interrompus dans notre cortège par une copine qui leur lance, « mais qu’est-ce que vous avez à nous regarder comme ça les mains sur les hanches, venez dans notre cortège, venez lutter avec nous » ! Et ils le firent mi-amusés mi-dubitatifs...mais là quand même !

A Barbès, les copines de la CSP 93 s’arrrêtent, épuisées mais ravies de leur journée de « Hourya ». Nous continuons et on entonne nos chants, « Enfants de Palestine » que l’on dédie à Lina Khattab, notre figure pour ce 8 mars !

La rage au coeur et le sourire aux lèvres, les cortèges arrivent à Pigalle : 8 mars pour toutes, Mwasi, Djenteur terroristas etc etc.

Un grand merci, ce 8 mars était encore plus puissant que l’an dernier ! Un pari gagné !

Selon les sources policières, notre manifestation a rassemblé 3000 personnes contre 1700 personnes pour la manif dite « institutionnelle » . Alors, c’est qui le féminisme aujourd’hui ?

Mots-clefs : anti-sexisme | manifestation
Localisation : région parisienne

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