Redonner aux syndicats leur capacité offensive

Structures de classe par excellence, organisations réunissant encore plusieurs centaines de milliers de travailleurs et de travailleuses, les syndicats constituent les outils privilégiés pour la construction d’une mobilisation d’ampleur du monde du travail. Mais face à des directions frileuses et aux enjeux bureaucratiques, il est urgent pour nous, syndiqués, d’apprendre à passer outre leurs directives, pour mieux se réapproprier nos organisations et les réengager sur le terrain de la lutte concrète, aux expressions radicales.

Une fois encore, le gouvernement s’apprête à opérer une profonde remise en cause des acquis sociaux et de nos droits. De la fin des 35 heures au plafonnement des indemnités dues en cas de licenciement abusif, en passant par la simplification des plans sociaux et des procédures de baisse de salaire, ce package s’ajoute à toutes les mesures prises par le socialisme de gouvernement depuis 2012 en faveur du patronat.

Si l’annonce de ce nouveau mauvais coup semble avoir suscité une indignation plus large que d’habitude, avec une pétition rassemblant près d’un million de signatures, reste désormais à définir nos modalités d’action. Car, déjà, les directions syndicales nous ressortent les manifestations-grèves d’une journée, une riposte insuffisante et démobilisatrice.

Nos syndicats sont le principal creuset d’une mobilisation générale du monde du travail, et il est urgent de leur donner une réelle capacité d’offensive. Au-delà du terrain juridique et des négociations traditionnelles, il est impératif de les engager dans des actions concrètes : grèves, actions d’improductivité au travail, appel au boycott. Les puissants ne tremblent que lorsque nos luttes s’attaquent à leurs intérêts, donc à l’économie.

Paralyser l’économie, faire saigner leurs profits, c’est arrêter la production ou la saboter. Il faut d’ores et déjà créer ou soutenir des caisses de grève et de solidarité ainsi que des permanences juridiques pour aider les grévistes et militants victimes de la répression. Il faut nous informer sur nos droits et sur les risques que nous encourons si nous sortons du champ légal.

De là, nous pourrons discuter des modalités pour agir avec ceux qui sont prêts à le faire. Cela permet de lutter à la fois pour nos droits et pour en acquérir de nouveaux. Cela permet d’y associer des luttes locales pour les fédérer et s’entraider.

La définition de moyens d’agir efficaces n’appartient qu’à nous. Nous savons ce qui rend notre travail productif ; nous savons donc ce qui peut le rendre improductif. Et qu’importe que des directions syndicales, des journalistes ou des politiques condamnent nos actions dès lors qu’elles sortiront du cadre parlementaire et légal. Nous savons pour qui ils roulent.

Ainsi nous pourrons espérer faire plier le gouvernement et arracher de nouveaux acquis, tout en travaillant à impulser un processus plus large de grève générale, voire de révolution sociale. Autrement, nous ne ferons que rejouer les sinistres scénarios de 1995, 2003 et 2010.

Afin de contribuer à cette dynamique, notre groupe tachera de soutenir autant qu’il peut toutes les initiatives qui seront portées à sa connaissance.

Groupe anarchiste Salvador-Seguí
Paris, le 3 mars 2016

Mots-clefs : syndicalisme

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