Rapide compte-rendu de la manif « Français étrangers »

À Belleville, le mercredi 18 décembre, avait lieu la manif « Français étrangers » pour les droits des sans papiers.

L’appel était à l’initiative du « collectif unis contre une immigration jetable »... Un collectif regroupant des associations et des organisations politiques créé en 2006 au moment où le mouvement des sans-papiers était encore assez dynamique.

J’y suis allé sans trop d’espoir. Les revendications développées ne me satisfaisaient franchement pas.
Trop vagues, trop extérieures.
Une dénonciation de la politique migratoire uniquement sous l’angle moral (avec un républicanisme à peine caché)...

Bon, voilà je ne vais pas aux manifs uniquement lorsque leurs revendications me plaisent à 100%. D’autant que je pense quand même que les milliers de sans-papiers qui se cachent tous les jours à Paris, qui bossent dans des cuisines et des entreprises de nettoyage, n’en ont pas grand-chose à foutre de mes états d’âme et méritent d’être soutenus tout simplement de par leur position de classe.

J’arrive à Bellevillle donc et comme je m’y attendais un peu, y’a pas des masses de monde. D’abord, première chose : les organisations qui appelaient (au nombre de 21 tout de même) ont ramené chacune le minimum. Lutte Ouvrière par exemple ils sont une petite dizaine (alors qu’ils avaient un cortège énorme sur la dernière manif mélenchonienne, on voit bien leurs priorités). Je ne comprends toujours pas, après plusieurs années de militantisme parisien, ce qui amène des orgas à appeler à des rendez-vous sans mobiliser leurs militants. Le PCF a évidemment déserté la place. Le Parti de gauche a tenu son rôle de 3 militants/6 drapeaux. Le NPA plutôt relativement présent.
Coté anar, il est à noter une faible présence d’AL et de la FA.

Le gros du cortège, et c’est souvent le cas, est composé de sans-papiers... On est un petit millier et on descend la rue du Faubourg du Temple. C’est une manif’ comme on en a fait plein, assez calme. Heureusement le 9e collectif est là pour donner de la voix sinon ça serait presque aussi silencieux que l’enterrement de Pierre Overney.

Le tout fini, comme la manifestation du 7 décembre dernier, sur une Place de la République récemment modernisée où l’on se disperse gentiment.

Force est de constater que si une relative pérennité des mouvements de sans papiers est assurée, les soutiens font désormais le plus souvent défaut. Il est vrai que les rares initiatives récentes font suite à une rupture des mouvement de sans papiers avec la gauche traditionnelle. Cette rupture, intervenue lors de l’expulsion par la CGT du CSP 75 de la Bourse du travail en juin 2009, a isolé les luttes des premiers concernés par la xénophobie d’État, dont bon nombre de travailleurs parmi les plus précarisés.

Ce genre d’initiative demeure insuffisante. Il s’agirait de réinventer des formes de lutte ou les personnes disposant de papiers puissent épauler les camarades immigrés dans leurs bagarres contre l’État et les patrons sans se borner à des gestes symboliques faibles ou à une attitude humanitaire...

Quand donc liberté de circulation et d’installation pourront-t-elles à nouveau émerger, non pas comme question morale, mais comme enjeu politique ?

Un anar de l’est parisien

Note

Plus d’infos :
Sans papiers mais pas sans droit

Localisation : Paris 10e

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