[Vidéo] Quelques paroles libres - entretien avec un assigné

Le 26 novembre 2015 vers 14h30, X. reçoit son assignation. Elle lui indique qu’il n’est plus autorisé à sortir de chez lui du 26 novembre au 12 décembre 2015 inclus soit le temps du déroulement de la COP21.

X. revient dans un documentaire sur son enfermement à domicile, sur les valeurs de solidarité et les motivations qui l’animent. Témoignage d’un assigné.

Entretien avec un assigné (documentaire de 29 min)

« L’État d’urgence, c’est l’outil qui permet à la démocratie de faire le ménage parmi celles et ceux qui la gênent, en se transformant momentanément en dictature. »

Paroles libres entre les cloisons de mon assignation à résidence.
Envie de partager, de dire les mots qui me cognent dans la tête.
Paroles sans visage, pour une pensée sans obstacles.
Un peu de ma vision des choses.
Rien de grave, mais rien d’innocent non plus.
Coupable ? Je le suis peut-être. Je refuse en tout cas d’être innocent.
Parce que dans leur société, être innocent, c’est être d’accord avec elles/eux.
Les vrais coupables, de toute façon, sauront se reconnaître.

« Je », c’est nous, parce que dans mon monde on est plusieurs. Dans le leur il/elles sont seul-e-s.
Je ne porte la parole de personne, mais je m’exprime avec celles et ceux qui partagent ma colère contre le monde. Avec celles et ceux qui portent des masques mais ne se cachent pas.

M’assigner, c’est tenter d’enfermer mon esprit dans une cage de peur.
Mais il/elles ignorent qu’à défaut de me faire peur, il/elles ont renforcé ma détermination.
Parler pour nous faire entendre, prendre le risque de dire des choses maladroites pour contrer leur logique du non-dit. Il/elles font du bruit pour mieux que nos têtes soient avides de silence.

Mais nous, même nos silences ont quelque chose à dire.

Une vidéo pour que tout le monde entende ce que tou-te-s les « nous » qui me constituent ont à dire.
Les nous qui me constituent, ce sont tou-te-s celles et ceux qui rêvent et croient, qui luttent pour la liberté, mes ami-e-s et compagnon-ne-s.

Nous devons trouver des manières de dire nos émotions, pour ne pas laisser au pouvoir le loisir de nous en dicter des factices. Leurs émotions sont feintes.

Guerre des symboles, guerre des mots. Plus personne ne sait à quoi se fier.

Localisation : Paris

À lire également...