Quel comportement la gauche doit-elle adopter face aux blacks blocs ?

La « gauche » ne devrait elle pas se doter d’une stratégie efficace qui dépasse les conflits internes ?

Les black blocs soulèvent des problématiques intéressantes que l’on doit peut-être s’empresser de comprendre et de démêler plutôt que de tout rejeter.

Premièrement, ce ne sont pas ce que la plupart des gens appellent des ’casseurs’ ou groupe d’individus dont le quotidien est trop plat et dont la manifestation est le terrain de défoulement.
Il s’agit d’un groupe politisé de gauche qui considère la violence matérielle (la casse) comme un moyen. - Par gauche j’entends ici, l’ensemble des forces qui croient en la lutte pour un avenir équitable et harmonieux.
Un black block est constitué en majorité d’individus qui ne pratiquent pas la violence mais qui seulement comprennent ce qu’elle représente. Ils sont même loin d’être composés exclusivement d’anarchistes comme beaucoup le disent.
Ils sont un univers politique qui possède un important lot de complexité que chacun doit saisir.

Deuxièmement, la violence matérielle que certains pratiquent est ciblée : banques, assurances, caméras...
Et si certains cherchent à mettre en échec l’appareil répressif d’État, c’est souvent dans un cadre défensif : banderoles et tenues noires empêchant l’identification.

Mais on fait souvent abstraction de cette complexité et cela semble ne servir que les pouvoirs en place.
C’est cet amalgame qui permet à l’extrême-libéral et à la droite de manière générale de décrédibiliser toute lutte sociale en les assimilant aux violences que l’on peut observer.

Les forces « classiques » : les partis politiques ou les cortèges syndicaux se retrouvent à se confronter à ces cortèges, après quasiment toutes les formations de black bloc, on peut les voir se désolidariser de ce qui semble rester pour eux un ensemble de « casseurs », continuant à nier la moindre dimension politique.

En même temps, pour eux les manifestations servent seulement à accaparer l’espace médiatique sur eux, pour vivre. Une certaine frustration est compréhensible puisque de fait les black blocs focalisent énormément de médias sur eux.

La lutte doit dépasser toutes les choses insignifiantes qui la freinent, de telles frustrations ne doivent pas être exhibées publiquement et les conflits d’étiquette doivent s’estomper : remettre en cause les légitimités de chacun n’a pas d’utilité, d’autant que les black blocs ont en fait plus de légitimité que ce que l’on pourrait penser.
Les personnes présentes dans ceux-ci, considèrent la violence matérielle comme un moyen, ce qui dérange l’establishment qui dans sa quête de conservation, cherche à garder le monopole de la violence.

Un certain but est pourtant commun à toutes les organisations : aller vers une équité sociétale en passant par la déconstruction du discours libéral établi.

Mais après tout n’est-elle pas bien moins grave que la violence physique ou que la violence économique qu’organise le capitalisme ?
Ne peut on pas trouver ici une certaine légitimité ? Comment pourrait-on être catégorique sur une telle question qui est assurément dialectique ?

Ne devrions-nous pas accepter la complexité et chercher uniquement à construire un cadre qui permette la lutte la plus efficace ?

La compétition entre les black blocs et la gauche classique ne sert à rien car chacune ne peut que se renvoyer des sentiments fondamentaux sur la violence loin de la réflexion stratégique.

En plus, on pourrait retrouver le même type de fracture entre les forces « politiques » et syndicales. Il s’agit ici, d’une différence court-terme/long-terme qui ruine tout le potentiel commun.
Chacun s’évite ainsi la lutte commune et victorieuse.

Pour construire une lutte complète, il faudra savoir dépasser toutes les contradictions internes. Personne ne saura l’imposer de son perchoir.

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