Quand la police couvre sa violence en accusant les victimes

RENDEZ-VOUS JEUDIOCTOBRE À 9H pour le procès de Romain
11e Chambre d’appel, pôle 4 de la cour d’appel de Paris
Palais de justice, 4 boulevard du Palais, 75001, Paris, M°Cité.

Jeudi 9 octobre, Romain va être jugé en appel. Il est accusé d’avoir endommagé un distributeur automatique de billets (DAB) le soir du 8 juillet 2009 à Montreuil.
Ce soir-là, la police nous avait tiré dessus au flash-ball, nous touchant à l’épaule, à la clavicule, à la nuque, au front ; Joachim, lui, perdait un œil. Comme c’est l’usage dans les affaires de crimes policiers, la police cherche à se disculper en tentant de transformer les victimes de leur violence en coupables.

Rappelons à nouveau les faits.

Le 8 juillet 2009, une ancienne clinique occupée en plein centre-ville de Montreuil est expulsée. Le soir même, une cantine est installée à une centaine de mètres, à l’entrée d’une rue piétonne, pour protester contre cette expulsion. A la fin du repas, nous partons en ballade jusqu’à la Clinique. Des policiers arrivent, s’équipent, se mettent en ligne. Alors que nous sommes tous en train de nous éloigner, des rafales de tirs éclatent. L’un d’entre nous, touché à l’oeil, tombe à terre. Les policiers continuent à pourchasser le reste des manifestants dans les rues de la ville, et à leur tirer dessus.
Une heure après, trois policiers sortent en trombe de leur voiture et interpellent Romain qui marche dans la rue. Ils l’accusent d’avoir, au milieu des tirs de flash-ball, éraflé un DAB.

Le 2 juillet 2014, après 5 ans d’atermoiements, l’institution judiciaire a finalement renvoyé trois policiers devant le tribunal correctionnel pour ces tirs de flash-ball, considérant que les témoignages des policiers arguant qu’ils avaient agi en « légitime défense » étaient mensongers.

L’affaire du DAB fut, elle, réglée bien plus rapidement : en janvier 2010, Romain a été condamné à 2 mois de prison avec sursis et 400 euros d’ amende, sur la seule foi des témoignages des policiers qui l’ont arrêté. La « Justice » ne lui a même pas accordé un report de son procès, alors que son avocate avait une autre audience. D’autant que la Défense avait besoin d’utiliser des éléments du dossier d’instruction sur les tirs de flash-ball, éléments qui démontrent clairement les mensonges policiers. Il faut dire que l’un des principaux accusateurs de Romain est justement l’agent de la BAC Julien Vanderbergh, l’un des trois policiers mis en examen pour avoir tiré dans le tas ce soir-là, et blessé deux personnes.

Que la Justice soit si lente à juger une affaire incriminant des policiers, et si prompte à prononcer des condamnations qui couvrent ceux-ci, semble être la règle, sinon la loi, dans le traitement judiciaire des crimes policiers. A chaque fois que des policiers usent de violence, ils cherchent à se prémunir de toute accusation de diverses manières : criminalisation des victimes, disparition ou falsification de preuves, plainte pour outrage et rébellion contre des témoins ou des soutiens … Chaque histoire de violence policière témoigne à sa manière de ces méthodes, qui construisent une véritable impunité policière.

Nous avons fait appel de la condamnation de Romain, et entendons bien démontrer que les accusations des policiers n’ont d’autre sens que de justifier leur violence ce soir-là. Dans cette histoire comme dans trop d’autres, c’est la police qui blesse, mutile, et ment.

Le collectif 8 juillet,
huitjuillet@riseup.net

Localisation : Montreuil

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