Saint-Ouen l’Aumône : projection de Fascism INC

Séance exceptionnelle le jeudi 9 octobre à 20h30 à Utopia Saint-Ouen l’Aumone suivie d’une rencontre avec Michel Briganti : co-auteur de « la Galaxie Dieudonné » et Matthias Bouchenot, auteur de « Tenir la Rue ». Une soirée organisée en partenariat avec le Collectif Antifasciste 95.

FASCISM INC - Aris CHATZISTEFANOU - documentaire Grèce 2014 1h15mn -

Depuis bien longtemps une partie de l’historiographie enseigne aux jeunes étudiants en histoire contemporaine que les origines du fascisme sont à chercher pêle-mêle dans la faillite des Empires et l’exacerbation des nationalismes, dans l’antisémitisme structurel d’une grande partie de l’Europe occidentale, dans la rencontre idéologique rance entre l’extrême droite catholique et les glissements populistes de certains socialistes voire marxistes (Déat ou Doriot, transfuges respectivement de la SFIO et du PC, sont régulièrement exhibés en exemple, on rappelle aussi que Mussolini était un ancien anarchiste, et que Hitler se prévalait d’une forme de socialisme), et enfin dans la rancœur des classes populaires envers des boucs émissaires rêvés. Toutes ces thèses font évidemment du fascisme et de la démocratie représentative issue des aspirations bourgeoises deux mondes opposés sans aucune porosité.

Ce film, réalisé par les auteurs des cultissimes Debtocracy et Catastroika, nous vient d’un pays qui vit depuis quelques années le cauchemar de la montée d’un nouveau fascisme avec Aube Dorée, et il déconstruit de manière passionnante ces thèses officielles, explorant les relations occultes qu’ont entretenues les grands mouvements puis régimes fascistes avec les grands groupes industriels et capitalistes. La démonstration est limpide en observant tout d’abord l’arrivée au pouvoir de Mussolini et celle des nazis. Celle-ci n’aurait pu se faire sans le soutien financier logistique et le jeu de pouvoirs des grands patrons dans chaque pays. La marche sur Rome (un bien grand mot alors que Mussolini voyageait en train et descendait à chaque escale pour faire quelques kilomètres à pied avec ses compagnons) ne doit son succès qu’au ralliement des grands propriétaires terriens qui subissent la résistance des ouvriers agricoles. Au même moment, la première tentative de coup d’État de Hitler échoue parce que les grands industriels ne suivent pas, ce qu’ils feront en 1933.

L’élément décisif, c’est le contexte économique. Quand le climat est prospère, les industriels font suffisamment de profit sans avoir besoin de compresser les droits des travailleurs, et ils s’accommodent d’une démocratie représentative. Quand les conditions économiques se durcissent, le maintien du profit passe par l’écrasement des droits du travail et des syndicats et le fascisme devient la solution. On voit alors comment, de Krupp à IG Farben, les industriels prennent pleinement part à la machine nazie. Et évidemment, après la guerre, l’épuration des milieux industriels a été, de Renault à Krupp, fort limitée, relance économique oblige.
Ce qui est assez terrifiant dans le contexte actuel de crise économique, c’est que le schéma s’applique parfaitement à la Grèce, laboratoire du pire : réduction drastique des acquis des travailleurs au nom d’une logique d’austérité à l’échelle européenne qui s’accompagne de la montée de coalitions politiques où s’infiltrent, de la Grèce à l’Ukraine, des mouvements ouvertement néo-fascistes banalisés par les médias, à la solde des grands entrepreneurs… Et évidemment on se dit que ce n’est pas si loin, voire si proche…

Localisation : Saint-Ouen-l’Aumône

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