Prisons grecques : solidarité avec l’anarchiste Nikos Romanos et le reste des prisonnierEs en lutte

Traduction d’un récapitulatif des actions de solidarité, publié le 9/12/2014, avec le compagnon anarchiste Nikos Romanos, dont la grève de la faim pour obtenir des permissions éducatives a duré un mois (10/11/2014) et vient de s’achever avec la satisfaction de ses revendications immédiates.

Avant-propos du traducteur : De nombreuses actions ont lieu un peu partout dans le monde ces derniers jours en solidarité avec le compagnon Nikos Romanos, depuis des banderoles déployées ici et là à des attaques de commissariats (en Grèce principalement), en passant par des manifestations plus ou moins énervées et réprimées. Il est difficile d’en faire un compte complet.

Ces actions sont à la fois une pression exercée par la base que nous sommes contre les gouvernants qui ne respectent même pas leur propre droit, un message de mépris et de haine que nous leur envoyons, à eux et à leurs chiens, et un message d’amour, de solidarité et de force pour nos camarades emprisonnés. Quiconque s’est déjà retrouvé derrière des barreaux plus d’une minute sait le gout délicieux qu’a la gueule de flics ou de matons en panique quand un slogan résonne trop prêt de son bureau ou dans sa radio...

Ici, à l’heure de cette petite victoire pour le camarade emprisonné, c’est une forme de solidarité particulière que nous mettons en exergue : celle de celles et ceux qui sont enferméEs et dont les cris n’atteignent que rarement le dehors. Pour rappel, un gros mouvement à l’intérieur des prisons (refus de ré-intégrer les cellules, mutineries, grèves de la faim...) a eu lieu il y a quelques mois en Grèce contre une réforme de l’administration pénitentiaire qui prévoit la mise en place de prisons de haute sécurité pour les déténuEs mafieusES et les prisonnierEs politiques, notamment anarchistes. Oui, à l’ombre aussi, la détermination, la solidarité et la résistance sont nos armes !

Le prisonnier anarchiste Nikos Romanos, actuellement hospitalisé dans une situation critique à Athènes, est en grève de la faim depuis le 10 novembre 2014 [1]. Sa demande pour des permissions éducatives - auxquelles il a légalement droit depuis septembre 2014 - a été réfusée de façon répétée par le système judiciaire grec.

Dans la prison des hommes de Koridallos, 75 prisonniers de l’aile E ont refusé leur repas entre le 13 et le 14 novembre, en solidarité avec Nikos Romanos.

Le prisonnier anarchiste Giannis Michailidis*, actuellement hospitalisé au Pirée, est entré en grève de la faim en solidarité avec les revendications de Nikos depuis le 17 novembre 2014.

Les prisonniers anarchistes Andreas-Dimitris Bourzoukos* et Dimitris Politis*, enfermés à la prison de Koridallos, sont également en grève de la faim en solidarité avec Nikos depuis le 1er décembre.

Deux femmes incarcérées à la prison disciplinaire de Lasithi, sur l’île de Crète, ont refusé l’alimentation de la prison depuis le 4 décembre.

Le combattant incarcéré Elias Karadouman, qui est enfermé à la prison de Corfou, conduit actuellement une grève de la faim symbolique de 7 jours, en solidarité avec Nikos Romanos, du 5 au 11 décembre 2014.

Le 5 décembre, dans plusieurs prisons pour hommes de Grèce, les prisonniers en lutte Spyros Stratoulis [2], Sotiris Georgakopoulos, Dimitris Dimitriou, Dimitris Savvidis, Giorgos Moysiadis, Admir Betsani, Ioakim Kourkoulis, aux côtés des prisonniers anarchistes Antonis Stamboulos, Rami Syrianos et Tasos Theofilou ont annoncé refuser la nourriture de la prison jusqu’à ce que les revendications de l’anarchiste en grève de la faim Nikos Romanos soient satisfaites.

Le 6 décembre, les prisonniers Dimitris Koufontinas (membre de l’organisation armée 17 novembre) et Kostas Gournas (membre de l’organisation armée Lutte Révolutionnaire), tous deux enfermés dans les cachots de la prison pour femmes de Koridallos, a refusé de ré-intégrer leurs cellules, comme une marque minimale de solidarité avec Nikos Romanos.

La plupart des prisonniers de différentes ailes de la prison pour hommes de Koridallos ont refusé de ré-intégrer leurs cellules à midi, entre le 6 et le 8 décembre 2014.

Les communistes turcQUEs qui sont incarcéréEs dans la prison de Larissa ont refusé la nourriture de la prison entre le 9 et le 10 décembre.

Pendant ce temps, un autre prisonnier anarchiste, connu par ses seules initiales G.S., est en grève de la faim depuis le 3 décembre 2014. Le camarade, actuellement détenu à la prison Saint-Stéphane (Aghios Stephanos) de Patras, a été envoyé en détention provisoire. Il est accusé d’avoir participé à la récente attaque contre le commissariat de Messolonghi. Les charges contre lui sont basées sur un faux témoignage d’un flic en civil. G.S. lutte pour sa libération immédiate. Il proteste contre la répression et les matons [3], contre l’État policier, les ministres, les banquiers, les hommes d’affaires : « Ce sont eux les terroristes, ce sont eux les voleurs » comme il le dit dans sa dernière lettre ouverte. Il y envoie aussi un message de force et solidarité à touTEs les grévistes de la faim et à celles et ceux qui se battent contre les entraves de cette société, « une société qui défend et justifie la poucaverie et le mouchardage »

Force aux grévistes de la faim Nikos Romanos, Giannis Michailidis, Andreas-Dimitris Bourzoukos, Dimitris Politis et Elias Karadouman.

Libération immédiate du gréviste de la faim G.S.
Solidarité avec touTEs les prisonnierEs en lutte !

* NdT : Giannis Michailidis, Andreas-Dimitris Bourzoukos, Dimitris Politis sont tous les trois enfermés pour les mêmes affaires de braquage de banque que Nikos Romanos. Particulièrement jeunes, ces trois compagnons sont connus en Grèce pour avoir été accusés de faire partie de la Conspiration des Cellules de Feu (voir à ce propos, entre autres, leur position par rapport à cette organisation armée, de tendance « néo-nihiliste ») et surtout pour avoir été violemment tabassés par la police en février 2013, avant que celle-ci et les médias ne photoshopent les photos pour minimiser les blessures (voir ici pour plus d’infos et en tapant leur nom dans un moteur de recherche pour celles et ceux qui aiment les images trash)

Traduit depuis l’anglais de Contra-info par Gio (CGA)

Lettre de Nikos Romanos, 10 décembre 2014

Après 31 jours de lutte difficile mais déterminée, j’arrête aujourd’hui ma grève de la faim après avoir obtenu une importante victoire. L’amendement qui a été voté au Parlement, et dont je suis l’unique destinataire, présente d’importantes différences avec ce qu’annonçait jusque là le Ministre de la Justice, puisqu’il satisfait finalement ma revendication, bien que cela implique que je doive « porter le bracelet ».

Ce qui est sûr, c’est que cette victoire est la conséquence directe de la pression politique que nous avons exercé en ce sens et que tout à la fois le mouvement social [4] et l’Anarchie Combattive sont les deux grands gagnants de cette lutte, moralement, politiquement et pratiquement. La lutte révolutionnaire sous ses diverses formes et nous, les prisonniers [5] politiques, en sortons tous plus forts.

Je lève mon poing pour saluer chaleureusement et envoyer mon amour inconditionnel à tous les camarades qui ont été à mes côtés...

Quelques soient les moyens employés !
Solidarité avec les prisonniers politiques !
Vive l’anarchie

PS1 : Un texte plus détaillé paraitra dans les jours à venir
PS2 : Je tiens également à remercier tous les docteurs de l’hôpital qui ont refusé de céder à la pression du procureur pour m’alimenter de force et qui m’ont soutenu autant qu’ils l’ont pu.

Traduction du grec (Indymedia Athènes) par Gio (CGA)

Notes

[1NdT : le texte présenté ici a été publié la veille de l’annonce du gouvernement et de l’arrêt de la grève de la faim par Nikos et ses camarades. Il nous semble intéressant de le relayer malgré tout, pour relayer les actions solidaires qui ont lieu dans les prisons grecques

[2NdT : Spyros a lui-même mené une grosse grève de la faim il y a exactement un an, pour obtenir les permissions auxquelles il a droit. Elle a duré presque deux mois avant que l’État concède à examiner son cas et qu’il suspende son action. Son état était alors très critique et malheureusement trop peu d’infos et d’actions de solidarité ont été menées à son propos, en particulier à l’international

[3NdT ανθρωποφύλακες en grec, traduit « humanguards » en anglais, soit quelque chose comme gardiens d’humains si on veut une traduction très littérale

[4NdT, « le monde de la lutte » si on traduit littéralement

[5NdT : Je ne féminise pas puisque le texte paru en grec n’est pas féminisé (ce que je déplore). Des camarades en Grèce s’y mettent mais c’est pas encore automatique...

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