Principe d’incertitude, lutte des classes et théorie

Les théories marxistes de la révolution ont longtemps conçu le prolétariat comme le protagoniste d’un récit dont l’issue était connue d’avance, par la médiation d’une sacro-sainte Contradiction entre forces productives et rapports de production, qui se résumait par la baisse tendancielle du taux de profit. Ainsi considéré, il était une classe idéale dont la simple existence était censée régler tous les problèmes. Envisager les rapports de classe hors de toute dialectique abstraite et de tout idéalisme nous conduit à nous défaire de nos certitudes pour envisager le monde dans ce qu’il a de véritablement actuel.

Aux débuts de la physique contemporaine, Heisenberg formula le fameux « principe d’incertitude », mieux nommé « principe d’indétermination », qui postule qu’on ne peut connaître simultanément la vitesse et la position d’une particule donnée. Si par métaphore nous devions reprendre ces termes, le principe d’indétermination propre à notre démarche théorique pourrait se résumer en ceci qu’il nous est devenu impossible de saisir simultanément la situation objective du prolétariat dans le capital et son devenir révolutionnaire, alors même que c’est la tâche théorique que nous nous sommes assignés. Cette impossibilité est similaire à la situation de la classe elle-même, à son impossibilité propre. La théorie de la communisation est une théorie de la rupture, elle ne peut être scientifique : elle est emportée dans le mouvement de son objet et contient toutes les contradictions et les apories qui lui sont propres. La fin de son objet est sa fin propre. C’est une théorie aussi impossible que l’est le prolétariat, cette impossibilité est l’objet de ce texte.

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