Présentation du livre « Agir ensemble en forêt » : quelles résistances face à la filière bois-forêt ?

Dans la lignée de l’agriculture intensive, les monocultures de la filière bois dégradent les forêts en réduisant la biodiversité tandis que les intrants chimiques et la mécanisation lourde détruisent la vie des sols. La présentation de l’ouvrage « Agir ensemble en forêt » sera l’occasion de préciser les causes et conséquences de cette orientation productiviste, et les possibilités de résistances y compris en tant que soutien, sans nécessairement être sur le terrain.

Aujourd’hui en France, 51 % des forêts sont constituées d’une seule essence. Les orientations forestières favorisent l’accroissement de la production, l’abaissement de l’âge de récolte des bois et les plantations résineuses. Les peuplements forestiers sont jeunes et les vieux arbres se font de plus en plus rares. Dans plusieurs rapports d’orientation du gouvernement, la forêt en libre évolution, c’est-à-dire sans intervention humaine, est qualifiée de « désert boisé », supposé dangereux tant économiquement qu’au regard des changements climatiques.

Auparavant riche de centaines de variétés d’arbres, une vaste partie de la forêt française est aujourd’hui transformée pour une production rapide et cadencée d’arbres homogènes, récoltés jeunes par coupes rases pour des usages industriels. Mais comment une telle forêt pourrait-elle répondre aux enjeux majeurs d’équilibres écologiques, de résistance aux aléas du climat et aux parasites, d’épuration de l’eau, de préservation des sols et bien sûr, d’emplois viables ?

Plusieurs mécanismes simultanés contribuent à la dégradation des forêts et des savoir-faire. La forêt, privée aux trois quarts, représente le troisième portefeuille des investisseurs après les valeurs boursières et l’immobilier. Pour beaucoup de grands propriétaires, les espaces forestiers sont estimés en termes de rentabilité, en référence à la productivité des capitaux bancaires. Souvent faiblement impliqués dans la gestion des forêts qu’ils achètent, ces propriétaires sous-traitent à de grands organismes de service liés aux industries de la transformation du bois et de la production de plants.

À la différence du secteur agricole, les contrats qui lient les professionnels de la récolte de bois avec les forêts dans lesquelles ils interviennent sont ponctuels. Ils quittent la forêt une fois la coupe réalisée et le bois enlevé. Ils ont donc peu d’incitation à prendre en compte les conséquences de leur passage sur le sol, sur les équilibres biologiques, et donc sur la productivité de la forêt à long terme. Les politiques nationales et européennes ne font que renforcer, et depuis plus d’un siècle, cette marche vers une monoculture forestière productiviste.

Agir ensemble en forêt est un guide pratique illustré de témoignages sur les moyens de préserver la forêt à long terme tout en y menant des activités écologiques et sociales. Les auteures présenteront des pistes d’action tirées du livre pour résister, exister et se faire plaisir dans un contexte difficile. La troisième partie du livre en particulier – Être un soutien – présente les moyens d’actions dont chacun dispose, sans être nécessairement sur le terrain, pour rétablir un équilibre en faveur de la vie en forêt et, au final, favoriser des forêts vivantes et habitées.

En présence de :
Pascale Laussel : Co-coordinatrice du Réseau pour les Alternatives Forestières et co-auteure de Agir ensemble en forêt.
Marjolaine Boitard : Coordinatrice foncier au Réseau pour les Alternatives Forestières et co-auteure de Agir ensemble en forêt.

Le mardi 6 février à 18h30 à la Bourse du Travail de Saint-Denis, 9 rue Génin, M° Porte de Paris.
Présentation-débat organisée dans le cadre du cycle "Espace et Pouvoirs" de la Dionyversité, l’Université populaire de Saint-Denis.

Plus d’infos sur le Réseau pour les Alternatives Forestières : http://www.alternativesforestieres.org/

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