
Le débat sur la démographie algérienne depuis la conquête française de l’Algérie en 1830 n’en finit pas de subir des différences d’analyse parfois curieuses : l’historien Xavier Yacono estime en effet à 3 ou 4 millions le nombre d’habitant-e-s présent-e-s sur le territoire de la régence ottomane d’Alger en 1830, le premier évêque d’Alger Monseigneur Dupuch l’évalue à 8 millions et l’écrivain Hamdane Ben Othmane Khodja à 10 millions. De son côté le démographe Kamel Kateb évalue à 2 125 052 le nombre d’indigènes musulman-e-s présent-e-s en 1872 dans les trois départements français d’Algérie gérés depuis le décret du 24 octobre 1870 par un gouverneur général civil rompant ainsi avec l’administration militaire jusqu’ici chargée de conquérir le pays.
L’éditorialiste de TV5 Monde Slimane Zeghidour affirme lui dans l’émission « C ce soir » du 24 mars dernier sur France 5 que le nombre d’immigré-e-s algérien-ne-s présent-e-s aujourd’hui en France soit 891 700 en 2023 selon l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) équivaut à celui des habitant-e-s de la régence d’Alger en 1830. Ce chiffre signifiant que la conquête française de l’Algérie a multiplié la natalité algérienne au moins par deux en quarante ans nous interroge.
Il nous étonne d’autant plus qu’il a été exprimé dans un débat destiné peut-être à masquer la déprogrammation du film « Algérie, sections armes spéciales » sur l’utilisation d’armes chimiques lors de la guerre d’Algérie qui devait être diffusé le 16 mars dernier. Il ne fut pas question de ce reportage dans le C ce soir du 24 mars et encore moins des armes chimiques mentionnées dedans.
Mercredi 30 avril l’hebdomadaire L’Express a sinon sorti un dossier intitulé « France-Algérie : derrière la crise, la guerre des espions » oubliant d’indiquer le rôle du recteur de la mosquée de Paris Chems-Eddine Hafiz, de Mohamed Sifaoui et du colonel algérien Abdelhamid Bendaoud dans la surveillance des algérien-ne-s de France à travers le vernis du culte musulman. Durant notre épisode du 14 mars l’historien Sadek Sellam nous indiquait que Sifaoui impliqué dans l’affaire du fonds Marianne avait été sollicité par la mosquée de Paris pour animer un séminaire sur la « détection des signaux faibles » de la radicalisation islamiste à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne les 21 et 22 novembre 2019.
Le colonel Bendaoud quant à lui a représenté les services secrets algériens en France de 1999 à 2009. Toujours dans l’idée de dénoncer les éléments de langage de l’extrême-droite et de certaines sphères étatiques nous évoquons vendredi 13 juin prochain toujours à 11h30 le dossier de Blast sur les « observatoires » et « centres de recherche » servant surtout de caution au plan Périclès du milliardaire Pierre-Edouard Stérin : https://www.blast-info.fr/dossiers/loffensive-de-lextreme-droite-pour-se-donner-une-caution-scientifique-5rC16ddfSSyr0lR7Mm-vBQ.