Paroles zapatistes, à un an de la répression d’Ayotzinapa

« Celui qui en haut se trouve pourchasse. Enferme. Séquestre. Fait disparaitre, Assassine. Il n’en finit pas seulement avec les corps, avec les vies. C’est aussi des histoires qu’il détruit. »

POUR LA DOULEUR, POUR LA RAGE, POUR LARITÉ, POUR LA JUSTICE

manifestation zapatiste pour Ayotzinapa, 26 septembre 2015
photo Radio Regeneración

Septembre 2015.

Compañeras, compañeroas et compañeros de la Sexta du Mexique et du Monde :
Sœurs et frères des peuples de la Terre :

Notre cœur collectif, hier comme aujourd’hui, sait que notre douleur n’est pas lamentation stérile.

Il sait que notre rage n’est pas soulagement inutile.

Nous le savons, nous qui sommes ce que nous sommes, que nos douleurs et nos rages naissent et s’alimentent de mensonges et d’injustices.

Parce que celui qui est en haut, au dépens de nous qui en bas sommes ce que nous sommes, fait du mensonge une manière de faire de la politique, et décore la mort, la disparition forcée, l’incarcération, la persécution et l’assassinat du scandale de sa propre corruption.

Il est criminel, dans l’impunité et sans honte, celui qui en haut se trouve, et ce quel que soit la couleur de sa politique. Peu importe qu’il prétende se cacher derrière un changement de nom ou de drapeau.

Toujours le même visage, la même arrogance, la même convoitise et la même stupidité.

Comme si, en faisant disparaître et en assassinant, ils cherchaient à faire disparaître et à assassiner la mémoire.

D’en haut et de ceux qui y nichent leurs perversions et leurs faiblesses, nous ne recevrons que le mensonge pour salaire, et l’injustice pour appointement.

Ponctuels arrivent le mensonge et l’injustice, tous les jours, à toutes heures, et partout.

Cela ne les rassasie pas, de nous spolier de notre travail, de notre vie, de notre terre, de la nature.

Ils volent aussi celles et ceux qui sont à nos côtés : fils, filles, sœurs, frères, pères, mères, familles, compas, ami.e.s.

Celui qui en haut se trouve pourchasse. Enferme. Séquestre. Fait disparaitre, Assassine.

Il n’en finit pas seulement avec les corps, avec les vies.

C’est aussi des histoires qu’il détruit.

C’est sur la privation de la mémoire que celui d’en haut construit son impunité.

L’oubli est ce juge qui non seulement l’absout, mais également le récompense.

C’est pour cela, et pour plus encore, que nos douleurs et nos rages recherchent la vérité et la justice. (...)

Un an après l’assassinat de trois étudiants d’Ayotzinapa et la disparition de 43 autres, pourchassés par la police au Mexique, dans la ville d’Iguala.