Paris Ier : les vendeurs à la sauvette ripostent au harcèlement policier

C’est le buzz raciste et pro-flics du moment. Orchestré par le syndicat Alliance, relayé bruyamment par l’extrême droite et avec complaisance par différents médias, du « Parisien » à Atlantico en passant par « 20 Minutes » :

On voit [sur cette vidéo] trois policiers de la DOPC (direction de l’ordre public et de la circulation) de Paris se faire agresser par un groupe de vendeurs à la sauvette au Jardin des Tuileries (1er arrondissement). Les policiers essuient coups de poing et coups de pied et l’un des trois policiers finit même au sol. Les trois policiers ont été légèrement blessés selon les informations de la préfecture de Paris.

Si 20 Minutes donne la parole au syndicat de flics, le journal se garde bien de se poser des questions sur les raisons des coups ou leur contexte : la version de la pref suffit.

[La préfecture] précise que l’altercation a pour origine un comportement véhément d’un des vendeurs à la sauvette vis-à-vis des policiers qui étaient présents sur les lieux.

Ce que sous-entendent les différents articles, c’est que des migrants incontrôlables sautent sur le premier uniforme en vue, alors qu’en plus ce sont des « délinquants ». La vidéo montre plutôt une tentative collective de libérer un vendeur interpellé par des policiers, qui n’avaient apparemment rien d’autre à lui reprocher que son petit commerce. Une résistance d’autant plus compréhensible que la vente à la sauvette, longtemps réprimée par une simple contravention, est depuis la Loppsi 2, passée en 2011, considérée comme un délit" puni de 6 mois de taule et de 3750 € d’amende.

Dans des tracts flippants, diffusés aux touristes en plusieurs langues, la préfecture de police et l’office de tourisme rappellent la répression de toute vente sans autorisation dans la rue.

En 2011, à Paris, dès les 6 premiers mois de l’entrée en vigueur de la loi, 562 personnes avaient été placées en garde à vue dans ce cadre. Une répression désormais possible dès qu’un flic le décide qui permet de comprendre les réactions virulentes à la vue d’un uniforme.

Un autre aspect est zappé par les journaleux pressés. Les interpellations de vendeurs à la sauvette font partie des bons plans connus de la flicaille pour bidouiller leurs stats, en améliorant leur « taux d’élucidation » de la délinquance. Un vendeur à la sauvette arrêté, c’est à la fois un délit constaté et une affaire résolue, comme pour les fumeurs de joints. Ca explique le harcèlement policier dont s’estiment victimes à juste raison les vendeurs de minis tours Eiffel. Mais rappeler ce contexte ne permet pas de faire le buzz pour la dizaine de médias qui ont relayé l’info.

Une affaire de plus dans la grande offensive contre les migrants et les réfugiés sur Paris : la droite parisienne tempête d’ailleurs en ce moment pour obtenir « l’éradication des ventes à la sauvette » de fruits et légumes. Alors, du marché de Brive-la-Gaillarde au jardin des Tuileries, vive celles et ceux qui se rebiffent ! Et solidarité avec le malheureux vendeur (a priori le premier interpellé) qui s’est pris 5 mois ferme avec mandat de dépôt.

Localisation : Paris 1er

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