On ne dissout pas la révolte qui gronde

Dans cette nuit du 29 au 30 Avril 2022, le consulat général de France à Zurich a reçu de la visite. Les façades et la voiture postée on été endommagées. Ceci est une action de solidarité avec le Collectif Palestine Vaincra et le Groupe Antifasciste Lyon et Environs, tous deux touchés par une décision de dissolution de la part de l’exécutif français.

Une vraie saloperie, vraiment. Oui, le bitume c’est sale, ça pue, et en plus il y en a partout. La scène de vandalisme qu’offre en ce moment le consulat de France suscitera peut-être du dégoût et de l’indignation. Mais, croyez-nous, c’est peu comparé à ce que nous inspire actuellement la situation politique en France. Nous devrions nous réjouir, dit-on. Car le « barrage républicain » contre l’extrême droite a tenu. Le président sortant Emmanuel Macron s’est imposé il y a une semaine face à Marine Le Pen, et peut poursuivre avec un nouveau mandat. Sans nous.

Bien qu’il y ait une différence réelle de projet entre le néolibéral-autoritaire Macron et la néofasciste Le Pen, les questions qui nous concernent le plus ne se sont pas réglées avec le résultat de dimanche dernier. Le contexte objectif qui fait qu’un potentiel danger de fascisation est à l’ordre du jour en France ne se résorbera pas du jour au lendemain, bien au contraire. Les défis historiques auxquels se confronte le capitalisme en crise sont multiples et profonds. La crise politique de la représentation est particulièrement exacerbée en France. L’abstentionnisme et l’effondrement des partis traditionnels, du PS et de LR, en sont des symptômes, largement confirmés par ces élections. Cette crise d’hégémonie dans laquelle se trouve la bourgeoisie se manifeste aussi par le recours à l’autoritarisme croissant de l’État. Les procédures de dissolution, les décrets de lois par ordonnance ou par article 49.3 et le recours toujours plus fréquent à la violence, à la répression pure dans la gestion de la contestation sociale témoignent de la disparition progressive de toute forme de médiation. La crise politique, largement conditionnée par la crise économique structurelle n’a aucune raison de s’arrêter. Au vu de la multiplication des facteurs de crise, en première ligne le très probable désastre climatique, elle semble plutôt avoir toutes les raisons de s’amplifier. Dans une telle situation, lorsque les contradictions sociales se multiplient à plusieurs niveaux et que les clivages se creusent, la bourgeoisie a besoin de nouvelles stratégies pour « faire société » comme elle dit. C’est dans ces moments que le fascisme, en invisibilisant les fractures sociales par le biais d’une union nationaliste, devient une option. L’offensive raciste en cours depuis les années 1980, et dont la période Sarkozy a été une étape importante, est à interpréter dans ce cadre-là. Après Sarkozy, l’agenda raciste et islamophobe du gouvernement Macron – souvenons-nous des déclarations infâmes de Blanquer et Vidal contre « l’islamogauchisme », de celle de l’abject Darmanin sur « l’ensauvagement », de la Loi « séparatisme », des flics de Rouen, etc. – indiquent qu’une partie de la bourgeoisie semble être tentée par un nouvel ordre social nationaliste pour rétablir une stabilité politique.

En ce sens, l’autoritarisme et le racisme du gouvernement Macron participent déjà à ce qui aura un jour peut-être été les prémices d’un fascisme du 21e siècle. Mais l’histoire n’est pas écrite d’avance. Et si nous agissons, c’est que malgré la gravité de la situation , tout est encore à jouer. Les crises telles que nous les vivons sont des moments de dangers, mais aussi de chances. Et ça tombe bien, car demain, c’est le 1. Mai. En réaction à leur dissolution, les camarades de Lyon appellent à un bloc antifasciste au sein de la manifestation officielle, nous nous joignons ici à leur appel. Le 1. Mai, journée internationale de luttes révolutionnaires et anticapitalistes, est aussi un moment de mise en commun des luttes, d’unité révolutionnaire. Face aux dangers, face à l’ampleur de la crise, l’unité de tous les courants révolutionnaires est plus que jamais nécessaire, dans la rue et tous les lieux de lutte. C’est dans cet esprit que notre solidarité internationaliste s’adresse aux camarades de Lyon et de Toulouse.

Rendez-vous dimanche 1. Mai, Toulouse, Lyon, Zurich...partout !

Une dernière chose. Vous voulez ressortir le karcher de la cave ? Eh bien nous aussi. Car la racaille existe bel et bien, sauf qu’elle porte un costard et siège à l’Élysée, Matignon, Place Bauvau et, bien sûr, aux conseils d’amnisitration du CAC 40.

Solidarité internationale !

Commando Clément Méric Section Zurich

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