Nantes, la stratégie du Black Bloc [version non censurée]

Communiqué envoyé en mars à Libération. Publié-censuré par eux le 17 avril.

22 février 2014

Hystérie médiatique. Élucubrations gouvernementales. Hauteur de l’événement. Le black bloc n’est pas une organisation, mais une stratégie d’action dans la rue, une stratégie puissante, parce que diffuse. Tous ceux qui prennent le black bloc pour un groupe sont contre le black bloc. Il semble que la France, et le monde entier, soient mûrs pour une diffusion toujours plus large de cette stratégie, et toujours plus débordante. Cette stratégie, et la vision politique qui la sous-tend et l’anime, demeurent incomprises, bien au-delà des seuls canaux officiels. L’erreur serait de vouloir justifier la destruction, de dire : « Nous cassons du flic et des vitrines, pour ceci ou cela, parce que ceci ou cela. » Ainsi s’exprime l’espoir, tenace, de nous ramener dans la grande famille de la gauche, comme ses brebis galeuses sans doute. Nous ne sommes pas de la famille, c’est tout. Il s’agit plutôt de donner le sens de la destruction même. Quand on l’envisage dans son entier, la destruction est toujours double : écarter un obstacle et faire de la place. Dans la destruction, celle qui nous intéresse, il y a toujours quelque chose en train de naître. Ce qui naît là, n’a pas de place dans le Monde, se fait de la place, mais n’en cherche aucune. Un élan vital, irréductible, irrécupérable, n’attend qu’à faire irruption. Le 22, c’est une telle poussée que nous avons ressentie. Nous avons des frères que nous ne connaissons pas. Nous avons des frères que nous n’avons jamais vus que masqués.

C’est la chance et la grandeur de la ZAD que, dans toutes les composantes du mouvement, on y partage une même détermination : pas question de lâcher, pas de négociation possible, on ira jusqu’au bout. Ensuite, il faut l’avouer, ça se complique un peu. Quand chaque lutte semble recommencer à zéro. La perte de l’expérience, le manque de transmission entre les générations, c’est aussi cela. Et pourtant. Il est à la portée du premier venu de parvenir à une perception assez juste de la situation. On lutte contre ce projet. On voit qu’il s’inscrit dans l’aménagement du territoire. Et on s’aperçoit rapidement que l’époque qu’on est en train de traverser, pointe extrême de modernité démocratique, coïncide avec la dévastation de toute chose, qui recouvre elle-même la valorisation de toute chose. Il n’est besoin que de se promener pour s’en faire une idée. La plaie globale suinte localement, sous ton nez. Le territoire d’une lutte franchit toute assignation à résidence. Naturellement, les barricades de Nantes prolongent celles de la ZAD.

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Mots-clefs : ZAD

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