Mourir à 30 ans sous les balles des policiers (Hommage à Abdoulaye Camara, un poème par Julie Amadis)

Deux Ferguson au Havre en 131 jours : Mohamed Rajhi 41 ans et Abdoulaye Camara presque 31 ans
Samedi 21 février un rassemblement a réuni place de l’Hôtel du ville du Havre dans un calme parfait une centaine de proches et de soutiens de Abdoulaye Camara
Julie Amadis était présente (les photos sont d’elle) et vient d’écrire ce poème en hommage au 2° mort du procureur Nachbar du Havre

Mourir à 30 ans sous les balles des policiers

Par Julie Amadis
#IpEaVaEaFaF
Le 25/02/15

rassemblement en hommage à Abdoulaye Camara mort de 10 balles après une agression chez lui par des inconnus
photo Julie Amadis L’Havrais Vérité

Étaient-ils six vers minuit ?
Ils cassent la porte par effraction
Chez Abdoulaye en pleine nuit
Il est victime d’une agression

Il cherche de l’aide dans le couloir
De son immeuble chez des voisines
Visage en sang il sort hagard
Son appart détruit en ruine

Avenue du Bois au Coq au Havre
Sous les balles des policiers
Abattu dans son quartier
Le corps plein de sang

16 décembre un mardi
Vers 1 heure du matin
Abdoulaye marche dans la nuit
Arrive police et ses chiens

Ils le suivent aucun secours
Juste des gaz lacrymogènes
Aucune aide ils restent sourds
3/4 d’heures dura la scène

Mourir à 30 ans
Sous les balles des policiers
Abattu dans son quartier
Le corps plein de sang

Abdoulaye est dans la rue
Dans les mains, un couteau à huitres
En short et les pieds nus
Les flics tirent, c’est la suite

Les policiers l’ont abattu
Abdoulaye est mort
Il était là, allongé sur l’avenue
Avec dix balles dans le corps

Mourir à 30 ans
Sous les balles des policiers
Abattu dans son quartier
Le corps plein de sang
* * * * * * * * * *

Son frère aurait voulu l’approcher
Mais les flics l’ont écarté
Abdoulaye mort est emmené
Famille, amis ne peuvent que pleurer

* * * * * * * * *

Paris-Normandie se déchaîne
Pour protéger les policiers
Des articles messages de haine
Abdoulaye est un « forcené »

Le Procureur Nachbar qui ment
Dit qu’Abdoulaye était « en état de démence »
Quand les tireurs n’ont pas une tâche de sang
Il parle de « légitime défense »

Mourir à 30 ans
Sous les balles des policiers
Abattu dans son quartier
Le corps plein de sang

Quand on est policier
On a le permis de tuer
Quand on a la peau foncé
On peut être assassiné

Vingt six coups de feu
Ce n’est pas un accident
Leurs armes ne sont pas des jeux
Elles l’ont tué et on nous ment

Mourir à 30 ans
Sous les balles des policiers
Abattu dans son quartier
Le corps plein de sang

Quand on est un policier
On n’a pas de permis de tuer
Quand on a la peau foncé
On veut vivre à égalité

Vingt six coups de feu
Ce n’est pas un accident
Leurs armes ne sont pas des jeux
Elles l’ont tué et on nous ment

Mourir à 30 ans
Sous les balles des policiers
Abattu dans son quartier
Le corps plein de sang

Julie Amadis
25 février 2015,
Le Havre

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