Samedi 1er novembre
GRANDE MANIFESTATION à TOULOUSE, place du Capitole - 16h
De nombreux rassemblements sont appelés tous les jours et dans toute la France suite à la mort de Rémi au barrage de Sivens et notamment une grande manifestation à Toulouse samedi 1er novembre.
On a entendu, ce dimanche, des voix nauséabondes tenter de scinder le mouvement, de séparer le bon grain de l’ivraie, comme d’habitude, comme toujours. Rémi était dans les affrontements, nous y étions tous. Ils veulent que nous nous cloîtrions dans le pré carré d’identités faciles à cerner : le non-violent et celui qui s’affronte avec la police, le pacifiste et le casseur, etc. Alors il faudra le répéter : il n’y a ni bon, ni mauvais manifestant. Il n’y a que des opposants à ce stupide projet.
(...)
Ce qui nous réunit, c’est une commune émotion, un NON ferme et sans appel à leur projet. Et depuis la mort de Rémi, c’est la tristesse et la rage qui nous tiennent ensemble. C’est cette certitude aussi : nous ne laisserons jamais ce barrage se faire. L’émotion commune, la colère populaire, voici ce qui les effraie, ce qui les a toujours effrayés, rois, flics ou aménageurs. Ils nous voudraient calmes, patients, attendant que « justice se fasse ». Mais leurs appels résonnent dans le vide. Car l’un d’entre nous est mort. Valls nous a prévenus, il « n’acceptera pas la mise en cause des policiers. » Leur justice cautionnera leur police comme elle l’a toujours fait. Et nous, nous faisons ce que le peuple sait faire : prendre la rue, hurler au visage des assassins, lézarder le décor impassible pour qu’il en porte la marque, pour en finir avec l’impunité policière. Il en va de notre vie à tous. Il en va du souvenir de Rémi.Samedi, toutes et tous à Toulouse !
Mercredi 29 octobre
Écho de la guerre en cours, témoignage d’une personne sur place ce WE et réflexion sur la stratégie policière :
Dans le brouillard ambiant on ne peut faire l’impasse sur quelques questions évacuées du débat public par les médias dominants et leur logique du spectacle permanent.
Le rassemblement prévu sur le site du projet de barrage était annoncé comme pacifique. Quelques jours avant, la préfecture faisait savoir qu’il n’y aurait pas de présence policière sur la zone pendant le weekend du 25 et 26 octobre. Sur le site Tant qu’ il y aura des bouilles le 22, on pouvait lire que« La préfecture du Tarn se plie déjà à l’événement : le préfet s’est engagé à ce qu’aucun gendarme ne soit présent sur la zone durant le week-end. Ce rassemblement sera sans risque de violence ni répression. C’est le nombre et la détermination qui montreront notre force et amèneront la victoire. Venez nombreux.ses. avec bonne humeur ! »
Pour qui en doutait, ceux et celles qui sont venu.e.s sur la zone ce weekend-là ne se préparaient pas à la guérilla.
Mais alors que les premiers participants arrivent vendredi soir, la nuit s’illumine. Il reste un préfabriqué et un générateur sur la zone, au niveau du parking construit pour accueillir les machines du chantier. Ce soir-là, ils partent en fumée.
Qui pouvait sincèrement penser que le matériel laissé sur la ZAD resterait intact alors qu’un rassemblement contre le projet de barrage était annoncé depuis plus d’un mois ? Qui viendra nous dire que les équipes du barrage ont eu le temps de tout retirer de la zone sauf ces deux éléments, juste assez peu coûteux pour ne pas représenter une perte trop importante mais suffisamment pour donner un vernis de légitimité au retour des forces de l’ordre sur zone ?
Cet incendie marque le retour des flics sur la zone et donc des affrontements.
Mardi 28 octobre
18h30 : Un récit de la manifestation nantaise d’hier soir.
17h00 : Trace de TNT décelée sur les vêtements de Rémi
- Confirmation de la piste d’un tir des gendarme ayant entrainé la mort, le TNT étant une composante des grenades offensives utilisées par les gendarmes
- Désaisissement du procureur d’Alby pour le parquet de Toulouse
source : le procureur d’Alby
16h30 : Témoignage reçu d’une personne présente au moment du meurtre.
Dans la nuit de samedi à dimanche, je me trouvais tout près du chantier, dans un endroit surplombant les affrontements entre des opposants du barrage du Testet et les gendarmes mobiles (GM). Dans l’obscurité, seuls les phares de trois véhicules des forces de l’ordre et quelques-uns de leurs spots éclairaient la zone où ils étaient retranchés.
Vers 2 heures, j’ai vu l’explosion d’une grenade explosive à environ 30 mètres du portail où se situait le camp des gendarmes mobiles, positionnés sur le parking du chantier. C’est la seule explosion que j’ai vu aussi près de la position des GM - les autres grenades explosives ayant jusqu’alors été tirées sur des groupes de manifestants bien plus loin de leur position.
Quelques instants après, les gendarmes ont tiré d’importantes salves de gaz lacrymogène absolument partout autour des manifestants. Dans la densité des gaz, des projecteurs ont été braqués sur la zone où avait eu lieu l’explosion. Un groupe de GM est sorti du périmètre grillagé du chantier pour la première et unique fois de la nuit et a rapidement avancé sur une dizaine de mètre jusqu’au lieu de l’explosion de la grenade. Ils se sont rapidement repliés. Les deux derniers GM portaient un corps inerte par les bras et les jambes. Ce mouvement des flics m’a surpris car jusqu’à ce moment là, quand des manifestants étaient blessés devant le portail, les GM autorisaient 2 personnes à venir les récupérer.
Les affrontements se sont poursuivis. Une dizaine de minutes s’est écoulée et j’ai aperçu alors un gyrophare bleu ; c’était les pompiers. Ils sont arrivés sur la zone derrière les fourgons des GMs. Et d’un coup, c’était le blackout. Les projecteurs lumineux ont été éteint et tout le chantier a été plongé dans le noir pendant environ 20 secondes. Puis la lumière est revenue et les pompiers sont repartis.
Les affrontements se sont ensuite poursuivis jusqu’à tard dans la nuit.
12h00 : Le président de la République et le 1er ministre se sont exprimés
Leurs propos tous pourris en quelques mots (attention ça pique) :
- Continuer la bonne marche du barrage (au nom de l’État de droit),
- Demander aux manifestants qu’ils arrêtent de s’exprimer pour faire preuve de retenue et de responsabilité (bref, mettre sous le tapis la violence d’État sous toutes ses formes)... .
Mais on en restera pas là !
11h : Suite à l’autopsie :
Rémi, Mort par explosion. Examens complémentaires en cours à Toulouse. Dans les médias et dans un communiqué de la Préfecture : les gendarmes mobiles étaient attaqués à coup de cocktails molotov et d’engins explosifs lorsque le drame est survenu (tout faux bien sûr)…on les voit venir.
- La famille de Rémi porte plainte pour homicide volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique.
- Des communiqués de la coordination ayant organisé le rassemblement du 25-26 octobre et des occupants de la ZAD du Testet :
- Le rapport des experts sur le projet de barrage de Sivens (Tarn) est téléchargeable (62 pages)
Lundi 27 octobre
- 20 h 30 : Communiqué d’occupants de la ZAD NDDL, suite à la mort d’un militant au Testet - Nous n’appellerons pas au calme, nous ne laisserons pas le silence retomber, nous n’oublierons rien !
- 18 h 15 : Selon les médias, la mort de Rémi serait due à une « explosion »... Recoupé aux différents témoignages ça ressemble bien à une mort suite à tir de grenade assourdissante...
- 18 h : communiqué de France Nature Environnement, association dont Rémi était membre.
- 14 h : un article dans Le Monde laisse entrevoir la version policière en préparation sous-entendant que le sac à dos de Rémi a pris feu en s’interrogeant sur son contenu.
- 14 h : Un reportage sur place précise l’importance des dégâts commis par les grenades assourdissantes :
L’équipe médicale des opposants compte une quinzaine de blessés, la plupart à cause d’éclats de grenades assourdissantes dans les jambes et les bras. (...) Elle relève deux blessures à la tête qu’elle impute à des tirs de gaz lacrymogènes. D’autres blessures seraient le fait de tirs de flash-balls.(…) »
- 14h : Un communiqué en anglais est disponible sur ContraInfo :
According to a statement from squatters in the ZAD of Notre-Dame-des-Landes, during the night between Saturday and Sunday the 26th of October 2014 a protester named Remi was killed in clashes that broke out after a rally against the construction of a dam along the Sivens forest in the wetland of Testet in the Tarn department (southern France). (...)
- 11h :Une dépêche AFP rapporte des témoignages confirmant l’usage de différents projectiles explosifs par la police.
- La maison de la grève publie des témoignages qui rapportent que le décès de Rémi serait dû à l’explosion d’une grenade au niveau de la gorge.
Selon les premiers témoignages c’est une grenade offensive ou une grenade assourdissante qui lui a explosé près de la gorge. (...) Et les flics ont continué pendant deux heures à jeter des grenades, des gaz (dont beaucoup en tirs tendus au niveau de la tête) et tirer au flashball. (...)
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- Hier soir des manifs ont eu lieu dans plusieurs villes, notamment à Toulouse et à Gaillac, où le rassemblement a été violemment dispersé par les flics. La presse locale titre carrément « Le centre-ville de Gaillac mis à sac hier soir ».
Dimanche 26 octobre
Communiqué de la ZAD du Testet :
UN MORT.
Oui c’est confirmé.
Oui c’est grave.
Oui il y a eut des affrontements au Testet.
NON ON N’EN SAIT PAS PLUS.
Et contrairement à certains médias, on se refuse à faire passer des « informations » ne provenant que d’une seule source (la préfecture) et comportant énormément d’erreurs/manipulations...
Là, comme les ami-e-s sur place, c’est le choc, la tristesse, la désolation.
Le même choc qu’on a ressenti en découvrant l’étendue de la plaie béante dans la foret de Sivens.
La même désolation qu’on a ressentie quand on a vu les soldat bleus alors qu’il était annoncé qu’ils se feraient discrets.
... silence ...
Il nous faut laisser les gens sur place se rassembler, parler ensemble, tenter de comprendre, affronter aussi leurs points de vue sur ce qui s’est passé et ce qui n’aurait pas du se passer.
Puis ils nous parleront.
Alors nous pourrons vous dire.
Mais pour l’instant le silence est la première des décences, pour pour ce jeune homme mort pour sauver une forêt.
Quel qu’ait été son choix de combat.
Nous pensons à toi.
Communiqué de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes :
Mort d’un manifestant au Testet – premier appel
Suite à la nouvelle de la mort d’un manifestant lors du rassemblement au Testet, nous avons reçu de premières nouvelles de camarades de la zad de Notre Dame des landes présent sur place. La mise en cause directe des forces de l’ordre dans la mort du manifestant semble se confirmer. Un communiqué donnant des précisions à ce sujet sera envoyé ce soir depuis la zad du Testet.
Dans l’attente de ce communiqué, les personnes rassemblées sur place lancent un appel à ce que partout en France s’organisent dès que possible des manifestations devant les lieux de pouvoir.
Localement, ils appellent à manifester ce soir dimanche à 18h devant l’hotel de police à Gaillac et demain lundi à 14h devant la Préfecture.
Nous ne pouvons laisser passer cette mort. Organisons nous ! Réagissons !
Communiqué du collectif Tant Qu’il y aura des Bouilles, au Testet :
Rémi est mort cette nuit entre 2h et 3h à proximité des gendarmes et des CRS positionnés sur le chantier du barrage de Sivens à Lisle sur Tarn.
Nous souhaitons que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce décès, au plus vite.
Nous sommes sous le choc et présentons toutes nos condoléances à sa famille et amis-ies.
Ce soir, dimanche à 18h nous appelons à un rassemblement à Gaillac, place de la libération.
Un second rassemblement est d’ores et déjà prévu ce lundi à 14h à Albi, devant la préfecture.
Par ailleurs, toutes les personnes arrêtées lors de la manifestation ont été libérées.