Dans les AG, dans les occupations, dans les blocages, dans les tracts imbuvables, ils nous disent tous massification. Bien entendu, plus il y a de monde dans la rue, dans la lutte, plus on est à même de gagner. Merci, on le savait.
Mais c’est en se donnant les moyens d’une force collective qu’on fait masse. C’est en occupant, en bloquant, en manifestant et mille autres moyens, pacifique ou non, qu’on fait plier un gouvernement. D’ailleurs, une obscure chargée de mission sociale du Sénat l’avait dit : « ce n’est pas un million de clics qui font bouger un gouvernement, c’est la rue. ». « Nous sommes la rue » est l’écho des lycéens et toute autre personne ayant manifesté ce mois de mars.
Partout, le PS a été attaqué. A Rennes et à Marseille, les gares ont été prises et bloquées. À Paris, brièvement mais surement, un amphithéâtre a été occupé, à Strasbourg également on a vu une tentative d’occupation.
Massification ? Mais elle est là la masse, elle grandit de jours en jours. Nous serons toujours plus nombreux à dire non, à refuser les petits jeux syndicaux et négociateurs et à se méfier des organisations parlant de retrait non-négociables. Car lorsque les miettes tombent, il y en aura toujours pour quelqu’un. Si l’on veut désormais grandir, désormais devenir une puissance, il nous faut 1/ continuer ce que l’on fait 2/ toujours plus multiplier les occupations, les lieux ou la lutte prend temps et espace, des lieux qui tissent et brandissent en dehors de l’urgence.
Disjoindre la nécessité de prendre des espaces de l’importance de devenir masse revient à dire que tout se résoudra dans l’urne ou dans un vote.
Partout, la gauche est huée. Et si les vieux qui ont voté PS hurlent à la trahison, les jeunes, partout, sifflent et scandent « tout le monde déteste le PS », sans avoir jamais cru à aucune promesse, si ce n’est d’une vie sans avenir ou d’un avenir sans vie. Le conflit ne se résoudra pas par un changement de président, chacun le sait. Ce mouvement qui démarre, ce mouvement dans lequel on chante ensemble contre l’état d’urgence, la précarité, le racisme d’état et un monde meilleur, il n’a que faire d’un futur président. En vérité, il est fait pour marcher sur la tête des chefs, grands ou petits. Ils sont tous là, à parler de massification, les petits chefs, qui se mettent en tête de cortège, drapeaux et photos, et parlent dans les médias. Mais, comme à son habitude, ce mouvement n’a rien à voir avec ce que l’on en dit dans la presse.
Où sont les têtes des petits chefs lorsqu’il y a blocage, de gare, d’avenue, lorsque ça s’arrête, lorsque les flux de la métropole sont interrompus, bref, lorsqu’on bloque l’économie ? On ne trouve alors que l’usuelle violence de la police. Violence exacerbée avec l’état d’urgence. Mais maintenant, on l’a compris, la politique c’est l’urgence. Urgence de tabasser, urgence de faire passer les lois, urgence d’inscrire durablement l’urgence. L’urgence c’et maintenant. Mais l’urgence désempare. Et plus ils sont dans l’urgence, plus, paradoxalement, ils nous laissent le temps de construire un mouvement d’ampleur. Car tout le monde sait que ce n’est pas une seule manifestation, le 31, qui changera la donne. Tenir cela pour acquis, une bonne fois pour toute, et décréter l’urgence de ne pas devenir nous-même en urgence.
Sereinement, construisons parti de la désocialisation. Ni précarité, ni matraques, ni catastrophe écologique. Bref, nous ne voulons plus vivre ainsi.