Marseille, symbole d’une misère sociale qui s’étend

L’État accroit les moyens policiers, multiplie les Zones de Sécurité Prioritaires (ZSP) et les lois à destination des « classes dangereuses », pointant comme mauvais exemple la ville de Marseille et les problèmes de drogue que rencontrent certains quartiers. Pour ne pas que quelques règlements de compte spectaculaires occultent la réalité de la misère sociale, les camarades marseillais de CQFD démontrent ici la supercherie de la lutte contre la drogue.
Si Marseille vient sonner à toutes les portes [et donc à celle de paname], c’est sous l’effet de l’aggravation des conditions de vie, et seule la lutte des exploité-e-s pourra y faire face.

Mais pour une poignée d’aspirants caïds cupides et impitoyables, le commun de la main-d’œuvre fait plutôt figure d’un lumpenprolétariat des plus vulnérables. Le rêve du dealer raisonnable, qui a renoncé au modèle de flambe type Tony Montana [4], c’est celui d’une reconversion dans le petit commerce de proximité : snack ou taxiphone. Et bien peu y parviendront.

L’exagération des chiffres – Le Figaro parlait en 2011 de 6 000 euros par mois pour un guetteur et de 5 000 pour une nourrice – a pour vocation d’alimenter la machine à fantasmes sur l’argent facile brassé par les jeunes des cités, avec la volonté de faire oublier les conditions sociales qui servent de toile de fond à ces trafics et de justifier la seule logique répressive. Pourtant, le décor, qui se confond avec les décombres de la désindustrialisation, est bien visible : chômage de masse, ascenseur social en panne, vacuité des diplômes, discrimination géographique, racisme, sentiment d’abandon des familles. À Marseille, un tiers de la population vit avec moins de 954 euros par mois et dans certains quartiers plus de la moitié de la population est au chômage. La moitié de la population marseillaise n’est pas soumise à l’impôt sur le revenu. Le terreau de l’économie de la drogue est celui de la détresse sociale.

Face à un tel constat de désolation, les retombées du commerce illégal apparaissent souvent comme la seule opportunité de s’en sortir : « Nos enfants ne vont pas vers la drogue, c’est la drogue qui vient les chercher ! », précise Malika, une habitante de la cité des Bleuets. Il n’est pas rare d’entendre dire : « C’est grâce au shit qu’on paie les loyers. » Un témoin nous rapportait la réponse débonnaire d’un commissaire de police à un commerçant du Merlan qui râlait contre le deal : « De quoi vous plaignez-vous, ce qu’ils dépensent chez vous, c’est l’argent du haschich ! » Reste que s’il est difficile de savoir combien de personnes vivent concrètement des circuits illégaux, la plupart des habitants des quartiers populaires, même en se tenant à l’écart de cette économie parallèle, en subissent directement ou indirectement les effets.

Note

La suite à lire sur CQFD.

Mots-clefs : prolétariat

À lire également...