Manifeste de Willem van Spronsen, anarchiste américain assassiné par la police

Le 13 juillet, la police de Tacoma (USA) a assassiné Willem van Spronsen, militant anarchiste qui s’attaquait au dépôt de bus du Northwest Detention Center. Voici la traduction de son dernier manifeste.

Le 13 juillet, la police de Tacoma (Washington, USA) a assassiné Willem van Spronsen. Ce dernier était un militant anarchiste, et se rendait au Northwest Detention Center, l’équivalent d’un centre de rétention administrative, de Tacoma pour incendier le dépôt de bus de ICE Immigration and Customs Enforcement »). Il a réussi à incendier un véhicule avant de se faire tirer dessus par la police. Il a échangé plusieurs tirs avant de se faire assassiner.

Van Spronsen avait décidé de prendre les armes et passer à l’action directe en amont du plan de déportation massive mis en place par l’administration Trump à travers ICE depuis dimanche 14 juillet. Des centaines de milliers de familles dans une dizaine des plus grandes villes américaines sont visées par cette opération effroyable et raciste.

Voici la traduction de son manifeste expliquant ses actions. La version originale en anglais est ici.

Il y a l’injustice et il y a la justice. il est temps de passer à l’action contre les forces du mal. le mal dit qu’une vie vaut moins qu’un autre. Le mal dit que les flux commerciaux sont notre raison d’être. le mal dit que les camps de concentration pour les personnes « moindres » sont nécessaires. les serviteurs du mal disent que les camps de concentration devraient être plus humains. Prenez garde aux centristes.

J’ai le cœur brisé d’un père j’ai un corps démoli et j’ai inébranlablement horreur de l’injustice c’est ce qui m’amène ici.

C’est mon opportunité pour essayer de faire la différence, et je serais ingrat si j’attendais une invitation plus évidente.

J’ai eu trois professeurs : Don Pritts, mon guide spirituel, « l’amour sans action n’est qu’un mot ». John Brown, mon guide moral, « nous avons besoin d’action ! » Emma Goldman, mon guide politique, « si je ne peux danser, je ne veux pas en être, de ta révolution »

Je suis un rêveur avec la tête dans les nuages, je crois à l’amour et à la rédemption. je crois que nous allons gagner.

Je suis joyeusement révolutionnaire. (nous aurions tou·te·s dû lire emma goldman à l’école au lieu de lire les imbécilités chauvinistes qu’on nous servait. Mais je referme cette parenthèse), (nous devrions tous regarder des photos des héroïnes de l’YPJ lorsque nous doutons et pensons que nos rêves sont impossibles, mais je rereferme cette parenthèse.) en ces jours où des hooligans fascistes s’attaquent aux personnes vulnérables dans la rue, au nom de l’État ou soutenus et défendus par l’État,

En ces jours de camps de rétention / concentration hautement lucratifs et de bataille de sémantique, en ces jours de désespoir, de quêtes vides et de désirs sans fins,

Nous vivons dans un ascendant fasciste visible. Je dis visible, car ceux·elles qui prêtaient attention l’ont vu survivre et prospérer sous la protection de l’état pendant des décennies. (voir Howard Zinn, Une histoire populaire des ÉtatsUnis.) maintenant, ce fascisme suit son propre agenda de façon assumée, avec la coopération entière du gouvernement. des gouvernements partout dans le monde.

Le fascisme sert les besoins de l’État sert les besoins du business et à vos frais. Qui en bénéficie ? Jeff Bezos, Warren Buffet, Elon Musk, Tim Cook, Bill Gates, Betsy de Vos, George Soros, Donald Trump, dois-je vraiment continuer ? Laisse-moi le dire encore une fois : les mecs riches, (qui pensent que tu n’es pas vraiment bon) aiment les gouvernements (tous les gouvernements partout, même les gouvernements « communistes ») car ce sont eux qui établissent les règles pour enrichir les mecs riches. C’est simple.

N’y réfléchis pas trop. (les patriotes au fond, vous prêtez attention ?)

Je suis un homme qui vous aime tou·te·s tellement que je vais réaliser mon rêve d’enfant d’être plus noble.

Le voici, dans les entreprises à profit qui tiennent les camps de concentration. le voici, avec les personnes racisées et non conformes qui ont la trouille de montrer leur visage par peur de la police/des services de migration/des proud boys/des beckies [1]

Le voici, une planète presque consommée par l’avarice du marché. Je vois les choses en noir et blanc. Les camps de rétention sont une abomination. Et je ne vais pas laisser faire.

Je ne devrais vraiment pas en dire plus. J’ai mis de côté mon cœur brisé et je guéris de la seule façon que je connais – je me rends utile. Je comportementalise efficacement ma douleur… et je me mets joyeusement à la tâche (pour ceux·elles accablé·e·s par le poids et les décombres de mes actions, j’espère que vous ferez le meilleur usage possible de ce poids.)

À mes camarades : je regrette que je louperai le reste de la révolution. Merci pour l’honneur d’avoir été parmi vous.

M’offrant l’espace pour me rendre utile, pour sentir que j’accomplissais mes idéaux, ça a été le sommet spirituel de ma vie.

Faire ce que je peux pour défendre mon peuple précieux et incroyable est une expérience trop riche pour pouvoir la décrire.

Mes camarades trans m’ont transformé, ont solidifié mes convictions que nous allons être guidé·e·s vers un futur rêvé par les personnes les plus marginalisées parmi nous. J’en ai rêvé si clairement que je n’ai aucun regret de ne pas le voir se matérialiser. Merci de m’avoir mené si loin. Je suis antifa, et je suis aux côtés des camarades partout dans le monde qui agissent depuis leur amour de la vie dans toutes ses permutations. Des camarades qui comprennent que la liberté veut dire la réelle liberté pour tou·te·s et une vie valant la peine d’être vécue.

Gardez espoir ! Tout le pouvoir au peuple ! manifeste audio bella ciao : theSuper8.bandcamp.com

Ne laissez pas les agences ridicules du gouvernement gâcher de l’argent pour « m’enquêter ». J’ai été radicalisé en cours d’éducation civique à l’âge de 13 ans lorsqu’on nous a appris ce qu’était le collège électoral. C’était à ce moment-là que j’ai décidé que le statu quo n’était qu’un « château de cartes ». Mes lectures consécutives ont confirmé cette intuition. Je recommande vivement la lecture ! Je ne suis pas affilié à une organisation, je me suis désaffilié de toute organisation qui n’est pas d’accord avec mes choix tactiques.

L’arme semi-automatique que j’ai utilisée était un « ghost » AR15 de basse qualité, non enregistrée et faite maison, avec six chargeurs. J’encourage vivement les camarades et futur·e·s camarades de s’armer. Nous sommes responsables de défendre les personnes de l’État prédateur : ignorer la loi en vous armant si vous en avez la possibilité. Moi, je l’avais.

Note

#RestInPower #AbolishICE #AbolishBorders #StopDeportations

Notes

[1Personnes blanches les dénonçant à la police, NdT

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